Alexandre, un ancien coiffeur devenu auxiliaire de puériculture
A la sortie du collège, Alexandre opte pour un CAP coiffure. Un métier qui lui plaît mais qu’il est contraint d’abandonner suite à une allergie aux produits utilisés. En 2009, il change de ville, déménage à Rouen et trouve un emploi dans l’animation à Saint-Léger-du-Bourg-Denis. « J’ai été titularisé en 2012 comme adjoint d’animation. Je travaillais à la garderie le matin et le soir, à la cantine et au centre aéré le mercredi et les vacances », explique Alexandre. Entre-temps, il effectue des remplacements en tant qu’Atsem. « A un moment donné, j’ai ressenti qu’il me manquait quelque chose. Je ne faisais que de la surveillance et la relation avec les familles et les enfants était un peu superficielle », confie-t-il. Afin d’y voir plus clair, en 2018, Alexandre se lance dans un bilan de compétences. Il en ressort un attrait certain pour la petite enfance, l’aide à la personne… Après des recherches plus poussées sur les différents métiers du soin, Alexandre a un coup de cœur pour celui d’auxiliaire de puériculture. Il décide de se lancer.
Une préparation au concours d’AP chamboulée par la crise sanitaire
Alexandre commence une préparation au concours d’AP à la Croix Rouge. « Nous étions une vingtaine. Plusieurs métiers étaient visés : AP, aide-soignant et infirmier. Il y avait un socle commun avec tout ce qui était sanitaire et social et on pouvait choisir des options en rapport avec les métiers », indique Alexandre. Il poursuit : « cette année de préparation a été un peu compliquée car une réforme du concours d’AP était en cours. On a su relativement tard, en avril 2020, que l’on devrait préparer un dossier avec un CV, une lettre de motivation et un écrit sur notre projet professionnel ou sur une situation vécue en rapport avec la petite enfance, à rendre en mai 2020, et que l’on aurait un oral ». Et puis le Covid a fait son apparition. Les cours ont continué à distance et l’oral a finalement été annulé. Seul le dossier a compté. « Pour ma part, j’ai expliqué que je travaillais déjà auprès d’enfants mais que je voulais aller plus loin dans l’accompagnement, le relationnel et les soins à l’enfant. Et, que je souhaitais travailler dans la complémentarité avec mes collègues féminines et les différents métiers autour de la petite enfance. » Concernant la situation professionnelle à décrire, Alexandre fait le choix de relater l’accompagnement d’un enfant en situation de handicap au sein du centre aéré dans lequel il travaillait. Pour mettre le plus de chances de son côté, il ne se limite pas à candidater à Rouen où il y a seulement 17 places, mais décide d’envoyer également son dossier à l’Ecole centrale de puériculture Paul Strauss à Paris. Il est reçu dans les deux écoles avec notamment un 19,5/20 à Paris (la note n’est pas communiquée à Rouen) ! Et opte pour Rouen, l’école a bonne réputation et il n’aura pas besoin de déménager.
Des études et des stages passionnants !
Malheureusement, Alexandre ne peut pas rentrer tout de suite à l’école. « J’ai demandé à mon employeur de Saint-Léger-du-Bourg-Denis un congé de formation professionnelle mais comme j’avais déjà fait ma préparation au concours, il ne pouvait pas me laisser partir en formation. J’ai donc dû faire un report de formation pour entrer à l’école en septembre 2021, année du nouveau référentiel : j’ai donc pu avoir le diplôme de niveau IV. J’étais content de faire partie de cette première promotion. Finalement, ce report, cela a été un mal pour un bien ! » affirme Alexandre. Côté formation, il est ravi. Il ne s’attendait pas en effet à un enseignement aussi poussé. Une formation qui « a plus que répondu à ses attentes ». Pendant son année, il effectue quatre stages : trois de cinq semaines et un de sept semaines. Le premier, en crèche municipale. « Il s’est très bien passé. Je peux même dire que j’ai été chouchouté. Les professionnels ont vraiment pris du temps pour me transmettre leur savoir. A la fin, je me suis dit que je me verrais bien travailler en crèche », précise le jeune AP. Le deuxième stage le conduit au CHU de Rouen, dans le service de réanimation pédiatrique. Il y découvre un tout autre milieu et le travail de nuit. « Je l’ai aussi beaucoup aimé mais il a été difficile émotionnellement parlant », se souvient-il. Il continue : « Cela a été très formateur et très enrichissant mais je me suis dit que la réanimation n’était pas un service dans lequel je souhaitais exercer. Vivre cela tous les jours… ». Le troisième stage se déroule cette fois dans une maternité. Une révélation pour Alexandre qui s’y plaît énormément. « J’ai adoré ! J’ai eu une tutrice de stage exceptionnelle. J’ai beaucoup appris dans les techniques du soin et dans le relationnel avec les parents : les écouter, les rassurer. Et puis, l’AP a un rôle important en maternité, si on compare avec la réanimation où il n’y a aucune prise d’initiative », souligne-t-il.
Auxiliaire de puériculture dans une crèche municipale de Rouen
Maternité, crèche… son cœur balance mais il n’a pas vraiment le temps de se questionner car il est embauché dans une crèche municipale. « La mairie de Rouen avait contacté notre école car elle était à la recherche d’AP. J’ai postulé. J’ai été reçu pour un entretien, c’était mon premier ! Et j’ai été embauché », explique Alexandre. Il lui reste encore un stage, celui de sept semaines. Il demande à le réaliser dans sa future structure, la crèche municipale La Rose des Vents, celle qu’il intégrera donc dès l’obtention de son diplôme en août 2022, afin de la découvrir en amont. « La directrice savait que c’est moi qui prendrai le poste. J’ai été très bien accueilli et ce qui a vraiment été appréciable c’est qu’on m’a laissé ma place de stagiaire. J’ai été bien accompagné pour que ma prise de poste se fasse au mieux. Je peux dire que cela a été fait dans une bienveillance extrême », indique Alexandre, reconnaissant. Son diplôme en poche, et après quelques vacances, Alexandre fait donc ses premiers pas d’AP à La Rose des Vents, établissement de 60 berceaux, dans lequel il s’épanouit.
Son prochain objectif : le concours d’AP territorial
Alexandre, qui est fonctionnaire, souhaite le rester, mais pour cela, il doit passer le concours d’AP territorial. En Normandie, c’est tous les deux ans et les places sont peu nombreuses. A Paris, c’est tous les ans. Il a donc tenté Paris cette année où il y avait 600 postes disponibles, mais l’a raté de peu : 0,75 point. « J’ai eu beaucoup de questions sur la fonction publique, elles étaient aussi très axées sur le fait que je sois un homme et finalement on m’a peu questionné sur les enfants, sur des points techniques comme comment faire un biberon ou changer une couche. Je n’ai pas été pris et ils n’ont pas attribué tous les postes », raconte-t-il avec un brin d’amertume. Mais Alexandre ne compte pas abandonner. « Je veux absolument rester dans la fonction publique car le service à la personne y est primordial. Et puis il y a la sécurité de l’emploi et l’avancement d’échelon », explique-t-il. En 2024, il retentera donc Paris. Nul doute qu’il y arrive.
Connectez-vous pour déposer un commentaire.