Vous avez dit « co-éducation » ? Par Monique Busquet
Psychomotricienne
Accueillir les jeunes enfants, cela demande beaucoup d’énergie, de compétences et d’investissement. Nous donnons de « notre personne », corps et esprit !
Nous souhaitons « le meilleur » pour ces enfants que nous accueillons. Et nous avons tous une certaine idée de ce que le meilleur serait pour ces enfants.
Mais ces enfants ont des parents, avec lesquels nous travaillons aussi. Nous les accueillons, dialoguons avec eux, leur transmettons ce que vit leur enfant avec nous en leur absence. Et nous voyons ces parents évoluer avec leurs enfants.
Et bien souvent, nous commentons leur façon d’être parents. Et bien souvent, nous jugeons et critiquons leurs façons de faire. A nous entendre, ils auraient souvent « tout faux ». « Mais pourquoi donc ne pensent-ils pas comme nous ? Pourquoi ne comprennent-ils pas ce que nous leur disons ? Pourquoi n’écoutent-ils pas nos conseils ? Pourquoi font-ils moins bien que nous ? Pourquoi ne savent-ils pas ce que nous savons ? ».
Et si c’était normal et même plutôt bon, que les parents n’en fassent « qu’à leur tête », fassent différemment !
Tout parent essaie de faire au mieux avec ses enfants, il fait ce qu’il croit le meilleur.
Heureusement que le parent choisit ce qu’il fait, choisit qui il écoute, choisit lui-même ce qu’il pense le mieux pour son enfant. Et il le fait en fonction de son histoire, ce qu’il a lui-même vécu dans son enfance, ce qu’il a vu faire autour de lui, dans sa famille, chez ses amis, de ce qu’il a appris au fil de ses rencontres, de ses lectures. En fonction de ses valeurs, de ses choix, de ses peurs, de ses envies, de ses contraintes, de ses espoirs. En fonction de ce qu’il voit de son enfant et connaît de son enfant.
Bien souvent, les parents font ce que les professionnels disaient ou faisaient eux-mêmes il y a 20, 30 ou 40 ans. Les discours des professionnels ne sont d’ailleurs pas uniformes, ils sont multiples et complexes, parfois discordants, ils évoluent, se contredisent, ne sont pas toujours faciles à comprendre.
Les évolutions sont souvent considérées comme de simples effets de mode, même lorsqu’elles sont issues de recherches scientifiques et médicales sérieuses.
Autant les professionnels se forment et travaillent en fonction des connaissances actuelles sur le développement des enfants, autant les parents vivent avec leurs enfants en fonction de ce qu’ils sont. Et c’est tant mieux pour les enfants.
Nous pouvons partager avec eux ce que nous savons, leur transmettre nos connaissances, les informons, mais ils en feront ce qu’ils choisiront d’en faire, ce qu’ils pourront en faire.
Il n’y a pas qu’une seule façon d’être « un parent suffisamment bon » !
Et si finalement la co-éducation se résumait en cette phrase : « Les professionnels sont des experts des enfants, les parents sont des experts de leur enfant ! »
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