Des rencontres décisives. Par Monique Busquet
Psychomotricienne, formatrice petite enfance
J’ai envie de citer quelques-uns des tout premiers qui ont éclairé ma route, étudiante puis jeune professionnelle, et dont les apports m’ont servi d’axes et de boussoles.
Guy Azémar, qui enseignait aux futurs psychomotriciens les travaux de Mary Main, la théorie de l’attachement, et l’alternance des enfants entre leur « base de sécurité » et leurs explorations. Il nous transmettait également l’importance des explorations actives faites par l’enfant, ses recherches essais-erreurs, sources d’apprentissages en profondeur.
Carl Rogers, qui a décrit dans ses livres, ses pratiques originales de la relation d’aide, centrée sur la personne, dans un respect inconditionnel des différences, et développé la notion d’empathie. Empathie dans le sens de « percevoir, comprendre et accepter totalement les émotions et points de vue de l’autre, sans les ressentir soi-même ».
Juan Ajuriaguerra, psychiatre (quasi fondateur de la psychomotricité) qui a théorisé la notion de dialogue tonique ou tonico-émotionnel, cette capacité extraordinaire de ressentir les émotions de l’autre, à travers les modifications de tonus de nos muscles, communication particulièrement forte entre les bébés et leurs parents et à l’œuvre de façon plus large entre enfants et professionnels qui les accueillent…
Le film « Mon corps, c’est mon corps », film canadien, de prévention des agressions sexuelles qui permet de comprendre l’importance du respect inconditionnel du corps de l’autre, dès les premières années. Le corps de l’enfant lui appartient, il n’est pas au service de la demande et du plaisir de l’adulte (même pour manger ou faire des câlins).
Janine Lévy qui, en développant l’Eveil du Tout Petit, a révolutionné les pratiques en crèche en « sortant les enfants de leur lit », en répondant aux besoins de mouvement actif des enfants, et en accompagnant les professionnels à penser et ajuster leurs gestes aux manifestations des enfants, dans des temps de relation privilégiée. Elle a également initié les prises en charge précoces et globales des enfants en situation de handicap, en travaillant avec les parents et en s’appuyant sur les connaissances de neuromotricité. Elle a créé le premier CAMSP et œuvré pour l’inclusion en crèche et à l’école.
Emmi Pikler qui a également tant œuvré pour la qualité d’accueil des enfants en collectivité. A travers son « maternage insolite » et ses travaux sur la motricité libre, elle a ouvert tant de réflexions et de pistes concrètes sur l’organisations des pratiques de nos crèches et la qualité des relations enfants-professionnels pour le développement d’enfants suffisamment sécure.
Le film « Le bébé est une personne », qui a mis en valeur les travaux des grands cliniciens que sont T.B. Brazelton, pédiatre qui a œuvré pour soutenir les liens d’attachement maman-bébé, M.Titran à l’écoute des plus pauvres et vulnérables, F. Veldman créateur de l’haptonomie, mode de toucher respectueux, sécurisant et thérapeutique, des bébés in utero et de la personne à tout âge.
Claudie Pansu, militante enthousiaste infatigable, qui a développé l’activité de familiarisation des enfants au milieu aquatique, se basant entre autres sur les apports de la motricité libre et des explorations actives de l’enfant. J’ai appris à ses côtés le travail avec les parents, et découvert puis utilisé en formation le film « La naissance du cerveau », sans doute le premier film qui présentait dès 90 les connaissances des neurologues sur la plasticité cérébrale.
Enfin, Madame Chouard, directrice particulièrement soutenante, de la première crèche dans laquelle j’ai travaillé, et les professionnels ( particulièrement Catherine, Joelle, François) qui ont eu tant d’enthousiasme à penser des pratiques bien-traitantes auprès des enfants.
Ces quelques noms qui n’ont rien d’exhaustif font partie des premiers phares de ma vie professionnelle.
Je souhaite de tout cœur à chacun cette chance de rencontrer ainsi de telles personnes qui vous inspirent, vous éclairent, vous soutiennent et vous aident à rester motivés, à garder la force pour continuer à accueillir et prendre soin au mieux les jeunes enfants.
Je souhaite de tout cœur que vous puissiez à votre tour être ressource et inspiration pour d’autres.
Je souhaite de tout cœur que nous soyons ainsi nombreux à nous soutenir les uns les autres, à nous battre ensemble pour continuer à dépasser les obstacles, croire encore à nos capacités d’actions de toutes sortes et ainsi continuer à développer des pratiques pleines d’humanité auprès des enfants et leurs familles.
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