Soutien à la parentalité : une étude souligne les effets positifs d’un programme pour les parents… et les pros

C’est une première, une étude scientifique a reconnu l’impact positif du programme de soutien à la parentalité Vivre et Grandir ensemble. Ces cycles d’ateliers attirent également les professionnels de la petite enfance, qui trouvent dans le soutien à la parentalité un nouvel accomplissement.
Depuis près de sept ans, Agata M. Urbanowicz et Rebecca Shankland, deux chercheures en psychologie des Universités de Grenoble et Lyon 2 menaient une étude sur l’impact du programme de soutien à la parentalité Vivre et Grandir ensemble. C’est chose faite, les résultats, communiqués au mois de mai 2024, viennent d’être publiés dans un article de la revue scientifique The Family Journal. Ils soulignent l’impact positif de ces ateliers sur l’attitude et le ressenti des parents. Pour la première fois, un dispositif de soutien à la parentalité est ainsi évalué, une démarche qui résonne comme un encouragement à tous les professionnels qui s’investissent pour soutenir les parents dans leur rôle parfois difficile.  

Des cycles d’ateliers centrés sur la psychologie positive 
Au cœur de cette étude, les cycles d’ateliers Vivre et grandir ensemble - créés par Catherine Dumonteil-Kremer et animés par les consultant(e)s du réseau Parentalité Créative - qui semblent avoir fait leurs preuves si l’on en croit leur développement en France et à l’étranger depuis une dizaine d’années. Pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil-Krémer a conçu ce dispositif en s’appuyant sur les principes de la communication non violente, sur les neurosciences cognitives et affectives, sur la théorie de l’attachement de Nicole Guedeney, et ses 30 années d’expérience d’accompagnement à la parentalité. Huit ateliers de deux heures et demie à trois heures, animés par un(e) consultan(e) en parentalité, permettent aux parents (ou professionnels de la petite enfance) d’acquérir des outils concrets pour mieux comprendre leurs enfants, apprendre à gérer leurs émotions, améliorer la qualité des relations au sein de la famille et de réduire ainsi les violences éducatives ordinaires (VEO). 

Évaluer l’efficacité des ateliers et les effets perçus par les parents 
« En 2017, j’ai rencontré la chercheuse Rebecca Shankland, qui était déjà passionnée par le sujet, se souvient Catherine Dumonteil-Kremer. Nous avons décidé de lancer cette étude dont la réussite a reposé sur l’énergie des consultantes en parentalité qui ont largement diffusé le questionnaire ». Agata M. Urbanowicz, enseignant-chercheur en Psychologie clinique à l’Université Grenoble Alpes, et Rebecca Shankland, Professeur de psychologie du développement à l'Université Lumière Lyon 2, chercheur au Laboratoire Développement, Individu, Personnalité, Handicap, Education (DIPHE) et responsable de l'Observatoire du Bien-être à l'Ecole, ont donc mené une recherche qualitative et quantitative sur le programme Vivre et Grandir ensemble afin d’en évaluer les effets perçus et l’efficacité. Des questionnaires anonymes en ligne leur ont permis de comparer les ressentis des parents participant au programme Vivre et Grandir Ensemble et d’un groupe témoin. 

Une augmentation des pratiques parentales positives 
L’étude révèle que les parents ayant suivi le cycle d’ateliers ont montré un sentiment accru de compétence parentale et davantage de pratiques parentales positives (c’est-à-dire « l’augmentation des comportements empathiques envers l’enfant et la diminution des comportements violents ou abusifs »). La recherche note également les effets positifs du programme sur le niveau de bien-être, de bienveillance envers soi-même et de cohérence entre les valeurs et les comportements des parents. Une majorité de parents a également rapporté avoir noté des bénéfices en termes de « développement des capacités d’écoute active, d’acceptation et de compréhension émotionnelle, de recours au jeu pour améliorer la qualité des relations au sein de la famille, ainsi que dans la recherche de solutions créatives et d’alternatives au contrôle coercitif de comportement de l’enfant ». 

En reconnaissant les bénéfices de ce programme, l’étude montre qu’une évolution des pratiques parentales est possible par le soutien à la parentalité, « dans un pays ou les violences éducatives ont longtemps été vues comme un droit de correction, jusqu’au vote de la loi de juillet 2019 contre les violences éducatives physiques et psychologiques », souligne Catherine Dumonteil-Kremer. 

Les lieux d’accueil, un terrain idéal pour le soutien la parentalité 
Au fil des dernières années, nombreux sont les professionnels de la petite enfance (directrices de crèche, EJE, AP ou même éducatrices spécialisées) qui ont également souhaité se former, afin d’améliorer leurs compétences professionnelles et relationnelles avec les parents. Il faut dire que dans les lieux d’accueil, une communication se met en place assez naturellement entre les professionnels et les parents, accessibles et souvent disponibles... Ils sont un relais idéal pour proposer des actions de soutien, à commencer par l’écoute, le dialogue ainsi que des conférences ou ateliers en marge des journées d’accueil.

Changer de regard sur les parents vulnérables 
Cependant, tous les professionnels n’ont pas forcément ce désir d’être plus impliqué auprès des parents. Mais pour Catherine Dumonteil-Kremer, il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour être utile. « Quelques minutes de discussion chaque jour peuvent déjà avoir une importance cruciale pour des parents en difficulté… », assure-t-elle. En se formant, les professionnels changent de regard sur des parents vulnérables, se sentent plus à même d’apporter une réponse à leurs questionnements et difficultés, de faire le lien avec les organismes qui sauront leur venir en aide, de prévenir les violences éducatives ordinaires.  

Redonner du sens à son métier 
Au contact des professionnels de la petite enfance qui viennent se former, Catherine Dumonteil-Kremer voit dans leur investissement pour le soutien à la parentalité une manière de redonner du sens à leurs métiers éprouvés… « Je pense qu’il y a un grand découragement dans le milieu de la petite enfance actuellement, reconnaît-elle. Alors s’investir davantage auprès des parents, c’est aussi sortir d’une forme d’impuissance face à leurs difficultés. Avoir le sentiment d’avoir quelque chose à transmettre, ça redonne un peu d’énergie dans un contexte difficile ! Lorsqu’on est découragé, on perd parfois le sens de ce que l’on fait. Soutenir plus concrètement les parents, peut donc être une manière de redonner du sens à son métier… ». 

Pour en savoir plus
Découvrir l’article du Family Journal 
 
Article rédigé par : Laurence Yème
Publié le 05 septembre 2024
Mis à jour le 05 septembre 2024