Petite enfance et sports : quel point commun ? Par Monique Busquet

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enfants avec ballon
Attraper, jeter, taper, pousser, lancer, shooter, courir, grimper, rouler, sauter, faire tomber, franchir des obstacles…:  autant de mouvements et gestes quotidiens des enfants ! Ils font partie des bagages du répertoire humain avec lesquels les enfants naissent et se développent, au fur et à mesure des processus de maturation et des expériences permises par l’environnement.
Ils n’ont pas besoin d’être enseignés.  Ils sont jeux spontanés, expérimentations sensorimotrices, plaisir des sensations, inventivité, plaisir d’agir, d’exercer ses capacités, de percevoir les effets de ses actions.
Ils sont vitalité au service de l’exploration, de la conquête de territoire, comme lorsque nos ancêtres préhistoriques allaient explorer de nouveaux terrains et acquéraient ou inventaient de nouveaux savoir- faire.
Ils sont aussi modes de réaction, au service de la survie, de la protection de soi et de son espace, lorsqu’il y a sentiment d’agression, d’attaque ou d’intrusion dans son territoire.    L’enfant alors pousse, repousse, tape. Bien entendu, ces gestes spontanés, ont besoin d’être progressivement canalisés pour être respectueux des autres.

Ces mêmes gestes sont le socle de de l’ensemble des sports.
  Ceux-ci permettent de laisser s’exprimer ces forces de vie, cette énergie et vitalité. Ils les utilisent, les transforment, les organisent en instaurant des règles, des espaces et des temps dédiés. Le sport valorise la combativité, la persévérance, l’envie de se dépasser, de faire toujours mieux que soi, mieux que d’autres.  Chercher à faire toujours plus vite, plus fort, plus difficile, plus précis, plus fort, plus loin. Ainsi nous pouvons nous amuser à regarder chaque sport et y retrouver les gestes et recherches des enfants !  Les bagarres se transforment en sports de combat, arts martiaux, escrime. Les shoots et les lancer en sports de balle, les courses et sauts en athlétisme, le grimper en escalade. La gymnastique reprend  les premiers mouvements du bébé, tout en les complexifiant et les combinant…

Nous pouvons regarder les enfants avec cet œil et nous émerveiller.  Ils s’entrainent dès les premiers mois :  chercher à attraper un jouet, aller à la conquête de l’espace, ramper, rouler, grimper, lancer de toute ses forces, sauter le plus loin…  Ces « sportifs en herbe » ont besoin d’être soutenus dans leurs expérimentations, leur besoin de s’exercer en leur proposant espaces et matériel favorables.

Parfois, leur vitalité amène les enfants à courir de plus en plus vite, lancer de plus en plus fort. Il est possible alors de leur proposer des actions un peu plus complexes. Ils auront plaisir à prendre le temps de penser leurs mouvements, et pourront ainsi ralentir et freiner leur impulsivité.
Le lancer peut se transformer en viser (dans une bassine ou un cerceau, qui peut être déplacé selon les besoins de chaque enfant). Ils peuvent dire ou montrer là où ils vont sauter.  Attraper un anneau tout en sautant. Faire du bruit en tapant sur le sol, sur son ventre, ses cuisses… Varier les modes de déplacement, la longueur des pas, sur la pointe des pieds, avec un objet sur la tête….  Reprendre au sol les mouvements de ramper, rotation, quatre pattes, accroupi.  Combiner, enrichir et inventer avec eux.

L’objectif n’est pas qu’ils réussissent, mais d’amener une pensée consciente et amusante sur leur corps et leurs mouvements. Ce que font tous les sportifs quels que soient leur sport !



 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 26 juin 2024
Mis à jour le 26 juin 2024