A Nantes, une charte qualité qui rassemble les modes d’accueil et les familles
Depuis plusieurs années, la ville de Nantes souhaite augmenter sa capacité d’accueil de jeunes enfants. Johanna Rolland, l’actuelle maire de Nantes, en a d’ailleurs fait un engagement de mandat : créer 400 nouvelles places en crèche d’ici 2020. Mais le manque de place dans les crèches n’est pas l’unique chose qui préoccupe la municipalité. Laure Talneau-Mary, responsable de territoire à la direction de la petite enfance, en charge du projet transversal de la co-construction d'une charte de la qualité d'accueil du jeune enfant à Nantes explique : “on s’est rendu compte que pour les familles, le mode d’accueil collectif c’était le Saint Graal”. La mairie tente donc de rétablir un équilibre en revalorisant les assistantes maternelles et en travaillant sur la qualité des modes d’accueil dans leur ensemble. “On ne voulait pas seulement travailler avec les multi-accueils municipaux sinon ça n’avait pas de sens” souligne Laure Talneau-Mary.
La mairie rassemble donc l’ensemble des professionnels de la ville - multi-accueils municipaux et associatifs, micro-crèches, crèches d’entreprises, assistantes maternelles et gardes à domicile - et des partenaires de la formation professionnelle, institutionnels et financiers afin de se mettre d’accord sur des valeurs communes et des actions qui fondent un accueil de qualité, quel que soit le mode de garde de l’enfant. En mai 2017, la mairie décide de sélectionner un panel de contributeurs hétérogènes de 50 personnes (30 représentants des modes d’accueil et 20 représentants des familles), afin de discuter des points à mettre dans le projet de charte.
Pour la municipalité il était impensable de ne pas solliciter les familles, “car quand on offre des services publics c’est toujours mieux de savoir si ça répond aux attentes de la population” considère Laure Talneau-Mary. Par ailleurs, ce projet de charte est une occasion en or de recueillir le point de vue des parents sur les modes d’accueil mis à leur disposition.
Définir des valeurs communes
“Au début, la charte avait principalement pour objectif de rassembler tous les acteurs de la petite enfance, précise Laure Talneau-Mary. Ce qui comptait, c'était le chemin qu’on allait parcourir ensemble”. Mais au fur et à mesure, d'autres objectifs s’imposent pour élaborer le projet de charte. Pour la ville, le plus important c’est la participation de tous à la mise en place et à la valorisation d’une offre plurielle d'accueil de qualité, pour les enfants nantais et leur famille. Puis d’autres objectifs ont vu le jour tels que, le soutien à la parentalité ou apporter une réponse professionnelle et bein-traitante aux besoins du tout-petit dans sa diversité.
L’objectif de la charte n’est pas définir concrètement ce qu’est le bien-être de l’enfant mais de trouver un ensemble de principes et des valeurs qui permettent la bienveillance et la reconnaissance des qualifications de chacun tout en s’incarnant dans la réalité et le concret. “L’idée c’est surtout de créer un lien entre des acteurs qui ne se parlaient pas forcément avant et de leur proposer une base sur laquelle ils peuvent s’appuyer pour accueillir les enfants”.
Une réflexion déclinée en quatre thématiques
L’ensemble des acteurs du projet de charte sont mis à contributions au cours de l’année 2017 avec un séminaire et plusieurs journées d’ateliers au moins de juin 2017 puis deux autres temps de concertation. Chaque atelier s’inscrit dans les thématiques suivantes : le parcours et l’accueil des familles, les échanges entre les familles et les professionnels, le bien-être du tout-petit et l’accompagnement au rôle de parent.
Pendant la première journée d’atelier en juin, chaque “collège” de professionnels a réfléchi aux questions et confronté son point de vue aux autres pour faire émerger une problématique. “En croisant les raisonnements, on s’est rendu compte que chacun avait des a priori par rapport à l’autre” explique Laure Talneau-Mary.
En octobre, quatre ateliers ont été mis en place : le parcours et l'information aux familles en amont de l’accueil, le dialogue entre les parties prenantes (famille et professionnels), la place et le rôle de chacun (manière de poser le cadre ou transmission - communication entre famille et accueillant) et le bien-être du jeune enfant. Ils ont permis aux différents acteurs de déterminer quelles thématiques avaient été négligées, voire oubliées. Des ateliers animés par des experts tels que Sylviane Giampino, auteure du fameux rapport qui constitue le socle de la charte national de l’accueil du jeune enfant.
La dernière journée a servi à rédiger le projet de charte. “C’est assez impressionnant et compliqué de faire une charte avec 50 personnes. Il faut mettre tout le monde d’accord au mot près” se rappelle Laure Talneau-Mary.
Du 15 janvier au 15 mars, le projet a été soumis à une contribution élargie à l’ensemble des Nantaises et Nantais. La mairie l’a mis en ligne sur son site pour que tous les habitants de la ville puissent déposer une contribution - collective (structure) ou individuelle.
Et maintenant ?
Même si la charte n’est pas encore aboutie, elle change déjà certaines pratiques. En effet, Laure Talneau-Mary assure que les Nantais parlent beaucoup plus de la qualité de l’accueil. Certaines structures sont même déjà en train de monter de nouveaux projets qui s'inscrivent dans l’esprit de la charte. “Mais même si elle englobe tous les modes d’accueil, ce n’est pas une loi, tient-elle à préciser. Chaque structure est libre de l’appliquer comme elle le souhaite”.
Après cette période de réflexions et de débats, c’est maintenant à la direction de la petite enfance, de classer et répondre à chaque modification demandée sur le projet de charte. “C’est très enrichissant de recevoir toutes ces corrections et de pouvoir répondre à l’avis citoyen”. La charte définitive sera dévoilée à l’automne.
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