Tenir la main d’un enfant : soutenir plutôt que tirer ! Par Monique Busquet

Psychomotricienne

Adulte et enfant
Comment faites-vous quand vous tenez la main d’en enfant ? Y avez-vous déjà fait attention ?
Prenez-vous sa main en posant la vôtre au-dessus de la sienne, ou lui proposez-vous la vôtre en-dessous de la sienne.
Nos gestes, nos façons de faire sont le plus souvent des habitudes profondément ancrées en nous. Et même si nous n’en avons pas toujours conscience, ils ont des effets sur ce que l’enfant vit et ressent. Il est assez fréquent de prendre et tenir la main par-dessus, souvent au niveau du poignet, et plus ou moins fermement. L’adulte a alors tendance à tirer l’enfant. Il peut être lui-même pressé, stressé, ou encore avoir peur pour l’enfant, par exemple, dans la rue. Mais je m’imagine moi-même être ainsi tenue et tirée par la main d’un géant… Cela doit être fort désagréable.
D’autres fois, l’adulte peut avoir envie d’aider un enfant à marcher, à sauter, à se tenir en équilibre en hauteur. Parfois, c’est l’enfant lui-même qui sollicite l’adulte, et cela d’autant plus que cette aide lui a souvent été proposée auparavant. Alors comment ajuster notre réponse à sa demande ?  Et qu’est-ce qui va aider réellement cet enfant ? C’est là que la position de notre main à toute son importance.

Si nous tenons la main de l’enfant par-dessus, c’est souvent nous qui le dirigeons et bien souvent le tirons même légèrement. Que se passe-t-il alors pour l’enfant ?  Quelles sensations a-t-il dans son corps, dans sa tête ? Au- delà de son plaisir immédiat, qu’y apprend-il ? Est-ce réellement utile de vouloir ainsi lui faire faire, l’inciter et l’encourager à dépasser ses peurs, à faire plus ?  L’enfant suit, certes avec plaisir mais il suit cette main qui le guide.  Il est alors décentré de ses propres appuis, mis en déséquilibre, hors de sa base, de son centre de gravité, par la main même de l’adulte qui veut l’aider. Cette aide devient donc plutôt une gêne et un frein.  L’enfant a moins conscience de ce que lui-même fait, de ses propres sensations et appuis. Il peut moins sentir comment il pourrait faire par lui-même.

Proposer sa main par-dessous, en soutien, en support, comme une invitation, pour accompagner l’enfant ou lorsqu’il sollicite de l’aide, lui sera nettement plus utile. Être avec lui, disponible, lui permettre de prendre appui par lui-même, même lorsque nous souhaitons l’emmener dans telle direction. L’enfant peut ainsi ajuster la force de cet appui, selon ce qu’il sent, ce qu’il peut, pour trouver son propre équilibre.

Cette distinction dans la façon de tenir ou donner la main peut paraître un détail sans importance, mais ces petits gestes sont symboliques d’attitudes et de messages plus profonds. Cela permet d’accompagner l’enfant à trouver ses propres ressources. L’enfant apprend ainsi à se connaître, il construit sa confiance en lui, à partir de ses ressentis et expériences sensorimotrices, émotionnelles et relationnelles. Il me paraît également important que l’enfant expérimente qu’il puisse compter sur l’adulte, qu’il puisse s’appuyer sur lui, le solliciter et recevoir du soutien.  Un soutien qui le laisse libre et sujet de ses actions.
Ce sont des attitudes, des façons d’être au monde tellement essentielles pour les enfants, petits comme plus grands.  
Et nous adultes, quand nous traversons des difficultés, savons-nous aller chercher en nous nos ressources ? Savons-nous aussi trouver de l’aide, sur laquelle choisir de prendre appui ?

 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 30 novembre 2020
Mis à jour le 01 décembre 2020