Trouver du calme après la tempête ! Par Monique Busquet

Psychomotricienne

Istock
enfant et doudou
Nous venons de vivre plusieurs mois de tempête et de véritables chamboulements. Nous avons dû nous adapter, changer de rythmes entre arrêts forcés, accélérations, redémarrages plus ou moins soudains. Nous avons entendu et reçu des ordres et contrordres : « Oui, non, il faut, il ne faut pas, c’est inutile, c’est obligatoire, pas comme ça, vous devez ». Je pense que je n’ai pas besoin de rappeler ici l’histoire ! Nous avons pu y perdre nos repères, nos boussoles.

Nous avons vécu de l’inimaginable, de l’inimaginé et nous avons fait face à des changements impossibles à anticiper.
Dans l’ensemble nous avons fait le dos rond, nous avons tenu pour garder une qualité d’accueil et de relation avec les enfants. Nous avons parfois vécu des déceptions, voire des désillusions, des renoncements. Nous avons dû dépenser beaucoup d’énergie, pour faire face à tant d’incertitudes. Nos esprits, nos émotions, nos corps ont été mis à rude épreuve.
Alors j’ai l’image du tambour d’une machine à laver, dans laquelle nous aurions été secoués et essorés. Nos organismes en sortent « lessivés ». De tels stress laissent des traces.

Ce début d’été est donc particulier. De plus, il n’a pas toujours été possible de dire au revoir aux enfants, il n’y a pas eu de fête de départ, de clap de fin, de plaisir à être ensemble avant de se séparer.  Comment profiter des vacances, d’une vraie coupure ressourçant ? La réponse est différente pour chacun : sans doute pour tous, faire les choses à son rythme, sans contraintes, des choses que l’on aime.

J’ai aussi l’image d’une bouteille qui a été secouée. A l’intérieur les bulles s’agitent, elles bouillonnent, au risque d’exploser.  Nous sommes un peu comme ces bouteilles. Des parties de nous, sont restées en suspension. Comme les particules agitées d’une boule à neige, les cellules de notre corps, flottent en l’air, parfois en désordre. Nos élans, nos projets ont été mis en suspens, suspendus. Nous allons sans doute avoir besoin de temps pour que tout se remette en place, pour retrouver du calme après la tempête, un vrai calme profond et non un arrêt forcé. Nous avons besoin de laisser toute cette agitation se déposer, décanter, reposer, comme on laisse reposer une préparation culinaire pour qu’elle se bonifie.
J’espère que chacun pourra donc se reposer vraiment.

Nous avons été ébranlés individuellement et collectivement. Le monde de la petite enfance a été secoué. Alors, j’en profite aujourd’hui pour dire combien j’apprécie de faire partie de l’aventure de ce site.  Il me semble qu’il permet à chaque lecteur de nourrir ses réflexions et ses pratiques. Il témoigne aussi de la richesse, de l’engagement et l’implication des professionnels de la petite enfance. Il en montre le sérieux et la dignité. Il donne la parole et permet de faire connaitre les professionnels de la petite enfance. Il participe ainsi à une reconnaissance de nos professions, à la mise en avant de nos valeurs.
Merci et  bel été à tous et toutes !
 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 01 juillet 2020
Mis à jour le 01 juillet 2020