De la médiation équine à la crèche et au RPEI de Coursan

Un projet innovant a vu le jour cette année à la crèche municipale Lou Nisadou et au relais petite enfance itinérant (Rpei) de Coursan, petite commune de l’Aude : un cycle de médiation équine avec l’écurie de Roxane Barrau, la maman d’une petite fille accueillie dans la structure. Au regard du succès, l’expérimentation sera reconduite en 2024 et profitera à plus d’enfants.
D’une fête de fin d’année à des séances de médiation équine
« L’idée est partie du souhait d’une professionnelle de la crèche de faire la fête de fin d’année à l’écurie de Roxane Barrau dont la fille était accueillie à la crèche », explique Sandrine Oleckowski qui travaillait à mi-temps pour Lou Nisadou au moment où le projet a été créé et, aujourd’hui, responsable du Rpei. En discutant avec l’enseignante diplômée d’Etat Roxane Barrau, « on s’est dit que pour que cela ait du sens, il faudrait que les enfants côtoient les animaux, ce milieu-là, avant d’organiser la fête là-bas, qui serait une sorte d’aboutissement », continue-t-elle. Et par chance, la cavalière est formée en médiation équine et en équithérapie. « La médiation équine, c’est la relation entre l’homme, ici l’enfant, et l’animal. On arrive, petit à petit, si l’enfant n’a pas peur, à avoir de la confiance, de l’autonomie, de la persévérance, de la patience, mais aussi à prendre conscience que l’animal reste un animal et donc à respecter les règles de sécurité », détaille la propriétaire de l’écurie. Ainsi germe le projet cycle poney. 

L’accord de la commune et de la Pmi
Enthousiaste, Sandrine Oleckowski présente l’expérimentation médiation équine à la municipalité de Coursan. Celle-ci n’y voit pas d’objection mais lui demande de se rapprocher de la Pmi pour tout ce qui a trait au cadre réglementaire. « La Pmi nous a envoyé une liste de recommandations générales étant donné que c’était un projet innovant qui ne s’était jamais fait au niveau du département de l’Aude », indique la responsable du Rpei. A savoir : les vaccinations des animaux, casier judiciaire des intervenants, protocoles médicaux (morsure, en cas d’asthme…), autorisation de parents… « Des recommandations qui ont été suivies et soutenues par le référent santé et accueil inclusif de la crèche », souligne Marlène Deligny, la directrice de Lou Nisadou depuis le 15 février. Avant de démarrer le cycle, les pros ainsi que Roxane et Amandine (une animatrice) présentent aux familles le projet lors d’une réunion et leur proposent, si elles le souhaitent d’assister aux séances. Les parents sont ravis !

Le projet côté assistantes maternelles et côté crèche
Pour les pros de l’accueil individuel, le cycle poney se déroule directement à l’écurie et se résume à des séances de découverte (première approche, pansage, découverte de l’alimentation, tour aux écuries…), succès oblige ! Pour l’accueil collectif, c’est à la crèche, et réservé aux « Grands ». Une fois par mois (de mars à juillet), pendant une heure (souvent plus !), 15 enfants vont donc à la rencontre de Nemo et Milkshake, deux poneys très doux. « Sur les 40 poneys que j’ai, seuls deux sont adaptés à la médiation équine », fait remarquer Roxane Barrau, qui anime chaque séance avec Amandine. A noter : des muselières sont mises par précaution, elles sont retirées lorsque les enfants les nourrissent. Il y a 5 enfants par poney. Aussi, à l’écurie, il y a une rotation : Sandrine Oleckowski prend 5 enfants avec elle et les emmène à la mini ferme en attendant leur tour. L’occasion de rencontrer d’autres animaux. La séance débute par une présentation des poneys puis place au brossage… en musique ! Puis, les enfants sont invités à monter sur les poneys. Et lors de ce premier cycle, tous ont accepté de faire un tour ! « Au fil des séances, explique Marlène Deligny, d’autres activités ont été proposées aux enfants de la crèche : peinture sur poney, carnaval (on fait des tresses aux poneys, on les déguise), parcours de maniabilité… ». « Au bout de la 3e séance, se souvient Roxane Barrau, les enfants savaient exactement ce qu’ils devaient faire, quel matériel allait chercher ! ».
A noter : chaque enfant dispose d’un livret. Sur la première page, on trouve un texte de la propriétaire de l’écurie expliquant l’intérêt du contact avec l’animal, sur les autres pages, l’idée est de laisser une trace de chaque séance avec des photos, des morceaux de foin… 

Une vraie thérapie pour certains enfants
« On n’avait pas mesuré, l’aspect thérapeutique, mais il est bien présent », confie Sandrine Oleckowski. Et de citer le cas d’une petite fille en particulier : « au Rpei, une assistante maternelle venait régulièrement depuis deux mois avec une enfant qu’elle accueillait qui avait de gros problèmes familiaux. Elle ne parlait pas et se mettait dans des états de colère importants. Lors d’une séance poney, je l’ai entendu parler pour la première fois et depuis elle continue à parler. Le contact avec l’animal, lui a permis d’entrer en relation avec d’autres enfants, d’autres adultes. Rien que pour ça, ce projet vaut tout l’or du monde ». Marlène Deligny confirme : « J’ai vécu la même chose avec un petit garçon issu d’une famille où il y a pas mal de difficultés (la maman est très malade). C’était un petit électron libre qui, parfois, criait, se jetait au sol. Dès la première séance, il a été attiré et captivé par les poneys. Il n’a eu de cesse de les approcher, les câliner, vouloir monter dessus, le tout dans un calme olympien. C’est bluffant. » Des séances qui se déroulent par ailleurs toujours dans le plus grand calme. Les animaux apaisent les enfants et lorsqu’ils rentrent, après le déjeuner, des assistantes maternelles ont confié à la responsable du Rpei qu’ils dormaient 3-4 heures l’après-midi.

Un projet amené à évoluer
Les pros de la crèche sont également conquises et veulent voir l’expérimentation se développer. Aussi, l’année prochaine, le groupe des « Moyens » devrait aussi en profiter. Concernant l’accueil individuel, 24 assistantes maternelles et 60 enfants ont pu participer. Pour la seconde session, il y aura deux groupes de 15 enfants, des groupes fixes qui pourront bénéficier de l’ensemble des séances. Pour ce faire, les responsables du projet vont demander un budget supplémentaire à la commune.
Article rédigé par : Caroline Feufeu
Publié le 18 juillet 2023
Mis à jour le 04 septembre 2023