Les Petits Preneurs et le Kocon, une micro-crèche associée à un coworking

A Bordeaux, la micro-crèche Les Petits Preneurs est adossée à l’espace de coworking bien nommé le Kocon. La solution rêvée pour tous les jeunes parents bien décidés à concilier parentalité sereine, vie professionnelle épanouie et qualité d’accueil pour les tout-petits.
Voilà bientôt deux ans qu’un ancien hôtel particulier, en plein cœur du quartier Caudéran à Bordeaux, accueille un espace de coworking associé à une micro-crèche, et quelques start-up et PME locales qui y ont élu domicile. Un concept original et novateur en France, qui a pourtant déjà fait ses preuves à l’étranger, où les espaces de travail « kids friendly » sont de plus en plus populaires auprès des travailleurs indépendants, entrepreneurs, et salariés en télétravail. Ces espaces hybrides et séduisants apportent aux jeunes parents le cadre, la souplesse et l’émulation propices à leur activité professionnelle, tout en leur offrant une qualité d’accueil rassurante. 

Une gestionnaire audacieuse et visionnaire  
A l’initiative de ce lieu d’accueil atypique, Marine Alari, une jeune entrepreneuse dans l’âme, qui exerçait alors une activité de conseil en freelance. A son arrivée à Bordeaux, la jeune maman vit comme une véritable injustice, de devoir arrêter son activité faute de trouver un mode d’accueil pour son bébé de 18 mois. De rencontres en rencontres, elle crée un petit réseau de jeunes parents qui peinent également à concilier vie pro et vie perso. Des synergies professionnelles se créent, l’idée germe, Marine réalise son étude de marché, s’inspire de ce qui se fait à l’étranger de Brighton à Berlin, et de son expérience de bénévole en crèche parentale. Elle construit son projet d’espace de coworking associé à une micro-crèche et va le défendre auprès de l’élue à la petite enfance de Bordeaux - rapidement séduite par ce projet d’entreprenariat au féminin - mais également de la CAF et de la PMI. Pour convaincre les plus réticents, c’est aux parents qu’elle va donner la parole. Marine se souvient : « La PMI ne comprenait pas pourquoi j’adossais une activité commerciale à une activité non commerciale et professionnelle. Pour les convaincre, je leur ai présenté une trentaine de témoignages écrits et vidéo de femmes que j’avais rencontrées qui expliquaient en quoi le concept leur semblait d’utilité publique, leur simplifierait la vie, leur permettrait de se sentir plus sereines et épanouies. »

Une micro-crèche réservée aux 15 mois et plus  
Au sortir du Covid, en 2021, après une campagne de financement participatif qui lui permet de faire connaitre le projet et de rassembler quelques soutiens, la micro-crèche les Petits Preneurs s’installe à la Villa Maria. Dans un espace de 110m2 avec jardin, elle accueille dix à douze enfants, à partir de 15 mois et jusqu’à 3 ans. Une contrainte imposée par la PMI en raison de la configuration des lieux. « La micro-crèche est installée dans une bâtisse ancienne de 1900 et les salles de sieste sont à l’étage. Il fallait que les enfants soient marcheurs pour répondre aux normes en cas d’évacuation. J’aurais pu faire le choix d’accueillir des tout-petits mais j’aurais dû réduire le nombre de places », explique la gestionnaire, néanmoins ravie de son choix. Ce petit groupe très homogène, en termes d’âge et de rythme, permet à l’équipe de proposer chaque jour de nombreuses activités et sorties aux enfants.

Une pérennité assurée par le coworking 
Cinq professionnelles de la petite enfance, dont une puéricultrice référente technique et une professionnelle anglophone, assurent l’accueil des enfants au quotidien. Un taux d’encadrement généreux, d’un professionnel pour trois enfants, permis par la stabilité financière qu’apportent les revenus de l’espace de coworking. « On a fait le choix d’avoir 5 professionnelles pour accueillir 10 à 12 enfants, pour leur bien-être et le bon épanouissement de l’équipe, dans un cadre de travail plus confortable au quotidien, explique Marine, convaincue de la pérennité de son entreprise. On dit toujours que pour qu’un gestionnaire puisse se dégager un salaire, il faut qu’il ait trois micro-crèches. Moi ma rémunération n’est pas sur les revenus de la micro-crèche, elle est assurée par le co-working. Cela me permet d’avoir le budget pour embaucher une professionnelle supplémentaire. »  

Un espace de travail et de soutien 
Au Kocon, entrepreneurs, travailleurs en freelance ou salariés en télétravail occupent jusqu’à quinze postes de travail. L’accès est donc ouvert à tous, au-delà des seuls parents de la crèche.
« La première année, j’accueillais beaucoup de femmes, notamment des entrepreneurs. Pour cette deuxième rentrée, j’ai autant de salariés en télétravail que d’entrepreneurs, et surtout autant de papas que de mamans, fait remarquer la gestionnaire. Il y a même des parents qui se partagent le poste de travail… ». Une salariée est en charge de la gestion de l’espace puisque le Kocon propose à ses adhérents bien plus qu’un lieu de travail convivial et chaleureux. Ici c’est une véritable communauté de coworkers qui se retrouve chaque jour, se soutient, et s’entraide. Pour les entrepreneurs, c’est aussi une excellente opportunité de faire prospérer leur activité. Les événements proposés et les ateliers de la mi-journée - ou fin de journée en afterwork - proposent de se former pour « Gagner en visibilité sur les réseaux sociaux » ou encore « Travailler son personal-branding » ; de développer son activité professionnelle en ateliers de co-développement ; ou bien de se détendre avec un cours de yoga, fitness ou sophrologie. Et tous les espaces et services sont bien entendu accessibles aux professionnelles de la micro-crèche. Toute l’équipe prend plaisir à s’y retrouver pour ses réunions ou afterworks d’équipe… 

Une proximité qui rassure les parents et facilite le quotidien 
Travailler à deux pas de la crèche de son enfant, pouvoir l’observer en douce lorsqu’il joue au jardin, continuer à allaiter tout en reprenant son activité, partager des moments conviviaux avec la crèche, gagner en temps de trajet, faciliter la logistique et la charge mentale du quotidien… Voilà autant d’arguments qui ont convaincu les parents les plus anxieux de laisser leur tout-petit, motivé les plus hésitants à se lancer dans un projet professionnel, réjoui les plus organisés en quête de souplesse. « Les jardins des deux espaces sont côte à côte et la baie vitrée de la micro-crèche donne sur le coworking. Les enfants savent que  leurs parents sont tout proches, c’est très rassurant pour eux, comme pour leurs parents ! » soutient Marine, pour qui les nombreux cas de maltraitance révélés ces dernières années ont émaillé la confiance aux professionnels de la petite enfance. Pour que leur présence, si proche, soit un atout, la micro-crèche s’attache à tisser des liens de proximité avec les parents du Kocon. S’ils sont toujours les bienvenus et régulièrement conviés à partager une chasse aux œufs, assister à un spectacle ou à partager un goûter, l’équipe leur propose également, de venir animer un atelier de leur choix, par roulement, une fois par mois. 

Plus que des services, une véritable communauté 
Pour Marine, on propose dans ces lieux bien plus que des services. Elle explique que travailler au Kocon et confier son enfant aux Petits Preneurs, c’est aussi faire partie d’une véritable communauté, dans une idée de soutien à la parentalité : « cela permet à tous les parents de se connaitre, de passer du temps ensemble, d’être collègues de travail sans travailler dans la même entreprise, pendant que leurs enfants jouent ensemble à la crèche… », décrit la gestionnaire. C’est d’ailleurs son rôle ici, celui d’assurer le lien entre les deux structures, de travailler main dans la main avec la référente de la crèche, de comprendre les besoins même professionnels de chacun pour proposer des ateliers adaptés, d’animer la « Mother Work Community » pour favoriser les liens entre les parents… Pour elle, la qualité d’accueil offerte par la micro-crèche est permise par l’équilibre apporté par le coworking. Elle affirme que c’est un modèle économique qui fonctionne, à condition de s’implanter au bon endroit… « Les coworkings ne fonctionnent pas dans toutes les villes. Mais entre la pénurie de places en crèche et l’ouverture au télétravail, les besoins sont là ! » La jeune entrepreneuse ne nous en dira pas plus sur sa recette mais elle prévoit déjà d’ouvrir prochainement deux nouveaux lieux d’accueil du même type, dont un à Bordeaux également. 

Pour en savoir plus

Retrouvez le Kocon : https://lekocon.fr
Article rédigé par : Laurence Yème
Publié le 25 janvier 2024
Mis à jour le 12 juin 2024