Eponyme : un réseau de crèches qui « fait pousser les enfants »
Le projet éducatif d'Eponyme est centré sur le potentiel de l'enfant et se nourrit des dernières découvertes en neurosciences et de différents courants pédagogiques : Montessori - permettre à l’enfant de développer sa curiosité naturelle et apprendre par lui-même -, Pikler Loczy - la motricité libre -, Reggio Emilia - relier l’enfant à son environnement naturel -, Carl Rogers - l’enfant est naturellement bon… Et, particularité des crèches Little, l’éveil à la langue anglaise avec la présence de professionnelles bilingues ou anglophones. « Nous souhaitons proposer un environnement sain, épanouissant et ouvert sur le monde pour les enfants et les professionnels, en laissant la part belle aux parents », résume Ingrid. Des convictions qui s’harmonisent autour d’un grand enjeu : la transition écologique.
Garantir la qualité de l’air et des produits au sein des crèches
« Nous avons à cœur de limiter notre impact écologique au quotidien et de maintenir les enfants comme les professionnels en bonne santé » explique Ingrid. Dès 2015, le réseau a ainsi fait faire un diagnostic sur la santé environnementale et la qualité de l’air de ses crèches par deux ingénieures libérales en chimie et santé environnementales, Anne Lafourcade et Olga Di Arte. C’était alors la première fois qu’elles travaillaient sur une crèche et ce sont elles qui établiront notamment deux ans plus tard le diagnostic de la crèche Joliot-Curie à Limoges qui lutte contre l’exposition aux perturbateurs endocriniens. L’audit a permis de déterminer les bonnes pratiques à adopter pour diminuer au minimum la pollution au sein des crèches du réseau.
Les professionnels privilégient maintenant du linge en coton bio, de la vaisselle en verre ou en inox. Côté hygiène, l’idée est d’utiliser moins de produits d’entretien et de choisir des produits éco-certifiés, mais également des produits faits maison à base de savon noir, bicarbonate de soude… Eponyme créée d’ailleurs des fiches recettes de produits d’entretien, comme pour la crème à récurer. Une même démarche est engagée pour les jeux des petits, comme l’élaboration d’une pâte à modeler maison. « On se questionne sur nos achats, ajoute Jessica Lebris, infirmière puéricultrice directrice de la crèche Little de Saint Seurin, pour ne pas toujours acheter du neuf. Nous avons développé un partenariat depuis 2017 avec R’2 jeux, une association à vocation d’insertion sociale qui revend des jouets de seconde vie remis à neuf. » Prochain projet : engager une réflexion sur la manière de protéger les enfants des ondes.
Privilégier le bio et le local au menu des enfants
Pour préserver la santé des petits, Eponyme s’applique aussi à garantir une alimentation goûteuse, saine et équilibrée. Depuis 2016, le réseau organise des formations sur l’alimentation bio et locale et entretient un partenariat avec la coopérative Manger Bio Sud Ouest. Et a procédé la même année à la refonte du plan alimentaire de ses crèches avec la diététicienne Aurélie Bénazé, du collectif « Les pieds dans le plat » (réseau national de cuisiniers et diététiciens accompagnateurs de la restauration collective sociale).
Aujourd’hui dans tous les crèches Eponymes, les repas sont préparés sur place, comprennent près de 30% de produits locaux et sont à 85% d’origine biologique. « Biologique dans le sens d’une meilleure qualité nutritionnelle, c'est à dire des aliments qui n'ont subi qu'un minimum de transformation, précise Ingrid : du sucre roux plutôt que blanc, une farine pas trop raffinée, etc. » Et pour réduire la consommation de viande des enfants, un repas « alternatif » est prévu chaque semaine, à base de céréales, légumes et légumineuses.
Eponyme a par ailleurs participé en 2017 aux premières Rencontres nationales de la restauration collective engagées en Bio » et s’engage cette année dans la démarche de labellisation Eco-Cert en cuisine.
Favoriser l’éveil à la nature
Les professionnels des crèches Eponymes proposent autant que possible aux petits des ateliers à base d’éléments naturels : bacs à terre, sculptures de glace, équeutage des haricots, jardin d'hiver… « Ce type d’ateliers est intéressant autant en termes d’activité qu’en termes d’expérimentation pour les enfants ! » assure Jessica. Par exemple, coller des feuilles dans de l’argile avec de la colle de farine nécessite de créer la colle, aller chercher les feuilles… « Cela donne donc aussi un bon prétexte de promenade pour ramener les éléments naturels nécessaires à l’atelier. » D'ailleurs chaque structure comporte un jardin, une condition indispensable pour les responsables du réseau !
Accompagner les petits à être des citoyens
Les professionnels privilégient aussi beaucoup les sorties hors des structures car Eponyme a à cœur d’intégrer chacune à son territoire. A la crèche Little de Saint Seurin par exemple, qui se trouve en centre-ville, les enfants rendent souvent visites aux commerçants. « Nous avons d’ailleurs la chance d’avoir des parents qui travaillent à côté, raconte Jessica : des boulangers, des pharmaciens… » En face de la crèche s’est récemment installé un foyer de résidence pour personnes âgées, avec qui les petits et les professionnels vont vivre un premier temps de partage à l’occasion d’Halloween. A la crèche Little des Chartrons, les enfants se rendent dans un magasin de musique où on leur laisse découvrir et toucher les instruments. Les professionnels n’hésitent pas non plus à les emmener se promener sur les quais de la Garonne pour contempler les bateaux, observer les sportifs au skate park, les graffeurs dessiner… Pour les crèches rurales, les petits profitent de la campagne, la forêt, des petits commerçants ou simplement le marché du village. « Le tout-petit a besoin de connaître son environnement proche, souligne Ingrid, il vit dans l'ici et maintenant. C’est déjà un citoyen au sein de la société. »
Un point d’honneur à former les professionnels et sensibiliser les parents
Pour que cette démarche globale ait du sens, le réseau s’assure d’accompagner tous ses professionnels. C’est pourquoi depuis 2016, en plus de sa casquette de directrice, Jessica occupe le poste de « référente santé-environnement » d’Eponyme. « J’aide les équipes en fonctions des besoins et des priorités sur des actions favorisant la bonne santé des enfants », explique-t-elle. Et pour mieux les déterminer, le réseau a engagé avec le soutien d’Anne Lafourcade la démarche « Jeunes pousses » : un état des lieux des structures avec une grille de critères mesurables qui définit de manière très précise les axes d’amélioration de chacune. « Trois axes principaux sont choisis, précise Ingrid. Le but n’est pas de tout changer, mais que cela ait du sens pour les équipes et qu’elles soient actrices des progrès accomplis. » Les professionnels peuvent aussi suivre des formations sur les techniques pour nettoyage moins polluant ou encore l’éveil à la nature. Côté pédagogie, Eponyme leur propose une formation continue au développement de l’enfant à la lumière des neurosciences, la communication positive, l’accompagnement des émotions, les pédagogies nouvelles.
Des cafés-discussions et ateliers ouverts aux parents, qu’Eponyme tient à inclure dans la démarche, sont aussi régulièrement organisés. Tel que l’« Atelier Nesting » pour expliquer les labels et la composition des produits destinés aux enfants. Des « Après-midi créatifs » pour se former à l’usage d’éléments naturels et/ou recyclés et aux pédagogies actives. Le réseau mène également des campagnes de sensibilisation à travers des conférences, des affiches et des articles de fond diffusés via les réseaux sociaux et ses deux blogs Eponyme Pro et We love Little. La campagne de l’an dernier avait pour thème « Eduquer avec bienveillance », celle de cette année s’intitule « Bol d’air : un Environnement sain pour nos enfants ».
« Les familles sont plus ou moins sensibles à nos thématiques, constate Ingrid. Celles qui fréquentent les crèches Little ont déjà fait le choix de notre projet - le plus souvent pour les volets alimentation bio et éveil à l'anglais. Pour celles des crèches de collectivités dont nous avons repris la gestion, c’était plutôt une découverte. Mais c’est ce que nous souhaitons : proposer et rendre accessible notre projet, pas seulement aux personnes déjà convaincues, mais à tous. »
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