Les P’tits Gribouilles : l’union de l’accueil collectif et l’accueil familial, une vraie richesse

A Illats en Gironde, le multi-accueil Les P’tits Gribouilles a une particularité : il mêle accueil collectif et accueil individuel. Plus qu’une simple « collocation », un véritable partenariat s’est créé entre l’équipe de la crèche collective et les assistantes maternelles de la crèche familiale de la commune. Ateliers, réunions, formations et fêtes : tout est propice à des temps de partage entre les professionnels, enfants et parents de chacun des accueils … sur un vrai plan d’égalité.
A l’origine, la communauté de communes de Podensac (aujourd’hui regroupée avec la CC des Coteaux de Garonne et la CC du Vallon de l’Artolie sous la CC Convergence Garonne) avait une crèche familiale et une petite halte-garderie. Pour pallier le manque de places de crèches, un projet de nouvelle structure a vu le jour, avec l’idée de tout rassembler en un même bâtiment. C’est ainsi qu’en 2008 a ouvert à Illats le multi-accueil Les P’tits Gribouilles, géré par le réseau Eponyme, pour trente enfants accueillis en collectivité et les enfants accueillis par les quatre assistantes maternelles de la crèche familiale.

Une gestion commune aux deux accueils
Contrairement à d’autres établissements où accueil collectif et accueil familial partagent uniquement les locaux, au multi-accueil d’Illats une véritable fusion s’est opérée entre les deux types d’accueil, qui bénéficient d’une même gestion administrative et financière. Les tarifs appliqués sont les mêmes pour les parents, que leurs enfants soient accueillis par les professionnels de la crèche ou par les assistantes maternelles. Et si celles-ci perçoivent des indemnités plus faibles qu’en libéral, elles bénéficient de produits (couches, alimentation, produits d’hygiène), équipements de puériculture (poussettes, lits parapluie, matelas de change) et matériel pédagogique (jeux, jouets) au même titre que la crèche. « Ici le parent ne voit pas de différence entre les deux accueils, souligne Monique Gay, directrice du multi-accueil. La seule chose qui change, c’est le lieu géographique ».

Le budget commun permet également de mutualiser les formations pour les proposer à toutes les professionnelles. Au sein du multi-accueil comme au sein du réseau Eponyme qui invite une à deux professionnelles de chaque établissement (assistantes maternelles comprises) à participer à une journée de formation inter-structure. Ces formations abordent des thèmes variés, des rappels sur les étapes du développement de l’enfant à son accompagnement au quotidien, en passant par les pédagogies et ateliers alternatifs.

L’accueil individuel intégré mais préservé
Les horaires de l’accueil familial sont les mêmes que ceux du collectif : du lundi au vendredi de 7h30 à 18h30. Quand ils ne sont pas au domicile des professionnelles, les enfants et leurs assistantes maternelles se retrouvent entre eux au multi-accueil. Le lundi, une salle est mise à leur disposition pour un temps de regroupement libre. Le jeudi, un atelier rien que pour eux avec Céline Carbutto, responsable de la crèche familiale et adjointe au multi-accueil, leur est proposé. « L’objectif de ces matinées est de créer du lien au sein de la crèche familiale, précise-t-elle. Et cela permet aux enfants de se familiariser avec les autres assistantes maternelles, qui peuvent remplacer la leur en cas d’empêchement. »

Ainsi les enfants accueillis par les assistantes maternelles bénéficient de cet accueil individualisé quand ils sont à leur domicile, et sont confortés par leur présence quand ils explorent la vie en groupe au multi-accueil. Du côté des parents, ces temps en collectivité sont appréciés car ils savent que leurs enfants et les assistantes maternelles ne restent pas dans l’isolement. Pour Céline Carbutto, ce type d’accueil représente « un compromis idéal ! »

La rencontre des deux accueils : un plus pour la professionnalisation
D’autres temps sont dédiés à la rencontre de l’accueil familial et l’accueil collectif. Une matinée par mois, les assistantes maternelles viennent deux par deux avec les enfants qu’elles accueillent pour une immersion en sections. Elles s’associent alors aux professionnels de la crèche pour proposer en binôme des ateliers à tous les enfants, qui partagent ensuite le repas. L’occasion pour les professionnels des deux accueils de se connaître et de partager des pratiques. « Même s’il y a un grand respect de chaque côté, l’accueil individuel et l’accueil familial sont encore deux mondes très dissociés. Depuis le début du projet, le lien est plus évident entre les professionnelles qui se retrouvent dans les thèmes et les sujets abordés, constate Céline Carbutto. Même sur des petites choses anodines, quand elles viennent se saluer lors des journées en commun au sein de la structure. »

Par ailleurs le multi-accueil offre la possibilité de recevoir les enfants accueillis chez les assistantes maternelles en cas d’urgence ou en dernier recours. Et à l’inverse, si une assistante maternelle se retrouve une journée sans enfant ou un seul à accueillir, elle peut venir (en accord avec les parents) travailler au multi-accueil. Elle est alors intégrée à l’équipe et accompagne les autres enfants. « Cela contribue beaucoup à la professionnalisation des assistantes maternelles, souligne-t-elle, et cela représente pour elles une réelle reconnaissance des autres professionnelles. » Un bénéfice à double sens car de leur côté, les professionnelles du multi-accueil ont appris à connaître les enfants accueillis par les assistantes maternelles. « On le ressent lors des transmissions, quand ce sont elles qui s’en chargent. Et on perçoit une meilleure connaissance de l’autre et de son travail. »

Des projets pédagogiques cultivés ensemble
Les équipes des deux accueils partagent plusieurs temps de réunion. Elles y prennent ensemble les décisions majeures, notamment les grands axes de travail et de réflexion pour l’année. « Il peut arriver que l’accueil familial ait un projet indépendant de l’accueil collectif, et inversement, ajoute Céline Carbutto, mais on met toujours en œuvre un projet pédagogique commun et on garde une certaine cohérence dans nos pratiques. » Cette année par exemple, le projet pédagogique du multi-accueil est axé sur la nature. La structure a donc fait appel à une intervenante en médiation animale et un éducateur à l’environnement pour sensibiliser aux bienfaits de la nature dans le développement de l’enfant : réaménagement des espaces extérieurs, ateliers basés sur la récup’ et l’observation de la nature…
En dehors des salles de vie et du jardin, la structure comporte d'ailleurs une salle « créa » dédiée aux ateliers à base d’éléments de récupération (peinture, collage, jeux d’eau…). Ainsi qu’une salle d’inspiration Snoezelen dont les assistantes maternelles bénéficient librement ou accompagnées. « Je leur montre comment elles peuvent recréer des ateliers ou objets à leur domicile, détaille-t-elle. Par exemple, une table lumineuse à l’aide de grandes boîtes en plastique et d’une guirlande électrique. »

Et tout au long de l’année, chaque événement festif est l’occasion de se rassembler avec les familles. Que ce soit lors du carnaval, de la chasse aux œufs, du goûter de Noël … ou lors des grands rendez-vous du multi-accueil. Telle la fête de fin d’année et celle de fin janvier, plus importante, organisée dans une salle de la commune avec les deux autres multi-accueil Eponyme du territoire, Les Bidibulles de Portets et Les Poupins de Preignac. Elles proposent chacune une exposition de photos et d’œuvres réalisées par les enfants, un spectacle et un buffet partagé. « L’intérêt, et c’est ce qu’on promet aux familles, c’est que l’accueil familial bénéficie des mêmes avantages que l’accueil collectif. »
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 08 avril 2019
Mis à jour le 09 décembre 2019