Manosque : un projet de crèche familiale prometteur
Un projet carrefour entre création de places et nouveau pôle petite enfance
Confrontée à une problématique de capacité d’accueil sur les structures collectives, la Ville s’était engagée sur la création d’un certain nombre de places. Avec l’idée de proposer le plus de choix aux familles, sans opposer accueil individuel et collectif. « L’accueil collectif est une vraie tradition dans notre département où les crèches parentales ont une histoire très forte, explique Bertrand Adam. On essaie de répondre aux besoins des familles en faisant attention à ce que les assistantes maternelles ne se sentent pas remises en question. On avait donc la volonté d’ouvrir des modes d’accueil complémentaires en les diversifiant » C’est comme cela qu’est né le projet d’une crèche familiale. Ce sera la deuxième du département, après celle de Sisteron.
Ce nouveau mode d’accueil venait aussi s’inscrire dans un projet architectural de la Ville. A savoir rénover et étendre « La Farandole », la crèche collective historique du centre-ville, pour créer un pôle petite enfance qui regrouperait ainsi la crèche (qui passera de 25 à 45 berceaux), le RAM et la crèche familiale. « Il est pensé sur l’articulation de ces différentes structures pour lesquelles on compte faire des jeux de mutualisation, avec une grande salle qui pourra être investie par tous, » détaille-t-il.
L’aide d’une experte pour éclaircir les zones d’ombres
Le développement de la crèche familiale s’est déroulé dans un vrai esprit d’équipe : Bertrand Adam, Lauriane Girard, l’animatrice du RAM itinérant, Josette Blanc, l’ancienne directrice adjointe de la crèche collective. Suivi de près par Dominique Alunno, adjointe enfance jeunesse et Brigitte Weiss, conseillère municipale déléguée à la petite enfance de la Ville. Sans oublier l’aide précieuse de Sandra Onyzsko, membre de l’Ufnafaam et formatrice, à qui ils ont fait appel pour son expertise notamment sur les volets juridiques et législatifs. « Des points qui sont parfois assez complexes à gérer pour les communes, pour qui le statut des assistantes maternelles en crèche familiale peut paraître flou, souligne Bertrand Adam. Certains élus ont du mal à se projeter. » Conscient de ces problématiques, les porteurs du projet ont rencontré une quinzaine de directrices de crèches familiales. Un constat : toutes les crèches familiales ont un fonctionnement différent. « Ce qui laisse à la fois beaucoup de latitude, mais aussi de l’incertitude du côté des élus. L’accompagnement de Sandra nous a donc bien aidés à la fois pour nous rassurer et nous aiguiller. »
Un accent mis sur la communication et la formation
Assez novateur sur la région, le modèle crèche familiale est encore peu connu de ses habitants, comme l’explique Bertrand Adam. « On a voulu faire un gros travail de communication pour les familles, mais aussi auprès des assistantes maternelles ou des personnes qui souhaiteraient le devenir. » Une première réunion d’informations a déjà eu lieu avec les assistantes maternelles agréées ou en cours d’agrément. Le processus de recrutement, lui, se déroulera dans le courant des mois de septembre et octobre, pour une ouverture en janvier avec quinze places d’accueil chez cinq assistantes maternelles.
Deuxième étape en décembre : les professionnelles recrutées suivront plusieurs formations. « C’est un statut qui demande à la fois d’être autonome et de s’inscrire dans un projet porté par la collectivité, relève-t-il. Il faut savoir faire équipe, comprendre l’environnement de travail… »
Le futur pôle petite enfance a pour ambition de soutenir tous les professionnels, de la crèche collective comme de la crèche familiale, dans leurs pratiques. A travers des séances de supervision avec une psychologue six fois par an et le concours de plusieurs spécialistes : un médecin référent, une psychologue sur l’observation et l’accompagnement des familles, une intervenante psychomotricienne.
Un mode d’accueil fondé sur le partenariat
Pour Bertrand Adam, la crèche familiale est un modèle qui offre une souplesse très bénéfique sur le long terme. « C’est une structure qui peut s’adapter à l’évolution démographique d’un territoire. Si la pression démographique et la demande augmentent, il sera plus facile de recruter et former une assistante maternelle en plus que d’agrandir la structure. »
Il permettra aussi ici d’être plus souple en travaillant sur des horaires atypiques : l’ambition de l’équipe est de couvrir une amplitude horaire d’accueil allant de 6h à 21h du lundi au samedi. « Maintenant dit-il, il nous faut voir les réels besoins des familles sur ces créneaux. Et si on peut faire tourner les assistantes maternelles au niveau des plannings. »
En tout cas la crèche familiale a su convaincre par son aspect « pivot » : un mode d’accueil complémentaire qui allie accueil individuel, pilotage par une collectivité et animation par une équipe pluridisciplinaire.
C’est Marine Brunet qui va prendre la direction de la crèche familiale, une éducatrice de jeunes enfants aguerrie ayant de l’expérience en crèche, en direction de micro-crèche et de RAM. Elle travaillera en étroite collaboration avec Estelle Blanc, la nouvelle directrice de la crèche collective, puéricultrice. Une synergie qui a son importance dans l’organisation du pôle petite enfance. En cas d’indisponibilité d’une assistante maternelle (congé, formation, maladie…), les enfants qu’elle accueille pourront être replacés à la crèche.
Les assistantes maternelles de la crèche familiale se retrouveront dans la structure au moins une fois par semaine pour profiter des espaces collectifs, d’un accompagnement, d’un accès à la formation, de projets communs. Par exemple, des ateliers d’éveil animés par les professionnels de la crèche collective avec l’éducatrice. « On va peut-être aussi proposer aux parents d’amener eux-mêmes leur enfant au pôle le jour où les assistantes maternelles s’y rendent. Cela permettrait de nouer un lien entre eux et la directrice de la crèche collective, » estime Bertrand Adam. Une réunion par mois, rémunérée, est par ailleurs prévue « pour garder la notion d’équipe ». Les assistantes maternelles pourront bien sûr continuer à fréquenter le RAM. En termes de matériel, tout leur sera fourni : sièges auto, poussettes, jeux…
L’occasion de s’inscrire dans une démarche écologique
Ces nouveaux projets ont été aussi prétextes pour la Ville à se lancer dans une démarche de développement durable. Les équipes se font accompagner par l’Association Label Vie, dans le cadre de leurs labels qualité Ecolo Crèche pour les structures d’accueil collectives et EcoAccueil Petite Enfance à destination des assistantes maternelles. « Nous avons élaboré avec eux un cahier des charges sur l’ensemble de nos équipements, précise Bertrand Adam : jeux, jouets, vaisselle, matériel de puériculture, meubles… »
En novembre, les directrices des crèches familiale et collective vont partir en formation Ecolo Crèche pour pouvoir lancer la démarche d’autodiagnostic, qui permettra de déterminer les pistes d’amélioration propres à chaque structure. Concernant les assistantes maternelles, il s’agira par exemple de se pencher sur la question des produits d’hygiène et d’entretien, et la qualité des repas proposés. « A priori ils seraient préparés par elles. Mais pourquoi pas mettre en place un partenariat avec un magasin de producteurs ou avec "Les Bocaux de Mamie", un prestataire qui fournit des repas bio de saison adaptés aux petits. »
Une démarche écologique également souhaitée pour l’aménagement du jardin. Si le projet architectural d’intérieur est déjà bien avancé, il reste tout à faire côté extérieur. « Cet espace sera vraiment le trait d’union entre toutes les structures du pôle, souligne Bertrand Adam. On va donc associer tout le monde, y compris le service des espaces verts, pour travailler dessus. »
La crèche familiale ouvrira donc en janvier 2020, mais les locaux du nouveau Pôle familial eux ne seront prêts qu’en septembre suivant. En attendant, ce sont les autres crèches collectives de la ville qui accueilleront les temps de regroupement des assistantes maternelles.
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