La qualité d’accueil chez les assistants maternels : de la chaleur, des valeurs, et un travail éducatif. Par Pierre Moisset

Sociologue, consultatnt petite enfance

Continuons et concluons l’exploration de la qualité d’accueil des jeunes enfants chez les assistants maternels. Il y a deux mois j’évoquais la façon dont cette qualité n’était pas une question d’uniformisation des pratiques mais tenait, en premier lieu, à la capacité de chaque assistant maternel à partir de son cadre de vie pour en faire un cadre d’accueil éducatif. Le mois dernier j’ai abordé la question du lien affectif.

Abordons aujourd’hui la place de la famille et des valeurs éducatives des assistants maternels. En effet, un des avantages de ce mode d’accueil est d’inscrire le jeune enfant dans un contexte voire un vécu familial. Avec toutes les notions de chaleur, de familiarité qui vont avec. Mais cet aspect est également ambivalent : en effet, cette famille n’est pas celle de l’enfant.
En fait, deux risques principaux viennent à l’esprit. La négligence : si l’assistant maternel a également des enfants plus ou moins jeunes, ne risque-t-il pas de faire des différences ? De donner la priorité à ses enfants ? Deuxième risque opposé, la confusion : l’assistant maternel ne risque-t-il pas d’appliquer à l’enfant ses normes et façons de faire éducatives familiales, au détriment de la singularité de l’enfant et des demandes des parents ? Là encore, la réponse ne me semble pas être dans la mise à distance « professionnelle » de la dimension familiale mais dans son intégration réflexive à la pratique d’accueil des assistants.
Ce que j’ai résumé, avec les assistants maternels avec lesquels j’ai réfléchi, par la formule suivante : L’assistant maternel accueille l’enfant au sein de son univers familial. Il fait une place à son accueil dans cet univers tout en lui faisant profiter de la chaleur des interactions avec ses proches. Là encore, le point important n’est pas le fait de mettre à distance ou de contrôler les dimensions affectives, familiales etc… mais de les intégrer à l’accueil dans le cadre d’une réflexivité maintenue sur la pratique. Ce qui nous amène à mon dernier point, celui des valeurs éducatives. En effet, les échanges avec les participantes ont mis l’accent sur le fait qu’il se développe une vie propre entre enfants accueillis. Vie qui fait partie de la richesse de l’accueil. Et face à cette vie enfantine, l’assistant maternel veille à ce que les interactions et les liens entre enfants se développent en fonction de certaines valeurs : empathie, émulation, bienveillance… Il peut également tenir à transmettre les règles de savoir-vivre, que cela soit demandé ou pas par les parents. Disant cela, les assistants montrent bien que leur projet d’accueil ne dépend pas uniquement des demandes des parents mais se construit aussi en fonction d’une certaine conception de l’enfant.

Pour conclure, la qualité d’accueil chez les assistants maternels me semble tenir – en dehors d’une connaissance et d’une sensibilisation aux besoins des jeunes enfants – à la capacité de réflexivité de ces professionnels. A leur capacité d’élaborer un cadre et un projet d’accueil à partir de leur cadre de vie singulier.