Abandonner les modes d’accueil de la petite enfance, une (fausse) bonne idée pour réinventer la PMI. Par Géraldine Chapurlat
Juriste
Certes, la PMI a vu ses missions s’étendre alors que les moyens qui lui étaient alloués sont restés stables voire décroissants... Certes il est de plus en plus difficile de recruter des professionnels de santé. Certes cette mission est chronophage. Mais forts de ces constats, je m’étonne que l’on envisage l’abandon pur et simple de l’une de ses missions fondatrices quand on ambitionne de réinventer l’institution.
Quand on parle de procédure d’agrément, on présente les choses de manière faussée en mettant en avant le versant administratif de ses missions auprès des EAJE et des assistants maternels. Rappelons d’abord que cette mission a pour fondement de garantie que ces lieux veillent à la santé, à la sécurité, au bien-être et au développement des enfants qui leur sont confiés. Si l’on confie cette tâche à la CAF alors nous entérinons la vision strictement administrative du contrôle en oubliant qu’il est associé à une mission d’accompagnement, tant au sein des EAJE qu’auprès des assistants maternels. Je ne suis pas sans savoir qu’un certain nombre de départements ont peu ou pas de temps à consacrer à ces missions d’accompagnement. Si la PMI ambitionne de faire de la prévention une priorité, il me parait absurde d’abandonner cette place qui lui permet d’être au plus proche des professionnels en charge de l’accueil des 0-6 ans.
A minima, la mission de contrôle permet à la PMI d’être en lien avec les acteurs de tous les modes d’accueil de la petite enfance et d’être ainsi identifiée quand une question se pose autour du développement de l’enfant ou de suspicion de maltraitance.
La mission est chronophage mais plutôt que de l’abandonner, pourquoi ne pas la faire évoluer ? C’est d’ailleurs ce que de nombreux départements ont fait, tant dans la composition de leurs équipes que dans leur positionnement à l’égard des EAJE et des assistants maternels.
Des services dédiés aux modes d’accueil de la petite enfance, sont apparus cette dernière dizaine d’années. Ils ont intégré dans leurs équipes des professionnels avec de nouvelles compétences qui complètent les compétences des professionnels de santé : il ne faut en effet pas nécessairement être professionnel de santé pour aborder les questions de sécurité du lieu d’accueil ou de contrôle de la qualification des professionnels. Il n’est pas question de pallier la difficulté à recruter des professionnels de santé mais bien de s’adjoindre de nouvelles compétences : ainsi des éducatrices jeunes enfants sont recrutées pour compléter les équipes qui interviennent sur les agréments des assistantes maternelles, des cadres administratifs sont recrutés pour piloter des services spécialisés sur les modes d’accueil, ils composent ainsi des services spécialisés qui garantissent des réponses homogènes sur un territoire.
En parallèle du profil des équipes qui change, j’ai noté une réelle évolution de positionnement de ces acteurs à l’égard des acteurs des modes d’accueil de la petite enfance. De nombreux départements créent de nouvelles structures. L’idée générale est de se détacher d’une position de la PMI qui reconnait les compétences et responsabilités tant des gestionnaires d’EAJE que des assistants maternels : elle examine les propositions de ses interlocuteurs plutôt que d’imposer des points de vue. Des outils ont été créés dans plusieurs départements pour accompagner cette évolution de positionnement : des grilles d’auto-évaluation sont ainsi proposées dans certains départements aux gestionnaires d’EAJE.
D’autres départements mettent en place des référentiels qui permettent aux agents en charge de cette mission d’avoir des repères clairs, une vision synthétique sur le fonctionnement d’une structure ou la pratique d’un professionnel. Bref autant d’outils qui font évoluer les rapports de la PMI avec les acteurs des modes d’accueil de la petite enfance et permettent de la décharger d’un contrôle fastidieux et chronophage du respect d’un certain nombre de points règlementaires sur le bâtiment, ses équipements et le personnel qui y exerce.
Cette évolution de positionnement contribue largement à redonner du sens à la mission de la PMI sur les modes d’accueil de la petite enfance, elle permet aussi recentrer ses missions sur son cœur de métier : les modalités d’accueil du jeune enfant chez l’assistant maternel ou dans un EAJE.
Le secrétaire d’Etat annonce qu’une réflexion sera ouverte par l’IGAS sur la rénovation des missions PMI. J’ose espérer que les services qui sont en train de réinventer la mission de la PMI relative aux modes d’accueil de la petite enfance seront associés à la réflexion. J’ose espérer qu’on reconnaitra la richesse et le bien fondé leur positionnement. On ne réinventera pas l’institution en sabrant une partie de ses missions. J’en suis persuadée !
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