Eh bien jouons maintenant ! Par Françoise Näser
Assistante Maternelle
En attendant que les enfants soient assez grands pour construire le grand circuit, avec ses aiguillages et son pont, il y a la dînette … On dispose les assiettes sur la petites table, on ajoute quelques couverts en vrac, puis on sort la caisse de victuailles en plastique. Pour tout dire, je n'aime pas vraiment jouer à la dînette : mon esprit a la fâcheuse tendance à s'échapper rapidement à la vue d'un poulet rôti avec son raisin vert fluo, pourtant si gentiment préparé, accompagné de son café qu'il faut touiller avec entrain. Et le cuisinier est aussi sérieux qu'intraitable : dès la première assiette terminée, c'est un hamburger/frittes ou une pizza/salade qu'il faudra faire semblant de manger. Et si on nourrissait plutôt les peluches?
Conductrice de train ou chef cuistot, princesse ou architecte, l'enfant se projette et s'identifie : il est tout à son œuvre, à 100% dans le jeu. Les garçons jouent à la poupée (ce qui, parfois, interpelle encore leurs parents, mais si, mais si !) les filles jouent aux petites voitures qui font la course pour arriver les premières au garage. Il est toujours trop tôt pour arrêter, pour venir se laver les mains, pour passer à table. Le matin, les jouets bien rangés sur les étagères les attirent comme des aimants : quelques minutes plus tard, le rangement de nounou n'est plus qu'un vague souvenir ! Le jeu, et surtout le jeu libre, développe l'imaginaire, la concentration et de multiples compétences.
Après des mois enfermés avec les enfants entre nos quatre murs, la belle saison est enfin arrivée et on peut sortir plus souvent pour des jeux d'extérieur. Ceux qui ont la chance d'avoir un jardin auront installé le bac à sable, ceux qui habitent à la campagne profiteront de la nature, et les citadins investiront les squares, parcs et autres jardins publics. Les balades se font plus longues, provoquant de nouvelles rencontres « oui, cette petite fille a de très jolis yeux, mais ne lui mets pas les doigts dedans, s'il te plaît ! », et de nouvelles découvertes : « c'est un écureuil, ce n'est pas un chat ! ». On peut enfin relâcher la pression sur les enfants et leur laisser un peu plus de liberté de mouvements.
L'été, l'aire de jeux avec ses balançoires, son tourniquet, ses chevaux à bascule, son bac à sable, sont pris d'assaut par les enfants, heureux de pouvoir courir librement, de crier à tue-tête et de rencontrer leurs copains. L'été, c'est la liberté retrouvée, celle des jeux d'eau, des bulles de savon et des parties de ballon. On peut même tenter un pique-nique ou un goûter au grand air. Le bébé, sous sa moustiquaire, profite des premiers rayons de soleil, le petit, assis sur le tapis de jeux, observe les brins d'herbe s'agiter sous le vent, et le plus grand part fièrement à l'assaut du toboggan « regarde-moi, Nounou, je suis sur le botoggan ! »
Les assistantes maternelles ont ce grand bonheur de pouvoir jouer avec les enfants : notre quotidien est fait de merveilleux moments de partage avec les tout-petits. Certains sont plus moteurs et ne trouveront leur bonheur que sur un tricycle, pédalant à qui mieux mieux, d'autres aimeront coller des gommettes, peindre ou bricoler de petits objets qu'ils rapporteront fièrement à la maison. Certains aiment les livres et négocient toujours une histoire supplémentaire, d'autres encore ne jouent qu'à la poupée, habillant et déshabillant sans relâche tous les poupons à disposition. Tous aiment les comptines et les chansons. Quel merveilleux métier que celui de jouer : alors, jouons maintenant !
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