Florence : cette ancienne "mauvaise élève" a gravi tous les échelons de la filière Petite Enfance !
Le CAP Petite Enfance, une première marche qui change tout
Florence va faire les cantines, les sorties d’école et les centres aérés de l’école de sa commune d’ Eure et Loir (Tréon). A l’époque elle bénéficie de ce que l’on appelle un CES, un contrat emploi solidarité. On ne travaillait pas à temps plein pour parallèlement pouvoir se former. Sur les conseils du directeur de l’école, elle prépare en candidat libre le CAP Petite Enfance. « C’était la première année de ce CAP et à l’époque on nous le présentait comme destiné à qualifier les agents d’entretien en crèche. On me l’avait vendu comme un diplôme d’avenir, le point d’entrée dans les crèches ». Le monde de l’enfance l’intéresse (elle a une petite sœur de 14 ans sa cadette), elle se dit pourquoi pas. Elle a 21 ans, quand elle obtient son CAP, son premier diplôme ! Pour cette ancienne mauvaise élève, qui a redoublé deux fois, c’est une révélation. « Je me dis, hourra, j’ai réussi. Moi qui étais en échec scolaire, j’ai le CAP Petite Enfance haut la main avec 19 en allemand que j’avais pris en option. » Elle n’en revient pas … et compte bien ne pas s’arrêter là. Ce « petit » diplôme représente une grande victoire pour Florence. A partir de là, tout change, car elle reprend confiance en elle, découvre le plaisir d’apprendre, se sent valorisée par sa réussite et se dit pourquoi ne pas continuer...
Beaucoup de volonté, de travail et de professionnalisme
« Prudente, je regarde le diplôme juste au-dessus dans la filière. C’est auxiliaire de puériculture, je décide de préparer le concours d’entrée à l’école tout en gardant des enfants. J’ai choisi celle de Boulogne, la plus proche (enfin la moins loin) de Tréon. C’est à Jules Marey, une nouvelle filière, il n’ y a que 16 places. » Elle détestait l’école mais va prendre goût aux concours et challenges ! Elle réussit l’examen. Mais et dit-elle « c’est souvent revenu dans ma vie professionnelle, le directeur de l’école ne veut pas de moi. Motif : j'habite trop loin. Il y a une chose que les gens ne savent pas, c’est que quand on habite loin, les transports et les longs trajets on a l’habitude, ca ne nous fait pas peur.» Elle se fait persuasive, le directeur cède. Elle suit sa formation à Boulogne et remporte sa deuxième victoire car la sélection avait été sévère. Son diplôme en poche, Florence cherche du travail. Elle est embauchée dans une crèche municipale de Versailles qu’elle doit quitter assez vite pour pouvoir être titularisée. Elle part donc exercer dans une crèche municipale d’Orsay. Temps calme. Florence se pose et progresse via la formation continue. « Au bout d’un moment explique-t-elle je me rends compte qu’ayant acquis plus de compétences, j’empiète sur le travail des autres. Je ne me sens plus à ma place. ». Il est temps de changer.
A 28 ans, elle retourne à l’école et devient EJE
Pas une seconde Florence n’envisage de passer par la VAE pour devenir Educatrice de jeunes enfants (EJE). « J’avais envie de retourner à l’école dit - elle. J’avais soif d’apprendre. Depuis que j’avais compris que quand les choses m’intéressaient je pouvais réussir, j’y avais pris goût ! » Troisième victoire et pas des moindres : la voilà à 30 ans, titulaire d’un diplôme d’EJE. Elle enchaîne, en 2003, sur un poste dans un multi-accueil d’Orsay. « L’un des premiers multi-accueil à se créer .Je ne me retrouve pas dans ce mixte crèche-halte garderie. Je cherche autre chose. »
Retour en Eure et Loire (fini les transports !) pour une expérience très forte dans un centre maternel. Elle est la seule EJE, y reste 4 ans, apprend tout de l’accompagnement à la parentalité grâce à une cheffe de service formidable, créative qui faisait tout maintenir le lien mère/ enfant. « C’était super, mais éprouvant. Et je me suis dit qu’il fallait que je commence à chercher autre chose avant de craquer. » Florence met son CV en ligne et commence une autre tranche de vie professionnelle avec Babilou. Elle postule pour un poste de directrice adjointe, est recrutée pour un poste de directrice et a du (mais c’est une habitude) batailler pour faire comprendre que 5h de trajet quotidien, elle savait gérer ! Car effectivement Tréon – Rueil Malmaison … ce n’est pas franchement à côté ! C’est à cette époque qu’elle rencontre son patron actuel, qui, alors coordinateur de crèches chez Babilou, lui « apprend le métier de directrice, le management, l’administratif. » explique-t-elle.
Deux ans à la tête de « sa crèche » : le bonheur !
Sa direction lui propose d’ouvrir une crèche. Première bonne nouvelle : fini les 5h de transports. Deuxième bonne nouvelle : elle est aux commandes de A à Z. C’est son projet. Elle choisit tout : l’équipe, le matériel, le positionnement éducatif … « Le rêve de ma vie ! s’exclame-t-elle. Ouvrir une crèche, ma crèche. Dans ma crèche, j’avais décidé qu’on ferait tout ce qui ne c’était jamais fait » poursuit-elle un brin provocatrice. En fait, dans sa crèche, on donne une vraie place aux parents. Ce n’est pas à eux de s’adapter à l’équipe mais l’inverse. Ils sont acteurs de la crèche. « On ne se substitue pas eux précise –t-elle .On respecte leurs choix. J’ai adoré cet accompagnement des parents »
Au bout de deux ans, deux ans et demi, elle sent qu’elle s’épuise, qu’elle n'a plus le punch nécessaire : trop de turn over dans le personnel, trop de congés pas remplacés ou d’intérimaires pas assez qualifiés. La jeune femme prévient sa direction que ça ne va pas. On essaie de l’épauler … « Mais explique-t-elle, je ne sature pas de mon travail que j’aime. En revanche je ne supporte pas d’être responsable de choses que je subis, que je n’ai pas choisies. Je me sens prise au piège du système. »
Babilou lui propose alors de travailler au siège à Courbevoie où elle est chargée de l’animation des crèches partenaires. Puis gros changement dans sa vie : elle devient maman d’un petit Abel. Et au moment de reprendre le travail, pour la première fois, le temps de transport devient un problème vu l’amplitude horaire qui lui est imposée. Faute de trouver un accord, elle décide de partir.
Un poste sur mesure qui lui va comme un gant
Pas question de ne pas reprendre une activité professionnelle. « j’ai toujours envie d’être utile à la société. Je veux assumer ma responsabilité dans le monde d’aujourd’hui, plus que jamais depuis que j’ai un enfant ». C’est Tanguy Desandre, le fondateur de Maplaceencrèche *, qui lui offre cette opportunité. Celui-là même qu’elle avait croisé dans ses années Babilou. Ensemble, ils imaginent un poste sur mesure : elle sera la Madame Petite Enfance de la société. Cela lui va comme un gant : « C’est une fonction transverse. Je dois donner une vraie culture Petite Enfance à tous les salariés de la société qu’ils soient commerciaux ou à la communication. C’est un poste en construction. Passionnant. » Et cerise sur le gâteau : elle n’a que 45 minutes de transport, arrive tôt mais part tous les jours à 16h pour pouvoir aller chercher son petit garçon à la crèche.
Florence Bouillet se sent bien dans son nouveau job. A sa place. Utile. En accord avec ses valeurs. Mais espiègle, elle ajoute : « Si un jour on me proposait une direction de crèche en me promettant que je ne manquerais jamais d’effectifs…Je replongerais tout de suite ! ».
Elle a fait mieux ! Pendant en 2019, elle est devenue directrice du réseau Doudou crèches pour depuis quelques mois finalement prendre la direction des opérations d'un autre réseau : Crèches möm.
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