Coline Delannoy, une éducatrice de jeunes enfants aux manettes du RPE itinérant Wepp’iti

Passionnée par son métier, Coline Delannoy est éducatrice de jeunes enfants (EJE), responsable du relais petite enfance Wepp'iti. Un RPE itinérant qui soutient les assistantes maternelles de huit communes et accompagne les familles par ses missions d'information et de formation. Elle évoque avec nous la diversité et le dynamisme de ses missions, les conséquences de la pénurie de professionnels et son envie de faire revenir les assistantes maternelles sur le territoire. 
Dans le pays de Weppes, à l’ouest de Lille, le Relais Petite Enfance Wepp’iti soutient les assistantes maternelles et accompagne les familles depuis plus de seize ans. Créé en 2007 à l’initiative de cinq communes partenaires, ce RPE porté par l’association Innov’enfance rayonne aujourd’hui sur les communes d’Herlies, Illies, Fromelles, Radinghem-en-Weppes, Marquillies, Aubers, Ennetières-en-Weppes et Englos, où exercent actuellement 71 assistantes maternelles. Aux manettes, Coline Delannoy, éducatrice jeunes enfants passionnée à l’enthousiasme communicatif, perceptible même au bout du fil. A elle seule, elle anime et assure les nombreuses missions du relais, passant de ville en ville avec sa camionnette. Car Weppes’iti est un relais itinérant : EJE volante, Coline se déplace au fil de la semaine, pour assurer accueils, permanences et développer de nombreux projets dans des locaux mis à sa disposition par ses partenaires, de la Maison de l’Enfance à la garderie scolaire, la salle de sport, la salle du conseil de la Mairie ou encore l’école. 
Des missions variées et complémentaires 
Depuis que les RAM sont devenus RPE en 2021, les missions du RPE Wepp’iti ont un peu évolué, rappelle Coline : « J’ai des missions auprès des assistantes maternelles et garde à domicile au niveau de l’information de leurs droits et devoirs, des temps d’échanges, des ateliers d’éveil, je facilite les départs en formation. J’ai aussi des missions auprès des familles en recherche de mode de garde, en les informant de l’offre et de la demande en structure d’accueil collectif ou individuel. Je les mets en relation avec les assistantes maternelles, et je les accompagne, si besoin, dans leur rôle de parents employeurs… ». Elle assure donc des accueils collectifs hebdomadaires, ouverts aux assistantes maternelles et aux enfants accueillis pour leur permettre de trouver un espace d’échange, de suivre des ateliers pédagogiques dans une optique de professionnalisation, et, pour les enfants, de profiter d’un espace de socialisation. Ces temps d’accueil ne sont pas obligatoires et seules une quarantaine y participent régulièrement, selon leurs besoins et leurs contraintes. Deux fois par semaine, Coline assure également un temps de permanence pour les familles. Une diversité de missions qui l’enthousiasme et dans laquelle elle trouve son équilibre. « J’adore, je m’éclate ! lâche-t-elle dans un éclat de rire, je trouve ça génial d’avoir autant de missions. Toutes mes journées sont différentes, c’est intéressant et varié que ce soit auprès des enfants, des assistantes maternelles, des familles et même des élus… Le champ des possibles est vaste ! » 

Un poste solitaire mais pas isolé 
Bien qu’elle rencontre chaque semaine de nombreuses professionnelles et familles, Coline assure un poste assez solitaire. « Je suis assez seule, c’est vrai, mais j’ai une grande chance : le RPE est géré par l’association Innov’enfance. J’ai donc des collègues responsables de RPE, qui m’ont formée, et avec lesquelles j’ai beaucoup de liens ». Elle participe également à la dynamique du réseau de la métropole lilloise et bénéficie de 3 à 4 séances d’analyse de pratique par an qui l’aident à mieux gérer ses différentes missions. « Grâce à tout ce réseau partenarial, je ne me sens pas isolée » souligne-t-elle. Coline dispose également d’un bureau au sein de la maison de l’Enfance d’Herlies qui lui donne un ancrage appréciable dans sa vie itinérante. 

Des projets pour valoriser le métier d’ass‘mat
En partenariat avec la CAF et la PMI, le RPE propose chaque année plusieurs évènements pour promouvoir les modes d’accueil auprès des familles et valoriser le métier d’assistante maternelle, en perte de vitesse. En novembre dernier, à l’occasion de la journée nationale des assistantes maternelles, Coline a mis en place une exposition, ouverte à tous, sur le métier d’assistante maternelle, avec des témoignages d’ass’mat et de familles, des ateliers pédagogiques proposés par les assistantes maternelles elles-mêmes. « Nous avons accueilli beaucoup de monde ce jour-là, 19 assistantes maternelles étaient mobilisées, une réussite ! » se souvient Coline. Un concept audacieux, qui rassemblait les familles, les professionnels, les élus, et tous ceux qui se questionnent sur ce métier, autour d’un même événement afin de valoriser la profession d’assistante maternelle et de la rendre plus visible. 

Des assistantes maternelles vieillissantes et moins nombreuses
Car le pays de Weppes ne fait pas exception aux statistiques nationales, les assistantes maternelles sont de moins en moins nombreuses. Coline a également constaté une baisse du nombre d’enfants accueillis par les assistantes maternelles. Elle calcule que 44% des assistantes maternelles seront en âge de partir à la retraite d’ici 2030. « En France, la moyenne d’âge de mes assistantes maternelles est de 48 ans. Cette année, j’ai eu 9 départs pour 4 arrivées ! Alors pour certaines familles, explique-t-elle, cela devient vraiment difficile de trouver un mode d’accueil pour leurs enfants, tout particulièrement en périscolaire ou horaires atypiques. Mon objectif est de faire revenir des assistantes maternelles sur le territoire ». 

Un observatoire local de la petite enfance 
Responsable du RPE, Coline a une parfaite visibilité du secteur de la petite enfance sur son territoire. Elle se considère, à elle seule comme un « observatoire local de la petite enfance » ! « Je suis multi-communale, j’ai les demandes des familles, je suis en contact avec les modes d’accueil collectifs, et individuels, cela me permet d’avoir une vraie vision du secteur de la petite enfance :  j’ai donc une mission très intéressante auprès des élus, qui me permet de participer, d’une certaine manière, à la future politique petite enfance des communes ! » Un atout de taille pour les municipalités engagées auprès de la structure, qui au-delà du soutien apporté par le relais aux assistantes maternelles et aux familles, peut s’appuyer sur cette vision affinée du secteur pour mieux répondre aux besoins des professionnels et des familles.  

5 communes se sont désengagées 
Et bien que le système de RPE itinérant multi-communal semble très intéressant pour les communes (une mutualisation des locaux avec des partenaires, des frais partagés, une seule responsable, une vision d’ensemble), cinq communes se sont désengagées en 2022. Une année de changements : suite à la parution du décret du 25 aout 2021, le RAM devenu RPE a vu ses missions évoluer. Après réflexion des élus, il y a eu des modifications dans le mode de fonctionnement du relais. Et puis 2022 était également le moment du bilan des 4 dernières années et de la mise en place d’une nouvelle convention avec la CAF avec de nouvelles orientations de la CTG. « Les communes se sont désengagées par choix politique de ne plus proposer ce type de services à leurs administrés parce qu’ils n’y voyaient aucun intérêt, regrette Coline. Malgré les nombreuses explications et statistiques fournies, car le relais était apprécié et reconnu de tous... Ce sont des choix financiers. Et puis le fait que le nombre d’assistantes maternelles fréquentant le relais ait baissé sur certaines communes, elles n’ont pas souhaité conserver un service qu’elles trouvaient trop onéreux. » Enfin, certaines communes ont souhaité reprendre et développer en interne un relais en gestion municipale.
Article rédigé par : Laurence Yème
Publié le 22 décembre 2023
Mis à jour le 21 janvier 2024