Chrystelle L.N, directrice de crèche essaie de comprendre le malaise des professionnels
Elle connaît un énorme burn out dont elle est encore en « convalescence ».
Chrystelle L.N, comme tant d’autres dans sa situation, explique « je me suis sentie coupable. Et j’ai voulu comprendre ce qui m’arrivait c’est pourquoi et j’ai décidé d’interroger mes collègues pour savoir si elles aussi ressentaient ce malaise qui m’avait conduit à craquer. »
« On me parlait plus de chiffres que d’enfants ! »
Le malaise pour elle se résume à : « j’ai perdu l’essence de mon métier le jour à on m’a plus parlé de chiffres et de rentabilité que d’enfants. » Car c’est à ce moment là que le doute s’est insinué : « je doutais de moi, me demandant même si si j’étais faite pour ce métier. » « Vu les exigences, résume-t-elle, on se sent en échec permanent. »
Pas question de se lamenter pour Chrystelle. Elle se fait aider pour émerger de ce trou noir, avancer et en sortir plus forte. Mais elle se sent encore fragile. En revanche elle trouve l’énergie de « sonder » ses collègues. Elle met en ligne un questionnaire intitulé « Comment se porte votre crèche en 2016 ? »
800 réponses, un même malaise
En trois semaines elle obtient plus de 800 réponses. 812 exactement. Toutes émanant de professionnels exerçant dans un EAJE : de l’agent de ménage à la directrice en passant par l’auxiliaire, l’EJE et le « CAP Petite Enfance ».
Les premiers constats sont accablants. « Tous les métiers sont en souffrance » commente Chrystelle. « Les pros se plaignent de la baisse de qualité de l’accueil, ce qui est difficile à supporter quand on aime son métier, évoquent un travail à la chaîne, et souffrent d’un manque de reconnaissance. »
Et conclut-elle « j’ai commencé en 1990 comme auxiliaire à la Ville de Paris. A cette époque nous étions tous des professionnels diplômés à 100%. Désormais, avec la PSU, le décret Morano et le souci extrême de rentabilité, on est tous multi tâches et on en arrive à perdre la spécificité de nos métiers. »
Aujourd’hui avec ces plus de 800 questionnaires en main qui montrent un vrai malaise dans les lieux d’accueil du jeune enfant, Chrystelle s’interroge. Que faire pour que ces difficultés quotidiennes de professionnels qui aiment leur métier soient connues de tous ? Et qu’on y remédie. Elle a écrit une lettre à Laurence Rossignol, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes . Elle hésite à l’envoyer.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’en dépouillant ces 800 questionnaires, elle se sent moins seule et comprend pourquoi elle a vécu ce burn out.
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