Les difficultés du tout-petit à s’endormir en collectivité
Chaque enfant possède ses propres besoins en matière de sommeil. Un bon accompagnement suppose, dans la mesure du possible, une prise en charge individuelle, ce que tentent de faire au maximum les équipes de Sophie Croisier au multi-accueil et à la halte-garderie de Lillebonne.
Echelonner les couchers en fonction des besoins
Ainsi, les plus petits font des siestes en fonction de leurs besoins. Les horaires de siestes peuvent donc se décaler dans la journée. Mais composer avec des individualités lorsque l’on travaille en collectivité n’est pas toujours simple, et parfois, les temps de repos se passent dans un climat agité, notamment avec les plus grands.
« En règle générale, les siestes se gèrent bien dans le dortoir des petits, surtout s’ils sont familiarisés très tôt avec l’environnement collectif. Il faudra parfois seulement quelques mois pour que le nourrisson soit en pleine confiance dans le lieu. Les difficultés peuvent être plus importantes avec les grands à qui l’on propose une sieste commune après le repas. Ils sont parfois assez agités, et il s’agit donc de diminuer cet état d’excitation avant la sieste », explique Sophie Croisier. Ainsi, certains vont refuser de se coucher, d’autres vont se relever, ce qui ne facilite pas la tâche du personnel qui doit gérer tout un groupe.
Outre cet état d’excitation, certains enfants peuvent aussi vivre des situations familiales complexes qui les angoissent au moment du coucher.
Créer un climat favorable à l’endormissement
Pour faire face à ces difficultés, le premier travail des équipes consiste à créer un environnement calme avant le coucher. Après le repas des plus grands, l’un des membres de l’équipe prend un petit groupe d’enfants et l’installe confortablement dans un coin lecture. « Nous créons une ambiance confinée dans la pénombre, avec une petite musique d’ambiance », raconte la directrice. Pendant ce temps là, d’autres enfants sont déshabillés et préparés afin que les petits soient couchés progressivement.
Prévoir une présence quand cela est nécessaire
Lorsque les équipes rencontrent des difficultés au moment du coucher, une professionnelle peut rester dans le dortoir jusqu’à ce que tout le monde dorme. « Ce n’est pas systématique mais cela peut apaiser les enfants », précise Sophie Croisier. Dans certains cas plus délicats, une professionnelle peut accompagner spécifiquement un enfant. « Nous avons eu le cas d’une petite-fille qui avait perdu sa maman. Le moment du coucher était très difficile car elle réclamait sa mère. Nous ne la prenions pas dans nos bras, mais une professionnelle de la crèche lui tenait la main jusqu’à ce qu’elle lâche prise et s’endorme », se souvient-elle. Ce type d’accompagnement est heureusement rare et momentané car il demande une réelle organisation puisque les équipes ne sont pas en surnombre.
Personnaliser le lit du bébé
Chez les plus petits qui ne sont pas encore familiarisés avec la crèche, ou qui ne viennent que de façon occasionnelle, il peut parfois être compliqué de s’adapter à l’environnement collectif. Sophie Croisier conseille donc aux parents d’apporter par exemple une turbulette qui va rappeler au petit l’odeur de la maison. Bien entendu, lorsque les enfants ont une tétine ou un doudou cela les aide à être rassurés.
Avoir des locaux adaptés
Les nourrissons n’ont pas tous envie de dormir au même moment. Lorsqu’un enfant pleure car ce n’est pas le bon moment pour lui de faire la sieste, il est parfois nécessaire de le relever. Certains enfants ont aussi du mal à s’endormir dans le dortoir. L’idéal est donc d’avoir une autre pièce pour les coucher afin qu’ils ne réveillent pas les autres. « Nous avons deux petites chambres que nous permettent d’isoler un enfant qui empêcherait les autres de dormir », rapporte Sophie Croisier. La configuration des locaux est primordiale, l’aménagement et le choix du mobilier doit être pensé et réfléchi en réunion d’équipe.
Bien connaître l’enfant
Chez les plus petits, il est très important de bien connaître l’enfant pour repérer les premiers signes de fatigue. Certains enfants luttent parfois contre le sommeil car ils sont en train de jouer, le travail d’observation est donc essentiel. « Nous en discutons pendant les réunions d’équipe, et une fois par mois en collaboration avec un psychologue en analyse de pratique. Nous essayons également de recueillir des informations sur ce qu’il se passe à la maison pour être en cohérence. Nous nous devons d’être particulièrement disponibles », conclut la directrice. Gérer des individualités en collectivité, le défi est grand et demande une vraie souplesse et capacité d’écoute.
Très utile!!!