La curiosité : une belle qualité ! Par Monique Busquet
Psychomotricienne
Le bébé est d’emblée curieux : il découvre, il écoute, il touche. Dès la naissance, il regarde son parent. Puis rapidement il regarde autour de lui. Il est intéressé par le nouveau, dès lors qu’il est suffisamment sécurisé et confortable. Dès qu’il en a les moyens moteurs, il attrape, il manipule un objet dans tous les sens, avec les mains, avec la bouche. Il remarque les changements autour de lui. Dès qu’il peut, il va vers, il se déplace à la découverte du nouveau. Une porte ouverte, un tiroir à ouvrir, un sac accessible ? Il y va. Il explore ce qu’il ne connait pas encore. Bien sûr, il va aussi vers ce qu’il connaît pour retrouver un plaisir renouvelé. Il est curieux de son environnement : objets, espaces. Sa curiosité se tourne aussi vers les autres, enfants comme adultes, il observe leurs mouvements, leurs gestes, leurs mimiques, leurs paroles. Il est également curieux de ce qu’il est lui-même capable de faire : atteindre tel objet, grimper le plus haut possible, enlever ses chaussettes, sauter... Il enregistre et mémorise, il compare, il fait des hypothèses, les valide : « si j’appuie sur ce bouton, un petit bonhomme apparait, ou la lumière… » « si je mets tel morceau de bois à cet endroit, cela rentre, mais peut-être cela pourrait rentrer aussi dans un autre emplacement du puzzle».
Comme un chercheur scientifique, il vérifie ce qui est toujours pareil, ce qui change. Sa curiosité le pousse à chercher à comprendre le monde autour de lui. Il explore tout nouvel objet, il essaie tout ce qu’il peut faire avec. Il invente, il innove. Plus tard, il questionne, il écoute, ses antennes sont ouvertes pour capter un maximum.
Cette curiosité est un socle et une ressource tout au long de la vie. C’est une force. Elle permet d’apprendre, de comprendre, d’être attentif à l’environnement, de s’adapter au nouveau, durant la scolarité et tout au long de la vie. La curiosité incite à aller chercher l’information par soi-même, et non seulement attendre que cela vienne tout seul, comme sur un plateau.
Parfois la curiosité de l’enfant peut déranger l’adulte, le bousculer dans ce qu’il a lui-même appris, dans ses habitudes, dans les règles et principes qu’il a intériorisés. Et pourtant l’enfant a besoin que les adultes favorisent ses possibilités d’exploration qui répondent à son moteur de curiosité. L’enfant a besoin d’être soutenu, autorisé, encouragé dans ce sens par nos propositions. Cela passe concrètement par mettre à disposition un environnement riche et varié, des objets divers, des textures, des matières, des poids, des sons, des odeurs, des goûts… L’autoriser à fouiller, ouvrir, vider, déplacer, transformer, associer. Lui laisser utiliser les jouets, les supports de jeu à sa façon, le plus souvent différente de ce pour quoi l’objet a été pensé. Lui proposer de l’art, de la musique, de la surprise. Lui permettre de vivre l’aventure de l’inventivité.
Et nous adultes, sommes-nous restés curieux ? Avons-nous encore envie de découvrir du nouveau ? Nous autorisons nous à explorer « en dehors des cadres », en dehors du conformisme ? Savons-nous parfois changer nos habitudes ? Aller à l’aventure ? Elargir nos points de vue ?
Prenons-nous le temps de nous informer, de lire, regarder ailleurs ? Nous en donnons-nous le droit ? Y trouvons-nous du plaisir ? Nous intéressons nous à ce que nous ne connaissons pas encore, à ce qui est différent, pour le connaître, le comprendre sans le juger ?
Que faisons-nous pour nous documenter, pour chercher par nous-mêmes comme savent si bien faire les enfants ? Pour observer, expérimenter, réfléchir par soi-même ?
Alors êtes-vous encore aussi curieux que les jeunes enfants ? En quoi parvenez-vous à soutenir la curiosité des enfants ?
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