Le référent santé, une solution miracle ? Par Géraldine Chapurlat

Juriste

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enfant et médecin
Je fondais de grands espoirs sur la prochaine réforme des modes d’accueil de la petite enfance pour clarifier l’aide à la prise de médicaments en EAJE. Or à la lecture du document émanant de la DGCS détaillant l’ensemble les lignes directrices de la réforme, je me pose la question de savoir si finalement sur les questions de santé de l’enfant accueilli en EAJE, MAM ou micro-crèche, les axes de réflexion proposés pour prendre en compte la santé de l’enfant aboutiront à une réelle simplification.  

Le texte, dont l’objectif affiché est pourtant bien d’aboutir à un «  cadre plus simple pour une offre d’accueil plus riche », propose notamment d’ouvrir une réflexion  sur la santé des enfants accueillis. Il introduit l’idée de la systématisation de l’accompagnement en santé de l’enfant pour tous les modes d’accueil.

Rappelons que le décret de 2000 a introduit la possibilité pour une structure d'une capacité inférieure ou égale à vingt places de confier la direction à une éducatrice jeune enfant sans qu’elle ait à s’adjoindre une infirmière -puéricultrice. Plus tard, en 2010 on créait les MAM et les micro-crèches qui avaient elles aussi vocation à fonctionner sans professionnel de santé. C’est donc bien que l’on supposait que les professionnels de la petite enfance, sans être des professionnels de santé, étaient en capacité de prendre en compte la santé des enfants accueillis.  

Si nul ne conteste que les modes d’accueil doivent être parmi les premiers acteurs de la prévention en santé sur les questions de vaccinations, d’alimentation, de sommeil, d’exposition aux écrans, je me pose la question de savoir si cette mission ne peut pas aussi être confiée à un professionnel de la petite enfance. A mon sens, quand on parle de santé de l’enfant, il n’est plus question comme dans les années 1950 de proposer par le biais des modes d’accueil de la petite enfance un suivi sanitaire de l’enfant accueilli mais d’entamer avec les familles une discussion sur des questions plus larges qui touchent à la santé de leur enfant. Faut-il être professionnel de santé pour expliquer qu’il n’est pas bon pour un enfant de 18 mois de sortir de chez lui le matin l’attention focalisée sur un dessin animé qu’il visionnera jusqu’à son entrée dans la structure ? Ne se situe-t-on pas précisément dans cette délicate mais o combien riche, question, de la relation aux familles ?

Posons-nous aussi la question : fait-on le constat qu’il y a un réel problème sur les questions de santé dans les structures  petite enfance ? Je crois qu’en réalité le problème n’est pas que l’on ne sait pas faire avec les questions de santé mais que l’on assiste à  une cristallisation des questions des responsabilités des professionnels concernés autour des questions de santé avec notamment l’affaire de la jeune Rose Augustin.  

Je reste intimement persuadée que des  professionnels de la petite enfance régulièrement formés sur les questions qui traversent le monde de la petite enfance sont légitimes à intervenir sur ces questions de santé en relation avec les familles. La question de la formation régulière de ces professionnels me semble donc essentielle pour permettre à des professionnels d’aborder les questions de santé des enfants accueillis en EAJE, micro-crèche, MAM ou au domicile d’un assistant maternel.  

Et puis, concrètement, introduire dans la réglementation l’obligation de recruter un réfèrent santé que l’on n’arrivera pas à trouver ne permettra pas de faire avancer les choses… S’il parait envisageable de former régulièrement les professionnels de la petite enfance sur ces questions en lien avec la santé, il parait totalement illusoire d’arriver à recruter des référents  de santé pour tous les modes d’accueil. La pénurie de professionnels de santé nous obligera à envisager d’aborder les questions de santé différemment.
Enfin, je trouve inquiétant que  la réforme des modes d’accueil propose de travailler à la reconnaissance de la possibilité légale d’aide à la prise de médicaments et à son strict encadrement, dans les seuls établissements disposant d’un référent en santé.

Rappelons que,  le secteur de l’action  sociale et médico-sociale a choisi de s’affranchir de l’obligation de recruter un professionnel de santé pour l’aide à la prise des médicaments en  considérant que l'aide à la prise de ce traitement constitue une modalité d'accompagnement de la personne dans les actes de sa vie courante. 
Dans le secteur de la petite enfance devra-t-on exiger qu’un référent santé accompagne la prise de médicaments prescrits ? Lorsque l’on tranchera ces questions l’enjeu sera de taille : il s’agira de savoir si  un professionnel petite enfance formé est capable d’observer le comportement de l’enfant et son aptitude à rester sur son lieu d’accueil. Cela ne fait-il  pas partie de ses compétences de base ?

J’espérais  que l’aide à la prise de médicaments en EAJE soit simplifiée, il semblerait que nous entamions  un formidable retour en arrière que les questions de santé avec la réforme qui se profile.
Article rédigé par : Géraldine Chapurlat
Publié le 17 juin 2019
Mis à jour le 19 juin 2019