En Guadeloupe, la crèche Les P'tits Bouts D'Choux lance l’école des parents
L’idée de créer l’école des parents est partie d’un constat : celui de parents de plus en plus nombreux à s’interroger sur leur rôle, leurs compétences, leurs capacités. Et de ce fait à solliciter les professionnelles de la petite enfance sur ces questions liées à la parentalité. « Depuis 2018 environ, nous avons remarqué que les parents nous interpellent beaucoup sur leur rôle. Ils nous posent énormément de questions. Par exemple : "est-ce que le cododo c’est bien ?" », explique Laura Melfort, la directrice de la crèche les P'tits Bouts D'Choux. Et poursuit : « Lors d’une réunion avec l’équipe, nous avons décidé de créer cette école pour que les parents échangent entre eux et avec des professionnelles qui puissent les aiguiller. Mais aussi pour leur donner confiance en leurs enfants car souvent ils ont des doutes sur ce qu’ils sont capables de faire (autonomie…) et pour qu’ils se rendent compte qu’ils sont de bons parents, qu’il n’y a pas de modèle unique. »
Un appel à projet du REAAP
Pour monter le projet, la Directrice et son équipe avaient besoin d’environ 7 000 euros. Laura Melfort décide donc de répondre à un appel à projet du Réseau d'Ecoute, d'Appui et d'Accompagnement des Parents (REAPP) de Guadeloupe en début d’année. Elle réussit à obtenir autour de 6 000 euros pour financer l’école des parents et ainsi rétribuer les prestataires, acheter du matériel… « Il nous restait 1000 euros à avancer, c’est la raison pour laquelle nous demandons une participation financière de 5 euros par prestation et par famille. Ce qui nous permettra à terme de combler l’ensemble de notre budget », explique la directrice de la structure.
Une école ouverte à tous les parents
La crèche Les P'tits Bouts D'Choux qui existe depuis 1990 a une capacité d’accueil de 20 places. Mais l’école des parents n’est pas réservée aux familles des enfants accueillis. Tous les parents qui le souhaitent sont invités à y participer. En pratique, ce temps se tient chaque samedi matin, de 9h à 12h. Les sessions alternent entre des « activités créations parents/enfants » et « des activités d’échanges entre parents ». Lors du premier atelier qui s’est tenu le 6 novembre dernier, 12 ont familles ont participé. Deux activités étaient proposées, à réaliser avec les enfants : la fabrication d’un jeu d’encastrement de formes avec des matériaux de récupération et la réalisation d’un gommage et d’un masque pour le corps au café, que les familles ont d’ailleurs testé en direct. Chaque groupe est guidé par un membre de la crèche. Lors du rendez-vous du 13 novembre, les parents étaient cette fois invités à échanger autour du jeu dans la famille et dans la relation parents-enfants, en présence d’une psychomotricienne. Pendant ce temps, deux professionnelles prenaient soin des enfants. Des moments interactifs et vivants puisque jeux de rôle, vidéos, powerpoint… ont rythmé la matinée. Mais aussi conviviaux avec une collation prévue en milieu de matinée. Bref des rendez-vous bien organisés, chaleureux, qui ont vocation à fidéliser les participants puisque l’idée est de les proposer tout au long de l’année.
Des papas aussi présents
« Sur le long terme, j’aimerais que l’école des parents devienne un point de repère pour les parents et les futurs parents qui ont beaucoup d’interrogations. Il y a un déficit de la parole en Guadeloupe », souligne Laura Melfort. Satisfaite, elle remarque que lors des deux premières sessions, les parents étaient à l’aise et parlaient aisément. « J’ai un deuxième point de satisfaction, confie-t-elle, c’est la présence des pères alors qu’en Guadeloupe, ils ont vocation à être absents. » Et enchaîne : « Ils ont souvent plusieurs foyers, et au final peu de responsabilité dans l’éducation des enfants. Pourtant, des pères ont participé aux ateliers. C’est une grande nouveauté pour nous de voir que de plus en plus de pères s’investissent dans l’éducation de leurs enfants. D’une certaine manière cela montre l’exemple et petit à petit permettra peut-être de changer les structures familiales, de faire en sorte qu’elles s’améliorent. »
Un lancement initialement prévu en septembre
La crise sanitaire est venue jouer les trouble-fête. En septembre, la Guadeloupe a en effet été touchée par la 4e vague épidémique de Covid-19. « La crèche fonctionnait au minima et nous n’avions pas le droit de nous rassembler donc nous avons dû reporter le lancement à début novembre », souligne Laura Melfort. Après les deux sessions du 6 et 13 novembre, la crèche est de nouveau obligée de remettre à plus tard ces rendez-vous du samedi et même de fermer ses portes suite aux évènements qui secouent actuellement la Guadeloupe. « On a d’ores et déjà notre planning d’activités pour décembre. Il va falloir que l’on arrive à dépasser les conflits qui animent le territoire pour reprendre une vie sociale normale. A mon avis les difficultés que nous connaissons et même la crise sociétale que traverse la Guadeloupe sont liées à la question de la parentalité. On a culturellement une idée de la famille très particulière, en tout cas moins traditionnelle que dans l’hexagone et je crois que c’est aussi un des points de départ de nos difficultés », affirme Laura Melfort. Et conclut : « Il ne faut pas lâcher pour aider les familles à s’améliorer et à proposer le meilleur à leurs enfants donc c’est sûr qu’en décembre nous reprendrons nos activités ».
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