« A’musée vous » : la peinture classique accessible aux tout-petits

A Mulhouse, il n’y a pas d’âge pour découvrir les plaisirs de la peinture classique. Les RAM du territoire m2A ont en effet lancé une série de visites sensorielles et ludiques au Musée des Beaux-Arts pour les enfants accompagnés de leur assistante maternelle. Des séances sur-mesure qui leur proposent de découvrir de grandes œuvres tout en laissant libre cours à leur créativité.
Ouvrir les portes du musée à un plus large public
L’art inspire beaucoup les professionnels de la petite enfance de la communauté d’agglomération m2A (Mulhouse Alsace Agglomération) qui ont à cœur d’appliquer les recommandations du Protocole d’accord visant à favoriser l’éveil artistique et culturel des tout-petits - signé en mars 2017 par les deux ministères alors en charge de la culture et de l’enfance. En 2018 déjà, deux relais assistants maternels (RAM) ont organisé des rencontres entre les enfants accompagnés de leur assistante maternelle et leurs parents, et l’Orchestre symphonique de Mulhouse pour s’initier à la musique classique. Cette année, c’est du côté de la peinture qu’un nouveau projet s’est monté : « A’musée vous », des visites sensorielles et ludiques au Musée des Beaux-Arts. Avec cette fois tous les RAM de la ville : Mulhouse Franciscains, Bourtzwiller, Ottmarsheim, Rixheim, Pfastatt, Riedisheim et Morschwiller.

Avec le soutien d’Edith Saurel, chargée des actions pédagogiques et culturelles des musées de la ville de Mulhouse, les animatrices des sept RAM et l’équipe du musée ont ainsi réfléchi ensemble sur les possibilités d’un tel projet. « Nous nous sommes appuyées sur le travail du musée qui existait déjà avec les groupes scolaires. Mais il a fallu imaginer comment décliner la visite en une animation adaptée aux très jeunes enfants », explique Marie Freudenreich, animatrice du RAM de Riedisheim. L’idée étant de rendre accessible et faire découvrir un lieu de culture au tout-petit, le sensibiliser à la peinture, développer son sens artistique, créer un moment privilégié entre professionnels de la petite enfance et enfants. « Avec cet objectif final que les familles comme les pros aillent plus naturellement au musée ».

Quand les grands maîtres inspirent les petits artistes en herbe
Les animatrices ont ainsi mis en place trois matinées d’animations entre janvier et juin pour les petits âgés de 18 mois à 3 ans. « Les assistantes maternelles qui se sont inscrites avaient seulement pour condition de participer à l’ensemble des séances, précise Marie Freudenreich, pour que cela ait vraiment du sens. » Chacune s’est vue remettre au préalable un petit sac de médiation culturel pour échanger avec l’enfant et se préparer avec lui à la visite : le plan du musée, l’image d’un des tableaux choisis, une loupe et une charte avec tout ce qu’on a le droit de faire au musée. Un logo « A’musée vous » a même été conçu pour identifier l’animation des autres projets du musée.

Les deux premières animations étaient chacune réparties en deux séances d’environ quarante minutes pendant lesquelles trois groupes de cinq ou six enfants avec leur assistante maternelle ont visité successivement différentes salles du musée. Le principe : découvrir un tableau à la fois, d’abord à travers une observation, puis une invitation à le reproduire au sol. « On a choisi de leur faire découvrir des tableaux qui pouvaient être intéressants pour eux en termes de couleurs, de formes, de mouvements afin d’imaginer quelque chose autour de l’éveil des cinq sens », souligne-t-elle.

Par exemple, pour « Les ruines des thermes de Caracalla » de Giovanni Ghisolfi, une peinture qui représente des constructions architecturales, les enfants avaient à disposition des briques en mousse et des gabarits. Devant le tableau « Flore et Zéphyr » de William Boughereau, une métaphore du printemps, ils pouvaient utiliser des figurines en bois, des pétales de rose, des morceaux de moquette synthétique. Pour la nature morte de Peter Binoit, les petits étaient invités à utiliser (et à goûter !) des vrais fruits pour reproduire la coupe de fruits. Ou encore face à la peinture orientale « Entrée à la Mosquée du Sheriff » de George Clairin, ils pouvaient se servir de foulards de couleurs pour symboliser les stands du marché marocain.

Et pour garder un lien avec les familles, chaque enfant a reçu après la séance la photo d’un tableau en carte souvenir.

Curiosité et langage à l’honneur
Les animatrices avouent avoir été impressionnées de l’attention des petits et de leur respect pour l’animation - la condition étant bien sûr de veiller à leur besoin de mobilité et de mouvement. Mieux, ils ont pris beaucoup de plaisir à participer. « Les enfants qui ont le langage parlent volontiers de ce qu’ils voient. Cette observation offre un bain de langage très intéressant ! assure Marie Freudenreich. Mais ce qui m’a particulièrement marquée, c’est qu’ils remarquent des détails sur les tableaux que l’on n’observe pas forcément. Un chien dans une foule de personnages et d’animaux, par exemple… » Edith Saurel, qui animait la séance sur le tableau de Flore et Zéphyr, explique elle avoir été agréablement surprise de constater que les enfants comprenaient très bien le lien entre l’œuvre observée et la réalisation en 3D proposée, s’appliquant à positionner les éléments du tableau le plus fidèlement possible.
Succès également du côté des assistantes maternelles et des parents qui apprécient de voir cette animation intégrée au projet d’accueil.

La troisième et dernière séance sera animée par une conteuse ayant déjà participé à une séance et dont elle va s’inspirer pour raconter une histoire.
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 05 juin 2019
Mis à jour le 14 juin 2019