Des professionnels qui souhaitent une véritable politique de la petite enfance
Le questionnaire appelait les professionnels à « formuler ce que vous souhaiteriez voir changer dans votre travail d’accueillant de la petite enfance ». Il abordait également, pour contextualiser ces souhaits et aspirations, la question de la reconnaissance des professionnels sous plusieurs angles. La reconnaissance de la valeur sociale à travers l’idée que les professionnels se font de leur travail d’accueil (simplement utile ou essentiel à la société ?). A travers la reconnaissance financière (pensez-vous être rémunéré à la hauteur de vos compétences et des exigences de votre métier ?). Mais également la reconnaissance par les enfants, par les parents, par les collègues, par la collectivité où l’on vit (pour les assistants maternels), par les responsables d’établissement (pour les accueillants en collectif).
Quant aux souhaits et aux aspirations, nous avons « profité » de la période de confinement et de la suspension qu’elle a généré dans beaucoup d’activité mais aussi dans la façon que nous avons d’imaginer la « normalité » en général et dans l’accueil de la petite enfance pour poser différentes questions qui, on le suppose et on le ressent également, taraudent sourdement les professionnels mais restent, d’ordinaire, enfouies sous la couche du « c’est comme ça, même si ce n’est pas totalement satisfaisant c’est comme ça ».
Pour les assistants maternels, ces questions portaient sur la taille idéale de leur agrément, les dimensions importantes (sanitaire, éducatif, social etc…) qui doivent présider à leur contrôle et leur agrément, les modalités de fixation de leur rémunération (encadrée ou non, avec quels critères ?), leur statut (salarié multi-employeur ou d’une structure, indépendant…).
Pour les professionnels de l’accueil collectif, nous avons évoqué la taille souhaitable d’un établissement d’accueil, le ratio souhaitable adulte/enfants au sein des établissements, la nécessité ressentie ou non d’avoir un encadrement au sein de l’établissement… Enfin, pour l’ensemble des professionnels, collectif comme individuel, nous avons posé la question « Quelles devraient être les principales orientations données à la politique d’accueil du jeune enfant ? » Entre orientation nataliste (permette aux parents d’avoir autant d’enfants qu’ils le souhaitent), féministe (permettre aux femmes d’entrer ou de rester en emploi) sociale (permettre aux parents en insertion de réussir leurs parcours) et éducative (permettre aux enfants défavorisés d’accéder à une ouverture éducative).
La valeur de l’accueil de la petite enfance en question
Toutes ces questions renvoient à une même problématique première : la valeur de l’accueil de la petite enfance. Valeur au double sens du terme. La valeur comme principe, comme orientation (au nom de quoi faisons nous notre métier ?) ; et la valeur comme évaluation, comme position (quelle est la valeur de ce que l’on fait pour la société, les parents, les collègues etc…). Comme je l’indiquais dans mon récent article « Le Virus révélateur » : « Cette vague pandémique vient éprouver les charpentes imaginaire et réelle de nos sociétés. Et c’est dans le décalage entre les grincements de ces deux charpentes que le regard soudain s’ouvre, voire se libère. (…) les professions du care sont tout autant éprouvées (dans le réel) que révélées (dans l’imaginaire, la représentation) par la crise actuelle. Et cela vaut également pour ces acteurs du care que sont les professionnels de l’accueil de la petite enfance. » Voyons donc quelle valeur vous accordez à votre travail et quelles valeurs vous souhaitez que votre travail obtienne à l’avenir.
Le profil des répondants : 60% pour l’accueil collectif, 40% pour l’accueil individuel
Le questionnaire a reçu plus de 12000 réponses (près de 12700 pour être exact). Ces réponses proviennent majoritairement de professionnels de l’accueil collectif (un peu plus de 60% des réponses, 7700 répondants à peu près), les assistants maternels représentant 38% des réponses (4800 répondants). Belle surprise : parmi les professionnels de l’accueil collectif, le questionnaire a particulièrement touché les personnels de terrain. Belle surprise parce qu’une précédente étude par questionnaire diffusé par lien internet avait surreprésenté les professionnels de direction au sein des établissements. Plus de 60% des réponses proviennent d’auxiliaires de puériculture (38%, 2965 réponses) et des catégories assistants de vie, auxiliaire petite enfance etc… (23%, 1796). Les éducatrices de jeunes enfants représentent 16% des réponses et les directrices 17% environ.
On ne connaît pas exactement le nombre total de professionnels travaillant dans des établissements d’accueil du jeune enfant en France aujourd’hui (ils sont classés dans différentes catégories statistiques en fonction que leur employeur soit public ou privé). Mais, si on pratique quelques calculs à « la louche », en considérant qu’il y a, d’après l’observatoire national de la petite enfance de la CNAF (rapport 2019 sur les données 2018), 448 800 places d’accueil en accueil collectif en 2018 en France. Que deux tiers de ces places sont pour des enfants de un an révolu à trois ans et un tiers pour les moins d’un an, et en appliquant les taux d’encadrement légaux à ces quantités de place (un professionnel pour 5 enfants ou places en dessous d’un an et un professionnel pour huit enfants ou places au dessus d’un an) on obtient environ 70000 professionnels. Chiffre que l’on peut majorer encore, sachant qu’un professionnel n’est pas présent sur l’ensemble de la journée d’accueil proposée par les établissements (qui dure souvent plus de huit heures). Quoiqu’il en soit, on obtient environ 80 000 professionnels. Ce qui veut dire que le questionnaire a touché un peu moins de 10% d’entre eux ! Rares sont les démarches d’étude qui peuvent prétendre représenter aussi massivement les populations qu’elles concernent !
Toujours pour l’accueil collectif, les personnes répondantes travaillent en majorité dans des établissements à gestion publique (53%), puis associatif (24%) et enfin privé lucratif (21%). Les multi-accueils (52%) et les crèches mono-accueil (27%) sont bien représentés, mais l’on compte également de nombreuses réponses de professionnels travaillant en micro-crèche PAJE (9% des réponses soit tout de même 714 répondants) et, bien plus rare, micro-crèche PSU ( 2% des réponses soit 160 personnes).
Du côté des assistants maternels, 4800 réponses donc au total. Parmi elles, 87% (4200 réponses) proviennent d’assistants maternels travaillant à leur domicile et 10% (506 réponses) d’assistants maternels travaillant au sein de MAM. Les réponses d’assistants maternels travaillant en crèche familiale sont très marginales (1,6% soit 78 réponses). Si l’on considère qu’il y aujourd’hui en France un peu plus de 300 000 assistants maternels en activité auprès de du particulier employeurs, nos 4800 réponses représentent 1,6% de la profession. Cela pourra paraître infime.Mais pour illustrer la chose avec des calculs toujours un peu fantaisistes mais parlant ; si l’on souhaitait faire un sondage auprès des françaises et français de plus de 20 ans avec la même représentation de 1,6%, il faudrait interroger plus de 670 000 personnes !Tout cela pour dire que ce questionnaire, grâce à votre réactivité, votre générosité a rencontré un succès et permet une représentation considérable de vos professions !! Passons maintenant aux premiers enseignements. Dans une première partie, nous allons traiter, en parallèle, des accueillants collectif et individuel, sur les questions de reconnaissance et des orientations de la politique d’accueil du jeune enfant. Puis nous parlerons spécifiquement des assistants maternels d’une part et des professionnels de l’accueil collectif d’autre part.
Une faible reconnaissance, une sous-rémunération
Une des premières questions de notre étude était de savoir si les professionnels s’estiment rémunérés à leur juste valeur par rapport à leurs compétences mais aussi aux exigences de leur métier. Et là, les réponses sont sans appel : 81% des assistants maternels et 88% des professionnels de l’accueil collectif s’estiment sous rémunérés ! La reconnaissance financière n’est donc massivement pas au rendez-vous et particulièrement pour les professionnels de l’accueil collectif. Si l’on s’intéresse maintenant à « l’intensité » de cette sous-rémunération, parmi les professionnels du collectif qui s’estiment sous rémunérés 24% souhaiteraient gagner entre 100 et 200 euros de plus par mois pour se sentir payés à leur juste valeur et engagement, 53% souhaiterait un ajustement entre 200 et 400 euros de plus par mois, enfin 15% souhaiteraient entre 400 et 600 euros de plus.
Pour les assistants maternels, connaissant la variabilité du nombre d’heures d’accueil réalisées par professionnel ainsi que les variations du prix de l’heure d’accueil (indépendamment des indemnités), nous leur avons demandé de formuler leur souhait en pourcentage de rémunération supplémentaire à l’heure d’accueil. Près de 34% souhaiteraient une rémunération de 30 à 50% supérieure à l’heure d’accueil et 31% de 20 à 30% supérieure… Le sentiment de sous-rémunération est donc non seulement général mais également – au regard de ces premiers chiffres – intense. Nous reviendrons, dans de prochains articles et dossiers sur les catégories de personnel (de l’accueil collectif) et les profils de professionnels (pour les assistants maternels) qui ressentent plus particulièrement cette situation de sous-rémunération.
Continuons avec la question de la reconnaissance des compétences par les parents, les collègues, les responsables, les pouvoirs publics etc. Chez les assistants maternels, le sentiment de reconnaissance provient le plus fréquemment des collègues (44% de réponses « compétences pleinement reconnues »), suivies de loin par les parents (28%) et les professionnels de RAM à un niveau proche (24%). Les professionnels de PMI (15% environ) et les pouvoirs locaux (mairie) particulièrement (5%) arrivent très loin derrière. En dehors donc de la profession, la reconnaissance est rare et, gardons ce point à l’esprit, la reconnaissance est particulièrement faible de la part de la collectivité locale, pourtant le lieu d’inscription de l’activité des assistants maternels.
Pour les professionnels de l’accueil collectif, là encore la reconnaissance provient massivement des collègues (53 % de réponses « pleinement reconnues ») suivis de loin par la hiérarchie au sein de l’établissement (36%) et le gestionnaire (14%). Pour tous les professionnels de l’accueil donc la reconnaissance provient premièrement de celles et ceux qui partagent leur activité et connaissent leur expérience. Ce résultat peut sembler évident à première vue, mais il nous semble qu’il peut également être le signe d’un manque de reconnaissance externe au métier. Plus loin, la reconnaissance des professionnels de l’accueil collectif provient donc un peu plus des collègues que pour les assistants maternels (un effet du collectif de travail).
Pour les professionnels de la petite enfance, leur métier est essentiel pour la société
La première question posée tant aux assistants maternels qu’aux professionnels du collectif portait sur leur conception de leur activité professionnelle par rapport à la société. Jugeaient-ils leur activité essentielle à la société ? Très utile sans être essentielle ? Juste utile pour ceux qui en ont besoin ? Les professionnels de l’accueil collectif estiment à 68% leur activité essentielle et pour 23% « très utile », seuls 8% la disent « juste utile pour ceux qui en ont besoin ». Les réponses sont proches pour les assistants maternels, 66% jugeant leur activité essentielle, 20% « très utile sans être essentielle » et 13% « juste utile ». Deux tiers des professionnels de l’accueil de la petite enfance, en collectif ou individuel jugent donc leur activité essentielle à la société. Ce qui peut être mis en regard avec le sentiment encore plus massif d’être sous rémunéré. Voici pour la valeur accordée à leur travail par les professionnels.
Passons maintenant aux valeurs. C’est à dire à l’orientation de la politique d’accueil du jeune enfant que les professionnels souhaiteraient dans le « monde d’après ». Nous leur avons proposé de « noter » (très important, assez important, assez peu important, pas important du tout) différentes orientations. Une orientation « nataliste » et « familialiste » : conciliation de la vie familiale et professionnelle et permettre aux familles d’avoir autant d’enfants qu’elles souhaitent. Une orientation plus « féministe » : permettre aux mères de se maintenir en emploi. Une perspective sociale : accueillir les enfants des parents en insertion pour les soutenir dans leur parcours d’insertion. Et enfin une perspective éducative « accueillir les enfants des milieux modestes et défavorisés pour leur proposer une ouverture éducative ».
Pour les professionnels de l’accueil collectif, c’est l’orientation féministe qui arrive la première (64% de réponses « très important »), suivie de près par la perspective éducative (60%) et la perspective sociale (54%). La perspective « familialiste » est assez largement boudée (31% de très important). Du côté de assistants maternels, la perspective « féministe » est également première même si moins plébiscitée (53%), suivie, dans le même ordre, par la perspective éducative (42,5%) et sociale (37,6%) et enfin familialiste (31%). Que ressort-il de tout cela ?
Finalement, les professionnels de l’individuel comme du collectif ont une vision bien plus « politique » de leur métier que l’on pourrait le penser au premier abord. En effet, différents travaux ont pu montrer la force encore présente, chez les professionnels du collectif et de l’accueil individuel, d’une conception de l’activité fortement teintée « d’amour des enfants » ou, en tout cas, par défaut, faute d’avoir pu réaliser ou trouver une autre activité. On aurait alors pu s’attendre à ce que la perspective familialiste (la conciliation vie familiale et professionnelle sans préciser que l’on parle essentiellement des femmes dans l’affaire) remporte un bien plus large suffrage. Or les professionnels prennent des options bien plus marquées et clivantes (si l’on fait toujours l’hypothèse qu’ils ont réagi aux énoncés proposés en y mettant bien la même chose que nous) : la perspective féministe (un service dirigé vers les femmes actives), éducative (un service dirigé vers les enfants en situation de pauvreté éducative) et sociale (un service dirigé vers des parents fragiles). Les professionnels de l’accueil de la petite enfance ont donc, majoritairement, une forte notion de la valeur de leur activité (essentielle) et de ces orientations (féministe et éducative), tout un programme pour rebâtir la politique d’accueil du jeune enfant.
Pour les pros de l’accueil collectif : de plus petits établissements et de meilleurs taux d’encadrement
Les accueillants en collectif plébiscitent largement (quelle serait la bonne taille d’un établissement d’accueil) des petits établissements : 81% situent la taille idéale à 30 places et moins, dont 50% à 20 places et moins (rappelons qu’en 2017 ce ne sont que 39% des établissements collectif d’accueil qui font moins de 20 places et 60% moins de 30 places).
A la question de savoir quel serait le bon taux d’encadrement des jeunes enfants (celui qui permet de faire un bon travail avec eux), les exigences pour les « non marcheurs » sont bien plus élevées que la norme actuelle (68% des répondants demandent un adulte pour trois enfants et 27% un adulte pour quatre) ; et notablement plus élevées (de manière un peu moins nette) pour les enfants marcheurs (53% demandent un adulte pour 5 enfants et 27% un adulte pour 4 enfants, seuls 21% demandent un adulte pour 6 à 7 enfants).
Une question nous intéressait particulièrement : quelle perception les professionnels avaient de leur encadrement et, surtout de la nécessité d’avoir un encadrement. Autrement dit, les professionnels du collectif ressentent-ils le besoin d’être encadrés par des supérieurs, des responsables ? Cette question pourrait sembler étrange : bien sûr qu’il y a besoin d’un encadrement dans une institution, pour une équipe ! Oui, et en même temps, différentes études et réflexions nous ont amenés à sentir le décalage qui peut être ressenti par les professionnels entre leur activité concrète, les dilemmes et enjeux qu’ils ressentent sur le terrain, et leur encadrement. Comme si, dans un certain nombre de situations, ils se sentaient moins accompagnés que régulés, moins compris que repris par des normes qui leur restent, là encore en partie, extérieures. Alors oui, ce besoin d’encadrement est très largement ressenti (seuls 3% des répondants disent qu’une hiérarchie n’est pas nécessaire). Et elle l’est principalement pour stimuler la réflexion (81% des réponses) et, ensuite, pour réguler les relations parents/professionnels ainsi qu’entre professionnels à égalité (71% des réponses). Pour cela, les professionnels attendent d’abord de leurs encadrants des « compétences managériales » (82%). Là encore, cela pourrait paraître évident, mais nous avions bien précisé que ces compétences managériales renvoyaient à la capacité de « savoir écouter les professionnels, les accompagner, les faire monter en compétences ». Nous sommes donc bien sur une dimension d’écoute et d’accompagnement. Juste après ces compétences managériales, ce sont des compétences en psychologie de l’enfant qui sont demandés (74% des réponses, ce qui ne veut pas dire des compétences psychologiques mais plutôt un décryptage des évolutions et enjeux des enfants, nous avions précisé : le développement de l'enfant, les tensions et conflits psychiques des enfants etc..).
Cela nous semble répondre à un besoin d’expertise pour interpréter, au quotidien et à mesure que les questions se posent, les états et réactions des enfants. Enfin – surprise – les professionnels demandent chez leurs encadrants des compétences « sociales et sociologiques » (68% des réponses, il était précisé : pour la compréhension des problématiques sociales des enfants, des parents, des professionnels). Comme pour les compétences psychologiques, les professionnels ne demandent pas à être encadrés par des sociologues, mais souhaitent bénéficier d’une prise de recul sur les contextes de vie des parents, des enfants et de leurs collègues. Une prise en compte peut être plus large et nuancée de ce que vivent ces différents acteurs pour arriver à les faire travailler ensemble. Les compétences éducatives, sanitaires (60% des réponses environ pour chacune d’entre elles) et gestionnaires arrivent derrière (50 %). Les compétences en neurosciences étant également souhaitées à hauteur de 50%.
Autrement dit, les professionnels du collectif attendent des encadrants qui encadrent (qui protègent et régulent les relations entre professionnels et parents/professionnels avec des compétences psychologiques et sociologiques et des compétences managériales) qui stimulent et étayent la réflexion (lecture des états de l’enfant, donner des orientations), plutôt que des encadrants sachant (connaissance des capacités des enfants – compétences éducatives, ou maîtrise du sanitaire ou des neurosciences). Bref, des « aménageurs » qui définissent et protègent un espace d’activité contre les tensions et qui stimulent cette même activité par leurs lectures des situations plus que leur savoir.
Pour les assistants maternels : de fortes attentes envers les municipalités
Nous l’avons indiqué plus haut, les assistants maternels se sentent particulièrement peu reconnus des pouvoirs locaux (mairie). Cela pourrait sembler dommageable mais bien compréhensible, dans le sens où les assistants maternels sont plutôt encadrés par le département et peuvent n’avoir que des contacts assez distants avec les pouvoirs municipaux. Mais ce serait oublier un peu vite que l’activité quotidienne des assistants maternels se déroule chez elles mais également dans l’espace local, municipal, et également en regard avec les autres offres d’accueil portés par la commune : les crèches et autres établissements d’accueil collectif. Les assistants maternels peuvent donc attendre de la part de la commune une prise en considération de leur activité tant par rapport à l’aménagement de l’espace urbain que par rapport à la place qui leur est faite dans l’ensemble de l’offre d’accueil locale. Et, effectivement – c’est également une surprise – ces attentes à destination des pouvoirs locaux sont fortes.
Ainsi, quand on demande aux assistants maternels ce qui leur permettrait de se sentir plus reconnues, l'idée de pouvoir organiser plus d'activités collectives au sein des RAM avec leurs collègues ne remporte pas beaucoup de succès (50% des réponses). Les attentes à l’égard des parents (qu’ils accordent plus d’importance à leurs observations des enfants) sont plus fortes (65%) ainsi qu’envers les professionnels de PMI (qu’ils prennent mieux en compte vos initiatives, votre contexte d’activité – 63%). Mais les principales attentes sont à l’égard de la mairie et des pouvoirs locaux (que votre mairie mette plus en valeur / en avant votre activité – 73% des réponses) !
Bien sûr, cela pourrait passer pour un intérêt bien compris (être mis plus en avant par la communication locale pour trouver plus facilement des parents-employeurs), mais cette attente est plus complète. En effet, parmi les éléments qui leur permettraient de mieux exercer leur métier, les assistants maternels désignent en premier lieu « Avoir accès à des espaces urbains /extérieurs de qualité » (71% des réponses) un tout petit peu devant « des aides techniques et financières de la CAF pour aménager votre domicile actuel pour l’accueil des enfants » et loin devant l’accès à des « espaces ressources » (ludothèque, médiathèque, 56% des réponses) et l’accès à des espaces d’activités au sein des RAM (50%). L’espace urbain extérieur est donc un lieu d’exercice de l’activité d’accueil en tant qu’assistant maternel qui contribue à sa qualité aux yeux des professionnels.
Mais, les attentes des assistants maternels à l’égard de l’échelon local vont encore plus loin : à la question de ce qu’elles souhaiteraient dans le monde d’après, les répondants plébiscitent – en second après l’augmentation des aides favorisant leur emploi (60%) – le fait d’être intégré à des projets éducatifs de territoire (50%). Cette attente arrivant à égalité avec le souhait de voir un « tiers payant » mis en place pour les parents les plus modestes. Autrement dit, les assistants maternels ont de fortes attentes à l’égard de l’échelon local en tant qu’il est leur environnement et contexte d’activité, l’échelle à laquelle elles constituent leur « marché » (se faire connaître et reconnaître des parents employeurs) ; mais aussi l’échelon où elles peuvent donner une valeur, une orientation à leur service (être intégré à la réflexion sur un projet éducatif).
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