RAP de Courbevoie et Asnières-sur-Seine : le projet abouti d’une association engagée

Un nouveau Relais d’Auxiliaires Parentales (RAP) a vu le jour cette année pour les villes de Courbevoie et d’Asnières-sur-Seine (92). Ou plus précisément son accueil-jeux, étape de taille pour l’association Help Familles qui œuvre depuis plus de 20 ans pour la mise en relation et l’accompagnement des familles et des professionnelles. En défendant la protection des salariées, l’aide aux familles et la qualité d’accueil des enfants. Reportage.
C’est à Courbevoie, sur un joli boulevard voisin d’Asnières, au premier étage d’un bâtiment moderne, que des auxiliaires parentales arrivent les unes après les autres, accompagnés des enfants, pour l’accueil jeux du RAP prévu ce matin. Ces locaux et cette animation, cela fait longtemps que les responsables du relai, comme les professionnelles, l’attendaient !

Un projet centré sur l’aide à l’emploi
A l’origine de tout, Badia Fila, une auxiliaire parentale qui exerçait à ses débuts dans le 16ème arrondissement de Paris. Forte d’un gros réseau d’auxiliaires parentales et en contact avec plusieurs familles qui cherchaient des professionnelles, elle décide en 1997 de créer l’association Help Familles pour les mettre en relation.
Elle obtient, comme les autres organismes de services à la personne, l’agrément général pour l’accompagnement des personnes de plus de 3 ans. Et en 2000, les agréments qualité dédiés à la garde des tout-petits, qui oblige notamment à compter dans l’équipe encadrante au moins une professionnelle diplômée de la petite enfance. Frédérique Schemitte, éducatrice de jeunes enfants (EJE) rejoint alors l’association.
Enfin en 2010, Help Familles adhère à la Charte Qualité relative à la garde d’enfants à domicile, créée en 2002 par le Conseil départemental et la Caisse d'Allocation Familiale des Hauts-de-Seine. Un document qui engage à ne pas exploiter les salariées, soutenir leur professionnalisation, offrir un accueil de qualité aux enfants…

Depuis, l’association déploie différents services, dont toujours une partie petite enfance. En tant que prestataire où elle emploie des auxiliaires parentales pour les familles qui font appel à elle. « On dédie cette partie aux professionnelles qui exercent à temps partiel, afin de prendre en charge l’organisation de leur planning », précise Frédérique.
Et en tant que mandataire, où il s’agit d’accompagner les parents qui emploient directement les auxiliaires parentales à temps plein. Et bien sûr, les professionnelles, sur les questions pédagogiques, relationnelles et administratives de leur quoditien, ainsi que pour leur évolution professionnelle en termes de formation et de la Validation des Acquis de l'Expérience. En tout, l’association travaille avec quarante-cinq auxiliaires parentales - la moitié à Courbevoie, l’autre à Asnières - ayant la garde de deux ou trois enfants chacune.

L’association « nomade » peut enfin prendre racine
Il ne manquait donc qu’une pièce au tableau, essentielle : des locaux fixes pour centraliser les actions de l’association, et surtout proposer un accueil-jeux pour, enfin, devenir un RAP à part entière.
L’association fait petit à petit parler d’elle et c’est Caroline Carmantrand, Maire-adjointe déléguée à la famille et à la petite enfance d’Asnières, qui la repère. Et qui, à son arrivée sur le secteur, sollicite l’expertise de Frédérique, en lui demandant notamment d’intervenir lors des réunions d’informations de la Ville aux familles, des job-dating… Elle a grandement permis l'aboutissement du projet.

En parallèle, le jardin d’enfants de Courbevoie de l'Association « Toute l’Enfance En Plein Air » qui accueille cent enfants de deux à six ans, cherchait un nouveau co-locataire. L’établissement, créé en 1923 et résidant à Courbevoie depuis les années 60, avait vu son gardien partir à la retraite en 2014, laissant ainsi inoccupé son appartement de fonction, situé juste au-dessus. « L’équipe du jardin d’enfants souhaitait y créer un RAP, et tout le monde les orientait vers notre association, » explique Frédérique. Le projet est acté, et quatre ans plus tard, le relais de Help Familles emménage.

Le nouveau lieu d’accueil est officiellement inauguré le 11 juin, en présence de ses représentants et de ses soutiens : Valérie Pécresse, Présidente du Conseil régional d’Ile-de-France ; Jacques Kossowski, Maire de Courbevoie ; Manuel Aeschlimann, Maire d’Asnières-sur-Seine et Vice-président de la Métropole du Grand Paris ; Aurélie Taquillain, Maire-adjointe déléguée à la famille, petite enfance et vie associative de Courbevoie et Conseillère départementale des Hauts-de-Seine ; Caroline Carmantrand, Maire-adjointe déléguée à la famille et à la petite enfance d’Asnières et Conseillère régionale d’Ile-de-France ; Luanza Luzolo, Président de Help Familles ; Céline Charnier, Présidente de Toute l’Enfance En Plein Air.

Un lieu dédié qui respecte le rythme des enfants
Mais depuis mars déjà, le relais propose un accueil-jeux aux enfants accompagnés de leur auxiliaire parentale, animé par Frédérique et à mi-temps par Céline Buges, également EJE. Le RAP se compose d’un bureau et de la pièce de vie, qui comprend l’espace de soin. Avec une grande fenêtre donnant vue directement sur l’extérieur du jardin d’enfants. Et un petit balcon, qui sera bientôt aménagé pour permettre aux enfants de sortir.

Chaque professionnelle peut venir à une matinée dédiée, entre 9h30 et midi. Dans cette amplitude horaire, ce sont environ six auxiliaires parentales qui viennent, mais rarement toutes en même temps. Les heures d’arrivée et de départ sont libres - un point très important du projet. « Nous souhaitions proposer un mode d’accueil hyper respectueux du rythme de l’enfant, qui repose avant tout sur l’observation et la réponse à ses besoins, » insiste Frédérique.  Les auxiliaires parentales gardant des bébés, par exemple, arrivent plutôt vers 11h, après la sieste. Les plus grands viennent un peu plus tôt et restent facilement les deux heures pour jouer. Et quand les responsables du RAP sentent que les enfants commencent à se lasser, elles n’hésitent pas à encourager les professionnelles à retourner au domicile.
« En ce sens, on ne va pas mettre en place de rituels spécifiques ou faire venir beaucoup d’intervenants. Cela demanderait de faire venir au même moment et on perdrait cette possibilité de suivre le rythme des enfants. »

Pour les auxiliaires parentales, cet accueil-jeux donne une nouvelle dimension à leur quotidien. « Il permet de sortir du domicile familial, de partager, de se soutenir entre professionnelles, souligne-t-elle. La parole se libère. » C’est aussi l’occasion d’ouvrir la réflexion sur ce qu’elles peuvent proposer aux enfants. On n’y verra donc pas de grosse structure de motricité ou d’ateliers qui sortent trop de l’ordinaire. « Il ne faut pas qu’il y ait un décalage avec les possibilités du foyer familial. L’idée est de réaliser des choses qu’elles pourront y reproduire. »

Des professionnelles et des familles en confiance
Ses spécificités mises à part, le RAP de Courbevoie et Asnières travaille en étroite collaboration avec les autres RAP et RAM-RAP du département, notamment ceux qui ont également adhéré à la Charte - comme le RAM-RAP de Clamart par exemple. « On se réunit une fois par mois avec les autres responsables pour mettre en commun tout ce qui concerne l’encadrement de l’enfant et les spécificités de ce cadre juridique » détaille Frédérique.

Le RAP procède ainsi à une « pré-sélection éclairée » des auxiliaires parentales qu’il accompagnera. Elle passe par un test de recrutement (du niveau d’un CAP petite enfance) abordant tous les grands aspects pédagogiques et techniques de la garde d’un jeune enfant. « L’important n’est pas de bien savoir répondre à toutes les questions, car le but n’est pas de les mettre en échec, tient-elle à préciser. Mais de réaliser tout ce que le métier recouvre. » Puis les professionnelles échangent avec Frédérique lors d’un entretien. « C’est une démarche choisie. Beaucoup se sont arrêtées avant le questionnaire. Celles qui passent cette étape souhaitent cheminer et acceptent d’être accompagnées pour y arriver. »
Pour les parents aussi, faire appel au RAP représente un engagement fort : se renseigner, respecter les conditions de travail des auxiliaires parentales… Ils sont reçus par les responsables du relais pendant 1h30 et font le point sur toutes les questions à se poser et les points à éclaircir.

Par ailleurs, le RAP remet aux familles et aux pros un livre de l’accueil de l’enfant à son domicile - élaboré en concertation avec les autres relais. Il comprend 4 volets : les devoirs de l’employeur et de la salariée ; la préparation de la garde, soit la communication, l’aménagement de l’espace, le matériel, la sécurité ; la période d’adaptation ; la garde elle-même, soit les missions des auxiliaires parentales, les transmissions, les spécificités de la présence du parent au domicile…

Un service de qualité qui se veut très accessible
Le recours au RAP coûte seulement aux parents 200€ par an, dont 50% défiscalisable. Ainsi pour 8,33€ par mois, ils adhérent à une association qui prend en charge la pré-sélection, l’accompagnement et le planning des auxiliaires parentales, les visites à domicile et les analyses de postes, l’accueil-jeux, leur propre accompagnement.
Du côté des villes, l’effort financier est moindre. « Pour cinquante enfants gardés par des auxiliaires parentales, cela coûte à la collectivité l’équivalent de deux places et demi en crèche », note Frédérique. Rappelant sur ce point le travail de Jean-Louis Borloo qui, alors ministre délégué à la Ville et à la Rénovation urbaine en 2002 sous la Présidence de Jacques Chirac, avait fait défiscaliser la moitié du reste à charge pour les parents employeurs d’une auxiliaire parentale. Luttant ainsi contre le travail au noir et favorisant la reconnaissance du métier.

Help Familles est en tout cas heureuse de continuer d’exister et de pouvoir se développer tout en gardant son esprit associatif. A terme, le RAP devrait ouvrir son accueil-jeux tous les matins. Pour l’instant, il propose en ce mois de juillet des temps conviviaux de 18h à 20h afin de faire découvrir les locaux aux parents qui ne les connaîtraient pas encore. Et des déjeuners réunissant enfants et professionnels.
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 04 juillet 2019
Mis à jour le 09 décembre 2019