Janine Lévy, une pionnière de la motricité des bébés
« Elle est un peu oubliée. Aujourd’hui les travaux de Pikler-Loczy sont beaucoup plus connus des professionnels que ceux de Janine Lévy » regrette Monique Busquet, psychomotricienne qui fut l’une de ses élèves avant d’être sa collaboratrice.
Janine Lévy, kinésithérapeute formée à l’anglo-saxonne, travaillait avec des enfants en situation de handicap. A la fin des années 60, elle rencontre la psychologue-psychopédagogue Danielle Rapoport et découvre les pouponnières et les crèches de la ville de Paris. De là naît son intérêt pour le développement psychomoteur et la motricité des bébés, qu’elle a conceptualisé en mettant au point des techniques de l’Éveil du tout-petit. Et elle a formé toute une génération de professionnels à cette approche inspirée de son expérience avec les enfants porteurs de handicaps (voir encadré).
Partir des capacités de l'enfant
« On peut dire qu’elle a été la première à libérer la motricité de l’enfant. Elle a presque inventé les tapis au sol ! », remarque Monique Busquet.
L’Éveil du tout-petit, part des capacités de l’enfant et respecte sa neuro-motricité. Mais les professionnels, observateurs bienveillants, sont là pour l’aider en lui donnant ce petit coup de pouce qui va le faire progresser. C’est toujours l’enfant qui, au final, agira. La méthode « Janine Lévy » donne aux auxiliaires de puériculture et éducateurs de jeunes enfants les gestes professionnels pour accompagner le tout-petit, chaque tout-petit, dans ses efforts pour se retourner, ramper, s’asseoir…
Aujourd’hui, même si l’Éveil du tout-petit a un peu évolué, l’esprit de sa pionnière reste intact.
Des reproches injustifiés ?
Ces techniques dites de l’Éveil du tout-petit ont parfois été critiquées. On leur reprochait de sur-stimuler les bébés. C’est qu’elles ont parfois été appliquées comme des recettes. Hors contexte et hors projet. On retenait juste que faire de la gym dix minutes par jour avec un bébé sur un ballon c’était bien. « Il y a eu des dérives, reconnaît Monique Busquet. Si on oublie le sens et la philosophie de la méthode, oui on peut s’égarer. ». Le sens de cette gymnastique avec les bébés comme l’appelait Janine Lévy, c’est non seulement faciliter le mouvement de l’enfant, c’est aussi une individuation de la relation et beaucoup de plaisir partagé. Et ça, c’est vraiment fondamental. D’où l’ancrage de l’Éveil du tout-petit dans ce qu’on appelle aujourd’hui la Bien-traitance. Bien-traitance en deux mots, le contraire de la sur-stimulation et des activités motrices collectives, organisées et imposées en fonction de l’âge, des enfants.
Janine Lévy et le handicap
Elle avait une approche très globale et, selon Monique Busquet qui a travaillé à ses côtés, « elle a vraiment innové sur le champ du handicap ». C’est elle d’ailleurs qui fut à l’origine des premiers CAMPS (Centres d'Action Médico-Sociale Précoce) destinés aux enfants de moins de 6 ans. Sa façon de travailler s’appuyait sur trois grandes idées :
• Il faut s’occuper des enfants porteurs de handicaps au plus tôt
• Il faut associer les parents car ce n’est pas en Une demi-heure de rééducation par semaine qu’un petit progressera
• Il faut s’appuyer sur les capacités de l’enfant et non partir de ses incapacités. Mine de rien, ce dernier point surtout était révolutionnaire ! Et c’est lui qui allait lancer l’Éveil du Tout Petit dans les crèches parisiennes à la fin des années 60.
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