Les jouets gigognes : un incontournable des moins de 3 ans
L’image des poupées russes ou matriochkas illustre bien la caractéristique commune aux objets gigognes. Une grande poupée en bois qui s’ouvre en deux parties en cache d’autres de tailles décroissantes (en général sept) et ainsi de suite. Ainsi, chaque poupée, exceptées les deux extrêmes, est à la fois contenant et contenu.
Un classique des jouets premier âge
Le plus courant des jouets gigognes est une série de gobelets, qui s’empilent du plus gros au plus petit comme indiqué sur leur boîte d’emballage. Ils peuvent aussi servir de contenants pour jouer à l’eau ou au sable, d’où leur place parmi les jouets de bain, éventuellement percés. Vers un an, leur forme invite également à mimer le geste de boire, une des toutes premières activités symboliques. Une autre présentation est celle du cube composé de cinq faces pleines sur lesquelles sont imprimées des images, des chiffres, des lettres ou autre. Faciles à prendre en main ou surdimensionnés, fermés ou laissant un côté ouvert, ils se déclinent en tissu, en carton, en plastique et en bois. Ce jouet est incontournable dans l’environnement ludique d’un enfant à partir de 4 mois, lorsque s’installe la préhension volontaire. Jusqu’à plus ou moins 3 ans, les éléments gigognes sont le support tantôt d’un jeu de manipulation, de construction ou de langage. Selon l’âge et quel que soit le mode d’approche, ils constituent un tout premier pas dans la pensée logique grâce aux activités d’observation, de manipulation et de classement, en commençant par différencier les notions de petit et grand.
• Conseil : À la maison ou en collectivité, ne pas hésiter à acquérir plusieurs jouets gigognes identiques ou différents. Avec les plus de deux ans, la proposition de deux ou trois séries en même temps rajoute une difficulté intéressante : identifier les éléments qui appartiennent à chaque catégorie.
Un jeu de découverte et de motricité fine
L’âge indiqué par les fabricants est souvent celui de 6 mois, parfois 12 ou 18 mois. Les premiers jouets gigognes à privilégier sont ceux qui sont arrondies car plus faciles à saisir. Le bébé est attiré par les couleurs vives et sa vision guide la main. Dès quatre mois, il soumet d’autant mieux le gobelet à son exploration qu’il est léger : mettre la main dedans, le porter à la bouche, le faire rouler, le taper, le lancer, etc. Dès qu’un enfant se tient assis de lui-même, il libère ses mains pour être plus actif : manipuler, poser et reprendre, taper deux objets l’un contre l’autre, en passer un d’une main dans l’autre. La manière de jouer dépend aussi du style de présentation : soit les éléments en un seul bloc car emboités les uns dans les autres, soit séparés et disposés au sol ou sur une table. Pourquoi pas aussi en empiler quelques-uns pour susciter l’intérêt ? Pour se faire sa propre idée, rien de mieux que d’essayer différentes mises en scène du même jouet et d’observer les réactions des enfants.
• Conseil : Une belle occasion pour le professionnel d’exercer ses qualités d’observation et d’affiner sa posture d’accompagnement. Dommage de s’interdire d’interagir avec le joueur et de l’aider avec modération sous prétexte qu’il devrait absolument trouver tout seul comment emboîter ou empiler.
Un jeu de construction qui évolue avec les étapes du développement
Le nombre de gobelets ou de cubes gigognes peut aller, selon les marques de jouets, jusqu’à dix. Ils sont souvent en plastique mais aussi en bois ou en carton, en couleur unie ou avec des motifs. Commencer à faire une tour est une activité qui témoigne des progrès sensori-moteurs et cognitifs. Dans les baby-tests utilisés par les psychologues, la capacité à empiler deux cubes à 12 mois, quatre à 18 mois, six à 24 mois, huit à 30 mois est un indicateur développemental. La progressivité des cubes gigognes, du fait de la légère différence de dimension entre deux cubes côte à côte, rajoute une difficulté supplémentaire par rapport à des cubes au format unique. De ce fait, chaque cube (ou toute autre forme) a une place et une seule, que ce soit pour former un seul bloc compact ou pour faire une tour du plus grand au plus petit. Cet assemblage sollicite l’attention visuelle, la dextérité, la capacité de concentration et s’accompagne d’opérations mentales en vue de classer, comparer, évaluer les différences, trouver une solution … Si un rebord existe sur chaque pièce, l’ajustement sur la précédente et le maintien de la tour ainsi formée sont facilités. Lorsque la hauteur de la pyramide (cubes grand format) ainsi formée atteint la taille d’un enfant d’un an (environ 75 cm,) le jeu engage toute sa motricité.
• Conseil : Privilégier le tâtonnement et respecter les stratégies individuelles : empiler au gré du hasard et recommencer depuis le début à chaque échec, disposer les éléments de manière à retrouver facilement leur ordre d’empilage, mémoriser l’ordre des couleurs qui garantit la réussite, etc. Ne pas s’interdire, si l’enfant est demandeur, de lui tendre le cube suivant pour qu’il le dépose lui-même.
Un jeu qui interpelle la pensée et l’imagination
La présence d’un motif en relief sur un gobelet ou d’images sur les faces d’un cube sollicite indirectement le langage. Pendant qu’il manipule, l’enfant à un moment ou un autre pointe le doigt sur des éléments qu’il reconnaît : un animal, une couleur, une forme, un personnage... Plusieurs marques proposent une série de dix grands cubes en carton épais qui offrent la possibilité de décliner un ou plusieurs thèmes sur un total de cinquante faces. Les variantes sont donc énormes : les nombres de 1 à 10, les constellations (représentations avec des points), une collection de fruits, d’animaux ou d’objets familiers comme dans un imagier, une histoire vécue par Elmer, Petit Ours brun ou un autre héros des tout-petits. Parfois, c’est un grand motif qui est présenté sous forme de puzzle vertical, un arbre ou une girafe par exemple. Certains fabricants prévoient un décor complet à composer en alignant les cubes horizontalement. À ce jeu d’observation visuelle et de langage, se rajoute une dimension imaginaire renforcée par l’ajout de figurines fournies ou non par le fabricant, ce qui permet de raconter une histoire mais aussi de jouer à cacher l’une d’elles et deviner laquelle.
• Conseil : Choisir le bon moment pour créer une situation d’interactions langagières : nommer, désigner, associer les images, décrire ou raconter une histoire selon la nature des illustrations. Veiller à maintenir l’équilibre entre l’orientation du dialogue sur des connaissances et le respect des initiatives spontanées de l’enfant.
Les jouets les plus simples sont souvent les meilleurs
Les éléments gigognes, selon l’âge et la personnalité de l’enfant, au gré des circonstances, sont le support de jeux orientés plus vers l’exploration sensori-motrice ou plus vers l’activité mentale. Ils sont utilisés seul, entre pairs ou avec un adulte. Ce jouet peut autant faire partie de ceux qui sont posés en permanence à portée de mains des enfants (en jeu libre) que de ceux qui sont choisis à un moment donné en vue d’établir une relation privilégiée avec un enfant (en jeu accompagné).
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