La motricité fine en 4 points-clefs

Quand on entend parler de motricité fine, on a vite tendance à penser « enfants installés autour d’une table » voire même « découpage et activités graphiques ». Seulement, dans le milieu de la petite enfance, avant d’en arriver là, il va falloir être patient et passer par différentes étapes. Par Emmanuelle Langlois, psychomotricienne.

 
Les grandes étapes de la motricité globale semblent plus retenir l’attention (et oui on se rappelle plus aisément à quel âge Paul a fait ses premiers pas que tenu sa petite cuillère pour la première fois), il est donc bon de faire un petit point sur les grandes étapes du développement de la motricité fine.

Qu’est-ce que la motricité fine ?
La motricité c’est l’ensemble des fonctions qui permettent le contrôle de ses mouvements. La motricité fine concerne les mouvements précis qui sollicitent les petits muscles et notamment ceux de la main et des doigts. Saisir un objet, le lancer, porter un objet à sa bouche mais aussi découper ou dessiner font partie de ces mouvements fins.

Motricité fine : comment évolue-t-elle
On parle ici d’évolution car comme pour la motricité globale, l’âge d’acquisition des différentes étapes varie d’un enfant à l’autre. Là encore chacun son rythme ! En revanche ce qui ne varie pas c’est l’ordre dans lequel ces étapes se mettent en place.
En effet, l’acquisition d’un geste, quel qu’il soit, dépend de deux grands facteurs :
• L’équipement neurobiologique de l’enfant : maturation cérébrale et capacités perceptives et cognitives
• Son environnement et les stimulations qu’il reçoit.
Voici pourquoi il existe tant de différences entre deux enfants du même âge.
En revanche, l’évolution se fera toujours dans le même sens car elle obéit à une loi neurologique : la loi proximo-distale. En clair, cela signifie que l’évolution du tonus et donc le contrôle du geste se fera toujours du centre du corps vers la périphérie. Ainsi l’épaule sera contrôlée avant la main et la hanche avant le pied. Le petit enfant  contrôlera  en premier ses bras, puis ses mains, puis ses doigts.

A savoir : parmi les capacités perceptives nécessaires à l’acquisition d’un geste, l’une des plus essentielles dans le développement de la motricité fine, c’est la vision. C’est parce que l’enfant perçoit l’objet dans son champ de vision qu’il cherche à diriger son geste vers lui.

Motricité fine : les différentes étapes
Avant de pouvoir saisir intentionnellement un objet, le nouveau-né est dans une motricité reflexe. Il n’a donc aucun contrôle sur celle-ci. Ainsi, un nourrisson qui vous agrippe le doigt ne signifie pas qu’il est heureux de vous avoir près de lui (même s’il l’est vraiment) c’est juste son reflexe de grasping qui s’exprime.
Après 3 mois environ, ce reflexe va disparaitre au profit d’un réflexe de contact puis la préhension deviendra volontaire. Cette préhension va ensuite prendre différentes formes avant d’arriver à la fameuse pince pouce-index .
• Au départ, le bébé n’utilise qu’une seule main. Il parviendra ensuite (vers 5 mois environ) à faire passer un objet d’une main à l’autre pour enfin parvenir à utiliser ses deux mains. (à partir de 6 mois)
• De plus, cette préhension sera d’abord cubito-palmaire (on dit que l’enfant ratisse) puis digito-palmaire (les doigts se replient en crochet vers la paume) et enfin radio-digitale  (avec le pouce qui se détache des autres doigts). La pince pouce index terminera cette évolution aux environs de 9 mois
• Le lâcher, quant à lui, deviendra intentionnel une fois cette préhension installée
• Viendra ensuite la latéralisation (entre 2 et 4 ans) c’est-à-dire l’utilisation préférentielle d’une main pour ses manipulations.

Motricité fine : la  place du professionnel de la petite enfance dans son évolution
L’environnement est essentiel dans la mise en place de  ces différentes étapes. Le rôle des pros est donc multiple.
• Il faut mettre à disposition de l’enfant des objets adaptés à ses capacités. Inutile par exemple de proposer des « méga bloc » à un enfant qui ne maitrise pas la coordination bi-manuelle. Mieux vaut  lui proposer des cubes simples qui peuvent s’empiler à une main.
• Proposer des situations nouvelles avec parcimonie. L’enfant a besoin de répétition pour acquérir et s’approprier le geste. Lui proposer des situations nouvelles alors qu’il vient juste de maîtriser un geste ne fera que le confronter à l’échec. Proposer un seul nouvel objet à la fois au milieu de ceux qu’il maîtrise déjà afin de varier la stimulation en douceur.
• Alterner des situations qui stimulent la précision et celles qui musclent. Par exemple, manipuler un petit sac sensoriel ou malaxer du sable kinétique permet de muscler les différents muscles de la main alors que transvaser de l’eau ou trier des bouchons stimulera une coordination précise.
• L’encourager et le féliciter. Prendre le temps de le regarder en action et de valoriser ses efforts et ses progrès. Plus l’enfant se sent apprécié et valorisé, plus il a envie d’avancer et de persévérer.  Ces encouragements doivent bien entendu être réguliers.
• Assurer sa sécurité. Il est évident que l’on ne proposera pas d’objet pouvant être ingéré à un enfant qui met encore les jouets à la bouche
 
Article rédigé par : Emmanuelle Langlois
Publié le 18 novembre 2016
Mis à jour le 08 mars 2019