Les garçons, leurs mères et les clichés ! Par Nadège R

Assistante maternelle

Petit garçon avec une poupée sur une balançoire

Je ne sais pas vous, mais moi je n'en peux plus d'entendre que j'ai un garçon et que ça va être la cata. Les préjugés ont la vie dure et les stéréotypes vont bon train.
Le souci, c'est que j'ai moi-même des "peurs" face à mon rôle de maman d'un petit mec. Je vais être directe, n'en déplaise, mais je voulais une fille. Je rêvais d'une fille. Pire je ne voulais pas de garçon. Trop de préjugés et d'images négatives sur les p'tits gars et les premières expériences en garde d'enfants et baby-sitting m'avait conforté dans cette crainte (j'ai eu à garder de vrais petits monstres !). Puis la nature s'en est mêlée et m'a privé d'être maman. Pour finalement me faire cadeau, à la surprise générale, d'un petit être qui pesait dans mon bidou.

Lorsque j'ai su que c'était un garçon, à 3 mois de grossesse, j'ai mis du temps à l'accepter. J'ai espéré que c'était une erreur et lorsque ce fut avéré (sûr, sûr, sûr, Lol!) à 5 mois de grossesse je me suis résignée. Oui j'ai été déçue, c'est tabou de dire ça mais je n'ai pas honte. Je ne pouvais pas aller contre ce que je ressentais. J'étais déçue c'était comme ça. J'avais, pour une raison que j'ignore, l'attente d'une petite fille, de voir grandir une fille. Un regard sur lui et ce fut l'amour fou....
Fusionnels, tous les deux. On me le rabâche souvent. Parfois dans un sens critique, parfois non. Car oui des critiques tu vas en recevoir, ô toi mère d'un garçon !

1. S'il est distant et pas câlin comme bébé, on va te dire « tu vois c'est un garçon, je t'avais prévenue. » Moi ce fut le cas inverse : un vrai koala ! Du coup, j'avais la critique opposée : « tout le temps dans les jupes de sa mère ! »
Ça agace, ça surprend, ça énerve ! Alors qu'une fille on va plus facilement …ne rien dire par exemple !

2. Justement on m'avait prédit un petit être démoniaque mais attachant, distant, pas câlin, qui n'aimera pas rester assis. Un garçon quoi ! Eh bien je ne vous dirai pas que j'ai un petit ange (aux dernières nouvelles garçon ou fille ça n'existe pas, d'ailleurs un ange c'est asexué ! et toc), mais j'ai eu un petit bébé adorable, d'un calme dingue qui adorait se lover près de maman. Un p'tit koala qui aimait le regard de sa maman sur lui, qui aujourd'hui à 2 ans et demi, et ce depuis longtemps, lit des livres en silence sur son coussin, quand bien même 5 minutes avant il faisait rouler ses voitures en poussant des vroom sonores ! Oui un petit garçon joue aux voitures, il a aussi une poussette, un bébé, il lit des livres au calme et fait des puzzles. Parfois, il n'est pas concentré pour une activité assise mais en face de lui une petite fille, en garde, de son âge est tout aussi déconcentrée, donc ça ne vient pas du fait qu'il est un garçon !

3. Les poussettes les dinettes d'ailleurs parlons- en ! On va te vanter l'équilibre des genres "moi ma fille elle a eu une voiture télécommandée à Noël" dixit un jeune papa, fier comme tout que sa fille s'y intéresse ! Par contre toi ton loupiot, ton p'tit mec, va pousser fièrement son poupon dans sa poussette et là tu verras le même papa déglutir ! Ou le papy Gégé, ou le tonton Gérard, même ta mère et ta belle- mère vont y aller de leur petite réflexion : « quand même une poussette ?! Pourquoi tu lui as acheté ça ?», «Tu veux qu'il soit homo ou quoi?» (Oui celle-là c'est la pire !). On m'a déjà accusé de lui offrir des jouets "de filles" parce que justement je n'en avais pas (celle- là aussi elle est pas mal !) Noooooon stop arrêtez tout !

Vous avez peur de quoi ? Qu'il traite plus tard sa femme avec égalité ? Qu'il participe au ménage à la cuisine qu'il s'occupe bien de ses enfants ?
Il a 2 ans et demi, il adore les poussettes, faire un câlin à son bébé et le bazarder 2 minutes après pour une voiture, mettre un gâteau en bois dans le four ou juste un Lego ! Je suis assistante maternelle, je lis, je me forme, j'apprends et j'ai à cœur que les enfants jouent avec ce qu'ils veulent et que les parents le comprennent ! Ce n’est pas un garçon ce n’est pas une fille : c'est un enfant Ils sont tous pareils, ils aiment tous les mêmes choses tout en ayant des centres d'intérêts différents. À 2 ans on aime pousser : que ce soit une poussette, un caddie en bois, ou un tracteur !
À 2 ans on fait glisser des voitures sur le sol, on fait couler des faux cafés pour maman et nounou, on met des gâteaux au four, on aime lire des histoires, on aime aussi courir, crier sauter ! Arrêtez les préjugés ! J'ai ici en garde des petites filles qui ne pleurent jamais, d'autres qui sont très brutes avec les jouets et les autres enfants, et des p'tits gars qui pleurent au moindre bobo, qui jouent à la dînette et d'autres qui font la bagarre ! Tout cela n'est pas propre au sexe de votre enfant mais aux comportements que vous leur inculquez, aux jouets que vous mettez à leur disposition ! Oui mon fils est calme (certains en sont étonnés) comme il peut être un p'tit morpion (pour ceux qui le voient tous les jours, oui je suis objective quand même Lol! ). Oui il fait des colères. Oui il fait des câlins. Oui je l'aime car il est mon enfant et que même si j'ai peur de notre relation quand il va grandir (car oui les préjugés ont la vie dure), j'en ai marre de la pression sociale qu'on me met, à lui comme à moi d'ailleurs, sur le dos parce que c'est un garçon !

J'en ai marre que de parfaits inconnus me disent qu'il est calme pour un garçon, j'en ai marre qu'on me dise que je dois le lâcher car c'est un garçon et que je vais souffrir de son départ, que je dois couper le cordon car lui m'oubliera à l'âge adulte (oui, oui on m'a dit tout ça), que je dois me focaliser sur mon couple en prévision de son adolescence. Bref ! J'en ai marre ! Pourquoi me dire tout cela ? Pourquoi autant de préjugés ? Oui c'est vrai les hommes et les femmes sont différents c'est sûr et oui peut-être sera-t-il un fils distant et froid à l'âge adulte qui aura besoin de couper le cordon avec sa mère pour vivre sa vie mais pour l'instant c'est un enfant, c'était juste un bébé.
Alors en tant que maman et en tant qu'assistante maternelle, je clame haut et fort ce message : laissez les garçons et leurs mères tranquilles ; si mon fils tombe et a envie de pleurer, je lui dirai toujours que c'est normal de pleurer et ça ne changera pas !