Prendre soin de soi et de son corps : une question de « mémoires corporelles » ! Pare Monique Busquet
Psychomotricienne
La plupart des professionnels en ont conscience. Mais peu le font réellement et concrètement, souvent par manque de formation, mais pas seulement : « on n’a pas le temps, on y pense quand on mal, c’est tout, ensuite on oublie ! » Est-ce réellement une question de temps ? Qu’est-ce qui bloque ?
En effet, il est particulièrement difficile de modifier ses façons de faire, ses gestes, ses postures, ses mouvements. Nos « mémoires corporelles », mémoires de ce que nos corps ont vécu, mémoires des mouvements habituels que nous avons intégrés, sont profondément ancrées dans notre corps. Ces mémoires permettent d’automatiser nos gestes de façon durable, de libérer notre attention, d’être rapide et efficient au quotidien, sans avoir besoin de réfléchir.
Ainsi, lorsque nous avons appris à faire du vélo dans notre enfance, nous savons en faire toute la vie, même sans nous y entrainer. De même, lorsque nous avons appris à conduire, les gestes et coordinations nécessaires, pourtant complexes se sont automatisés.
Mais la résistance et la persistance de ces mémoires corporelles, sont aussi un obstacle au changement d’habitudes.
Modifier nos mouvements mémorisés et automatisés, même lorsqu’ils ne sont pas justes nécessitent une grande attention. Par exemple, pour se relever et s’asseoir depuis la position plat dos (et se rallonger), le mouvement qui s’est mémorisé dans le corps, est bien souvent un mouvement « non physiologique », source de tensions et douleurs dorsales, en lien sans doute avec le fameux mouvement du « tiré-assis ». Or le mouvement physiologique, autant pour les bébés que pour les adultes, est un mouvement de rotation, en prenant appui sur le côté et non un mouvement direct. Modifier ces automatismes pour faire un mouvement « plus juste » est vraiment une des bases pour éviter les douleurs dorsales.
Choisir de prendre soin de soi, demande également de dépasser d’autres freins ou obstacles. La plupart des professionnels sont particulièrement courageux : ne pas écouter ses douleurs, ne pas les prendre en compte, faire passer les besoins des autres avant les siens… Prendre soin de soi est trop souvent considéré comme de l’égoïsme. Bien au contraire, prendre soin de soi, c’est, dans la durée, préserver sa santé, sa vitalité, ses capacités, c’est donc aussi prendre soin des autres. Vous le valez bien ! Vous êtes précieux !
Cette prévention est nécessaire dès le début et tout au long de la vie professionnelle. Chacun peut modifier ses gestes et habitudes. Et cela, à tout âge.
C’est un vrai choix à faire. Il est nécessaire de se former, d’expérimenter des mouvements justes, de bien les comprendre et les sentir. D’apprendre les mouvements qui permettent de détendre les muscles lorsqu’ils ont été fortement sollicités, de connaître des postures et mouvements antalgiques. Cela demande d’y consacrer soi-même de l’énergie, d’y investir de l’attention, du temps, de s’entrainer et s’exercer. C’est oser revenir aux mouvements que font les bébés : se regrouper, s’enrouler, se retourner, faire du quatre pattes, s’accroupir, utiliser la position du chevalier servant…Et vous pouvez expérimenter vous-mêmes en présence des enfants. Ils en bénéficieront aussi…
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