Ram un jour, Ram toujours ? Par Françoise Näser
Assistante maternelle, auteur
Le Relais, depuis sa création, se veut un lieu de rencontre, de convivialité, d’échanges. Les tout-petits accueillis par leur assistante maternelle viennent y jouer, participer à des activités, rencontrer des copains du même âge. Leurs parents peuvent y trouver des renseignements sur les modes d’accueil de leur commune, des informations, parfois des conseils. Les assistantes maternelles y brisent leur sentiment de solitude, rencontrent et échangent avec leurs collègues et l’animatrice (1). Elles viennent aussi s’y former parfois ou participer à des séances d’analyse de pratique. La Caf y glane des données collectées, car le Ram est aussi un observatoire de la Petite Enfance.
Les animatrices de Ram ont donc fort à faire ! Dynamiques, investies, accueillantes, elles s’échinent, souvent avec peu de moyens, à améliorer notre quotidien. La plupart du temps éducatrices de jeunes enfants, elles sont devenues des actrices indispensables de l’accueil individuel, personnes de confiance, personnes de référence, personnes ressources, et l’on ne s’imagine plus travailler comme assistante maternelle sans fréquenter son Ram, assidûment ou de temps en temps. Et pourtant tout n’est pas rose partout. D’une part, les Relais ne sont pas présents sur tout le territoire, et d’autre part là où il y en a un, les assistantes maternelles ne le fréquentent pas toujours. Pourquoi ?
Les unes adorent leur « ramette » et ont retrouvé un second souffle dans leur vie professionnelle depuis qu’elles assistent aux ateliers que celle-ci organise : elles y ont découvert la motricité libre ou la méthode Montessori, elles participent à l’initiation musicale ou à la Fête de Noël, elles ont pu parler de leurs petits ou gros tracas concernant l’accueil de tel ou tel enfant, de souci relationnel avec un parent-employeur, elles ont fait la connaissance de nouvelles collègues qu’elles ne connaissaient pas encore, elles se sont jointes à des sorties en commun. Elles ont aussi été motivées à s’inscrire à la formation continue. Elles se sentent moins seules et retrouvent le sourire.
D’autres au contraire, entretiennent des liens conflictuels avec l’animatrice, ne se sentent pas à l’aise au Ram, observées et jugées. On reproche aussi parfois des renseignements juridiques erronés donnés aux parents, des préférences nettement affichées, des abus de pouvoir. Le Relais peut aussi être trop éloigné géographiquement, difficilement accessible sans voiture, ou bien, victime de son succès, proposer trop peu de créneaux horaires. Il faut parfois s’y inscrire longtemps à l’avance, avec le risque de devoir annuler son rendez-vous en cas d’imprévu. La fréquentation du Ram, souvent très appréciée, n’est cependant pas plébiscitée par toute la profession.
Pour nos parents-employeurs, le Relais peut néanmoins représenter un gage de qualité d’accueil et de socialisation de leur enfant. Ils peuvent se sentir tranquillisés de nous voir sortir de chez nous pour participer à des animations, rencontrer des collègues dans un lieu sécurisé, encadrées par des professionnelles diplômées. C’est un peu le fonctionnement rassurant des crèches familiales : cet accueil individuel-là est tout de même un petit peu collectif, une sorte de compromis. L’assistante maternelle accueille les enfants à son domicile tout en faisant partie d’un réseau, participe à des séances collectives, est plus suivie, plus souvent inspectée.
Car depuis le rapport Giampino, et tous les autres rapports sortis récemment, on s’en doutait un peu, et voilà donc que cela se précise ! Pour rassurer nos parents-employeurs, les élus, les Pmi, il faut encadrer davantage les assistantes maternelles, mieux les surveiller, mieux les contrôler. Les associations de parents en particulier, souhaiteraient l’instauration d’un tiers dans nos relations contractuelles et financières : et c’est vrai que pour des employeurs ou des assistantes maternelles novices, tout ceci est très compliqué ! L’instauration d’un tiers pourquoi pas, mais ce tiers doit-il nécessairement être le Ram ? Le Relais est-il la panacée à tous les maux de l’accueil individuel ?
On propose de « conditionner l’octroi ou le renouvellement d’agrément à l’affiliation à un Ram » (2). Le Relais se verrait ainsi attribuer de nouvelles missions, de nouvelles fonctions, et des moyens financiers et humains plus importants. Car matériellement, cela impliquerait de nouvelles implantations de Relais à la charge des communes ou communautés de communes, la création de nombreux postes de « ramettes », l’organisation des déplacements des assistantes maternelles et des enfants pour assister à des sessions devenues obligatoires. Car ne soyons pas naïfs : qui dit obligation d'affiliation (bientôt), dit aussi obligation de fréquentation (peut-être), obligation d'assiduité (sans doute un jour)...
(1) au féminin car majoritairement des femmes
(2) Accueil du jeune enfant : l’analyse et les recommandations du HCFEA