Hommage à toutes les professionnelles de la petite enfance . Par Amandine Micoulin

Puéricultrice, cadre de santé

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professionnelle donne biberon à bébé
Il était de bon ton ce mois-ci que de parler des femmes, de les valoriser, de leur donner la parole. Oui me direz-vous mais que le 8 mars alors hein… ensuite elles peuvent retourner à leurs changes, leurs activités d’éveil, leur présentéisme, leurs séquences pédagogiques.
Après tout, le 9 c’est la journée mondiale de rein, il ne faut pas exagérer, chacun a droit à son heure de gloire !
L’existence d’une telle journée est-elle bénéfique ou non ? Coincée entre la journée mondiale des agneaux et celle des plombiers ?
Ou alors, à l’inverse, est-ce que ce n’est pas ramener la femme a si peu de choses en somme ?

Dans mon expérience hospitalière puis celle de directrice de crèche, j’ai pu avoir le plaisir d’accompagner des milliers de femmes.  Celles qui commencent leur carrière et se questionnent sur leurs valeurs professionnelles, celles qui ont envie d’avoir une famille mais qui se culpabilisent de « faire ça » à leurs collègues de travail, celles qui essaient désespérément de faire se concilier leur vie professionnelle et leur vie privée.

Et puis, un jour, elles rentrent dans mon bureau, le visage à mi-chemin entre la culpabilité d’annoncer leur grossesse, la peur de la réaction de leur supérieur et en toile de fond, quand même, la joie qu’elles ressentent face à cette merveilleuse nouvelle mais qu’elles essaient désespérément de cacher.
En général, j’ai pour habitude d’éluder le suspens :  trop de stress, c’est mauvais pour le bébé. « Mais Amandine, comment savez- vous ? » me demandent- elles toujours.  J’ai très envie de leur répondre : « rien de plus simple, il suffit de déchiffrer ces trois émotions sur votre visage... » Ce à quoi je préfère : « Oh, vous avez bonne mine, félicitations ! ».

La plupart des jeunes mères que je reçois portent la responsabilité d’organiser le retour à leur vie professionnelle et donc de trouver le bon mode de garde pour leur enfant.
Il y a celles qui prennent un congé parental, celles qui changent d’emploi, celles qui se lancent en tant qu’autoentrepreneur, celles qui reprennent leurs études...
Selon une étude DARES  « le temps durant lequel les mères sont auprès de leur enfant représente entre 71% et 81% de leur temps disponible, alors que le temps de garde des pères n'en représente qu'entre 5% et 65% ».

J’ai déjà entendu bon nombre d’horreurs prononcées et dites aux femmes, parfois même par d’autres femmes : « vous n’allez pas toutes tomber enceinte en même temps ! », ou alors « ah non, ce n’est pas le moment », « mais vous en avez déjà un non ? »…
Lorsque j’ai moi-même commencé en poste de direction et que j’ai été absente à une réunion pour garder mon fils « mononucléoseux », mes collègues m’ont fait remarquer que je ne devais jamais m’absenter les jours importants, quitte à laisser mon chérubin chez un voisin avec un bon antipyrétique et la TV. Cette capacité à être obstinément présente sur mon lieu de travail était le signe pour eux d’une grande motivation et d’un investissement certain. En dessous de 50 heures, sommes-nous réellement des cadres impliqués !?
Mais je digresse, et comme le dit Roman Frayssinet en tentant de glorifier le sexe faible, « les femmes feraient de bien meilleurs hommes que les hommes ».

Et bien mesdames, plus j’avance dans ma carrière, plus je vous croise à différents moments de votre vie et plus je vous aime !
J’aime votre capacité à vous occuper de tout et le faire comme si c’était simple, à vous amuser, vous recréer, vous instruire, vous battre, réconforter, soigner, garder les enfants des autres, faire preuve de bienveillance, de colère etc.

Alors, même si j’ai raté la journée mondiale du compliment (01/03/19), laissez-moi vous dire que je vous admire parce que vous êtes toujours en recherche d’un mieux pour vous ou pour vos familles, parce que comprendre la notice du pliage de la poussette (c’est une canne c’est pas compliqué quand même !) ne vous suffira jamais. Comment fait-on pour ne pas le voir ? Pour ne pas remarquer que Léon gagne mieux que Suzette alors qu’ils ont le même poste et le même métier ?
Et si Léon pouvait enfanter, est-ce que la société aurait tant besoin de remettre Suzette à sa place ? Histoire de compenser ce don si précieux qu’elle a et qui lui permet de vivre des choses bien au-dessus de tout le reste.
 
Article rédigé par : Amandine Micoulin
Publié le 22 mars 2019
Mis à jour le 17 janvier 2023