Qualité d'accueil en crèche : La Maison Bleue fait le point sur les mesures prises

Lors d’une conférence de presse organisée ce jour, le groupe de crèches privées La Maison Bleue a présenté tout ce qu’il a mis et va mettre en place pour améliorer la qualité de l’accueil et les conditions de travail de ses salariés. Et a annoncé la modification de ses statuts pour 2024. Le groupe deviendra en effet une Société à mission.

Actuellement, et ce de façon très claire, les groupes du secteur privé lucratif tentent de redorer leur blason. Il faut dire que les crèches privées ont été mises à mal par deux ouvrages parus récemment. Et que le rapport de l’Igas a tiré la sonnette d’alarme sur la qualité de l’accueil en général. « Nous avons eu envie de nous exprimer à la fin de cette année particulière », a ainsi introduit Claire Laot, directrice générale de La Maison Bleue. Une année « très intense politiquement » et où « le grand public s’est saisi du sujet de la petite enfance », a-t-elle souligné. Ce qui est une très bonne chose, selon elle. Et d’ajouter : « On attend de nous de la transparence ». Puis, elle a expliqué ce que le groupe a fait, avant et après le rapport de l’Igas pour améliorer la qualité d’accueil dans leurs crèches et les conditions de travail des professionnels de la petite enfance.

Un plan qualité avec un focus sur les ressources humaines initié en janvier 2023
La DG de La Maison Bleue a détaillé les mesures prises par le groupe, parmi lesquelles :

-    Augmentation de tous les salaires d’environ 10%
-    Création d’une centaine de postes de catégorie 1 pour être au-dessus de la réglementation : les directeurs de structures sont à temps plein en direction, fini donc le temps partagé entre section et direction. 
-    Renforcement des équipes de direction
-    Rénovation des salles de pause amorcée, qui se poursuivra jusqu’en juin 2024 (un investissement de plus de 400 000 euros)
-    Recrutement supplémentaire de 45 EJE
-    Ouverture de son centre de formation en ligne en janvier 2023

Depuis la mise en place de ces mesures, assure Claire Laot, « nous constatons moins de turn-over (…) il a baissé de trois points ».

Concernant les projets 2024 en faveur des salariés : gros travail de réflexion en cours sur la mutuelle, la flexibilité du temps de travail (semaine de 4 jours), la mobilité professionnelle. Et en décembre, des capsules vidéo bien-être seront diffusées via le centre de formation en ligne.

Renforcement des contrôles qualité en interne
« Nous les avons renforcés car il nous semblait fondamental de pouvoir être informé en temps réel de tout ce qui se passe dans les crèches. La pire des choses, dans un métier comme le nôtre, c’est de ne pas savoir. Le risque zéro n’existe pas (…), en revanche la tolérance zéro existe », a souligné Claire Laot.

Parmi les dispositifs déployés :
- La mise en place d’un comité qualité qui s’est réuni pour la première fois en novembre, et a vocation à se tenir tous les trimestres. « Il a pour missions, d’identifier les risques en crèche, de suivre toutes les remontées d’événements en crèche, d’en analyser les causes potentielles des risques afin de mettre en œuvre des plans de prévention, de déployer toutes les actions correctives et adaptées, et enfin, de veiller à la formation et prévention des équipes de crèche », est-il détaillé dans le communiqué.
- Un compte-rendu hebdomadaire de « tous les événements indésirables qui se sont passés dans les crèches ».
- La poursuite en 2023, de la certification de ses crèches avec Bureau Veritas, commencée en 2021. « En 2022, 15 crèches ainsi que le siège ont été certifiées. En 2023, 32 nouvelles crèches l’ont été. Annuellement et pendant 3 ans, les crèches certifiées vivent un audit de suivi. A la 4e année, a lieu un audit de renouvellement. L’objectif est d’avoir 100 % des crèches du groupe certifiées », peut-on lire dans le communiqué.

Pour prévenir la maltraitance en crèche : la hotline Tous Attentifs
En mai 2023, La Maison Bleue a lancé la hotline Tous Attentifs qui permet aux professionnels témoins de dysfonctionnements, de « situations non appropriées » de les faire remonter auprès d’un « référent éthique », avec une « garantie de confidentialité ». Pour l’heure, 22 cas ont été remontés. « 17 ont été transférés aux Ressources Humaines ou autres services pour traitement, car ils ne répondaient pas aux critères définis ; 5 contacts pour motifs avérés en crèches ont été traités avec un plan d’action précis », est-il indiqué dans le communiqué. A titre d’exemple, parmi ces 5 cas, une salariée qui donnait des « surnoms dépréciatifs aux enfants », a informé Claire Laot. Elle a été licenciée.

Le groupe a aussi développé une formation e-learning obligatoire pour leurs 4700 salariés relative aux situations inappropriées, qui « complète un dispositif de formation déjà existant sur ce sujet », est-il précisé.

La DG a abordé la question des repas et a assuré : « il n’y a jamais eu le moindre rationnement chez nous ». Toutefois, par mesure de sûreté, tous les mois un contrôle a posteriori sur les commandes des repas est effectué par rapport au nombre d’enfants accueillis. Un contrôle montrant que : « à ce jour, le Groupe La Maison Bleue commande plus pour ses crèches en France entre 5% et 10 % (voir plus) que le nombre d’enfants présents. A fin septembre, le surplus commandé est chiffré à 10%. »

Des conseils de parents et des parents référents
Dans la lignée de ce qu’a demandé la ministre Aurore Bergé, le groupe va lancer début 2024 des conseils de crèche dans lesquels siègeront des parents délégués élus par les parents. Des conseils qui se réuniront au sein des crèches tous les trimestres. Par ailleurs, un parent sera désigné parent référent (un dispositif également mis en place par Babilou). « Trimestriellement, nous allons organiser une instance institutionnelle avec la représentation des dirigeants de La Maison Bleue qui répondront à l’ensemble des questions des familles au niveau national », a précisé Sarah Ferrand, directrice métier.

Changement des statuts en 2024
« Cette année, nous avons entendu que les entreprises à but lucratif faisaient de la marge sur les crèches. La Maison Bleue n’a jamais versé un dividende à qui que ce soit. Tout ce que nous gagnons, nous le redépensons pour les crèches (…). On est comme dans un modèle associatif où il n’y a pas de redistribution des bénéfices. Notre format SAS n’a aucune incidence sur notre mode de gestion », a insisté Claire Laot. Et a annoncé une modification des statuts en 2024 : le groupe va en effet devenir Société à mission (A noter : ce n’est pas un changement de la forme juridique de la société). « Cet engagement fort renforce et pérennise sa politique RSE, en la plaçant au cœur même de la stratégie de l’entreprise », est-il noté dans le communiqué.
 
Article rédigé par : CF
Publié le 30 novembre 2023
Mis à jour le 10 juin 2024