La montée de la question de la qualité d’accueil… et l’oubli des assistants maternels. Par Pierre Moisset

Sociologue, consultant petite enfance

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femme faisant la lecture à un enfant
Nous assistons aujourd’hui à une focalisation du regard politique et social sur la qualité d’accueil des jeunes enfants… en accueil collectif. Des expériences récentes - et intéressantes - telles que « Parler Bambin », ou « Jeux d’Enfants », ont été menées dans différents réseaux de crèche avec pour objectif d’accroître la qualité éducative de l’accueil, notamment dans une perspective de lutte contre les inégalités sociales de développement des jeunes enfants. Très bien. Mais la montée de cet objectif dans l’accueil de la petite enfance laisse pour l’instant dans l’ombre les assistants maternels. Comme si ce mode d’accueil n’était que secondaire ou « par défaut ».

D’où la question : comment définir la qualité d’accueil en assistant maternel ? Une qualité qui ne soit pas considérée comme une copie un peu moins bonne de celle que peuvent proposer les EAJE ?
C’est cette question que j’ai abordée avec un groupe d’assistants maternels lors de deux séances de travail.

D’abord on tâtonne… Dans un premier temps, face au défi de définir leur qualité d’accueil les assistants ont répondu d’une part par des propositions ayant une structure en « Oui… mais ! » « On est souple sur les horaires.. mais il ne faut pas pousser… » Ce qui traduit la difficulté de dire au nom de quoi elles négocient des limites avec les parents. Les autres propositions étaient très générales : « participer à l’éveil de l’enfant », « Chaque enfant est différent… » Ce qui traduit la difficulté, pour les assistantes, de dire aux parents au nom de quoi elles prennent certaines options éducatives et pratiques.

Puis on ébauche… Suite à ce premier échange, nous avons pris conscience que l’on ne parvenait pas à une définition positive de la qualité d’accueil. Nous sommes donc passés par une question concrète : les sorties avec les enfants. Qui faisait quoi et pourquoi ? Une participante dit qu’elle sort tous les matins parce que, pour elle, il y a toujours une activité à faire sur la ville le matin, l’après-midi étant prise par les siestes et l’arrivée des parents à différentes heures. Une autre participante dit être moins systématique dans les sorties à l’extérieur mais tenir tout de même à sortir si possible pour « les bruits de la rue, le fait d’aller à la boulangerie - de dire bonjour, au revoir, merci, voir la rivière » plus généralement pour exposer les enfants aux activités de la ville et aux interactions sociales. Une autre encore dit ne pas sortir beaucoup parce qu’elle a beaucoup d’espaces à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur de sa maison avec un jardin, des poules, une mare, une salle de jeu…
Ce petit échange a permis de voir au nom de quoi les assistants font des choix éducatifs avec les enfants, et quels choix de vie elles peuvent faire : ainsi avoir un intérieur suffisamment fourni pour ne pas avoir forcément à sortir.
Il apparaît alors que la qualité d’accueil chez les assistants maternels ne consiste pas en une uniformisation des pratiques (tout le monde sort tous les jours) mais dans une diversité de manière de vivre et de faire avec les enfants qui doivent pouvoir être argumenter et présenter aux parents. Ce qui nous a amenés à cette première proposition de définition de la qualité d’accueil :

Chaque assistant maternel construit l’accueil des enfants à partir de son cadre de vie et de sa façon de vivre. Dans ce contexte, elle est attentive à la sensibilité et aux besoins de chaque enfant qu’elle accueille. Elle est capable de vous présenter et d’expliquer ses choix éducatifs et de vie pour les enfants en rapport avec son cadre de vie et son projet d’accueil.
Et cela n’est que le début, dans une prochaine chronique, nous verrons comment nous avons abordé la question du lien aux enfants et de l’affection.
Article rédigé par : Pierre Moisset
Publié le 08 novembre 2017
Mis à jour le 23 avril 2021