Les verrues : toujours bénignes chez les tout petits
Une verrue, un virus
D'origine virale, les verrues communes sont dues au Human Papillomavirus, ou HPV. Si l'on associe souvent le HPV au cancer du col de l'utérus, il n'y a absolument pas lieu de s'alarmer pour les enfants en bas-âge accueillis en collectivité. En effet, il existe 120 sous-types de HPV et le virus à l'origine de la verrue n'est pas du tout préjudiciable à la santé. « D'ailleurs, nous le portons tous sur notre peau sans pour autant développer des verrues » tient à rappeler la dermatologue, qui le compare à ce titre au virus de l'herpès. Reste que certains enfants sont plus susceptibles que d'autres d'être contaminés. En première ligne : les petits présentant un déficit immunitaire (très rare) ou ayant un terrain atopique, sujets à l'eczéma, à l'asthme ou au rhume des foins. Ces derniers seraient d'ailleurs 4 à 5 fois plus susceptibles de contracter des verrues que les autres enfants (1).
Verrues : des formes variées mais toujours bénignes
Ces tumeurs bénignes, souvent localisées sous les pieds (les fameuses verrues plantaires) ou sur les mains et les doigts peuvent apparaître partout sur le corps, y compris sur le visage, suite, par exemple, à la contamination lors d'un baiser par un parent lui-même affecté par des verrues (généralement planes dans ces cas). Comment les reconnaître ? « Chez les enfants, les verrues sont souvent des lésions uniques. En les grattant, on remarque parfois des petits points noirs qui sont en réalité des vaisseaux sanguins thrombosés. Elles peuvent être enchâssées dans la corne et donc dures à la palpation ou posées sur la peau, ce qui tend à rendre leur surface irrégulière. Elles peuvent aussi apparaître en mosaïque, mais c'est extrêmement rare chez le tout petit » précise le Dr. Penso-Assathiany. Quelle que soit leur forme, ces verrues ont un point commun : leur innocuité. D'ailleurs, « les verrues guérissent généralement spontanément en moins de 24 mois, ce qui explique qu'on ne recommande aucun traitement chez les enfants de moins de 3 ans » rappelle la dermatologue.
Des facteurs de contamination qui tendent à épargner les crèches
S'il y a consensus sur l'inutilité du traitement chez les tout petits, les facteurs de contamination, eux, tendent à faire débat. On soupçonne toutefois que les verrues se transmettraient avant tout par contact direct entre une peau présentant une lésion et une peau exposée et contaminée par la souche du HPV en cause. Par contre, la contamination environnementale, via un objet avec lequel l'enfant infecté aurait été en contact, serait beaucoup plus rare dans la mesure où « une verrue cornée et entière n'est pas contagieuse » rappelle le Dr. Penso-Assathiany. « La contamination est donc avant tout intra-familiale, entre parents (ou ainés) contaminés et les enfants. En effet, ce sont les copeaux de verrues, les squames répandus dans les salles de bain ou dans la baignoire quand on soigne la verrue qui sont les plus contagieux car ils contiennent de l'ADN viral » souligne-t-elle. « Identiquement, on sait qu'un objet en contact direct avec le virus lors du soin - comme une lime -, ne peut pas être décontaminé. Employé ensuite chez les enfants en bas-âge, il peut l'infecter » .
C'est aussi ce qui explique pourquoi les verrues sont finalement rares en crèche. En l'absence de traitement à dispenser par les professionnels, les risques de contamination sont très limités. Par contre, les assistantes maternelles accueillant des enfants plus grands en périscolaire ou ayant leurs propres enfants à charge ont une attention plus particulière à porter à la prévention de ces petites affections.
Les bons gestes de prévention
Au vu de cette faible contagiosité, « il ne faut pas se mettre martel en tête quand un enfant présente une verrue » rassure la dermatologue. Ainsi, les mesures d'hygiène habituelle (lavages des mains réguliers, utilisation des gels hydro-alcooliques, nettoyage régulier des surfaces du lieu d'accueil) sont largement suffisantes pour éviter les infections et « il n'est absolument pas nécessaire d'écarter l'enfant contaminé des zones de bain ou de jeu ».
Toutefois, quelques mesures spécifiques peuvent s'appliquer face à des enfants présentant des verrues, plus particulièrement chez les assistantes maternelles. Ainsi, si un des enfants plus âgés évoluant sur le lieu d'accueil est amené à réaliser un traitement (qui implique généralement de décaper la zone contaminée avant d'appliquer une solution à base d'acide salicylique), « mieux vaut toujours utiliser un instrument jetable (lime en carton) dont on se débarrasse immédiatement après le soin » rappelle le Dr. Penso-Assathiany. Identiquement, le soin doit être réalisé de préférence au-dessus d'un champ jetable (serviette en papier, etc.) pour éviter la dispersion des squames contaminées, a fortiori si les soins des enfants accueillis et de la famille se font dans la même pièce.
Ces précautions d'usage peuvent d'ailleurs aussi être conseillées aux parents par les professionnelles pour limiter la contamination à la maison, tout comme mettre un pansement sur la verrue de l'enfant avant l'accueil. L'objectif : au-delà des questions de contamination, éviter les frottements qui pourraient l'incommoder. Enfin, si un enfant accueilli présente plusieurs verrues, qui peuvent dans certains cas être un signe de déficience immunitaire, mieux vaut encourager les parents à consulter le pédiatre traitant rapidement.
Le site de la société française de dermatologie
(1) Penso-Assathiany D, Flahault A, Roujeau JC : verrues, piscine et atopie. Etude cas-témoin en cabinet de dermatologie libérale. Ann Dermatol Venereol. 1999 Oct;126(10):696-8
Mots clés : verrues, verrues bébé, verrue crèche, , HPV, Papillomavirus
Bassin, piscines à la crèche : un terreau fertile pour les verrues ?
Oui et non, avance la dermatologue, tant les affirmations tendent à varier selon les recherches dont les verrues ont fait l'objet. 'L'environnement humide semblerait favoriser la transmission des verrues plantaires, mais à condition qu'il y ait une plaie cutanée", rappelle-t-elle en précisant que "les bassins des crèches ne sont pas les piscines municipales : les risques d'exposition au virus sont bien moins élevés". Inutile donc de déprogrammer les jeux d'eau !