Education bienveillante : de quoi parle-t-on ?
L'un des premiers fondements de l’éducation bienveillante, c’est la théorie de l’attachement. Elaborée par John Bowlby entre les années 50 et 80, cette théorie met en exergue le fait que dans l’enfance, l’humain construit des modèles d’attachement, en fonction des interactions qu’il aura avec les adultes qui l'entourent, et de la façon dont ils sauront, ou pas, répondre à ses besoins. C’est à partir de ces premières expériences interactionnelles que l’enfant va construire sa base de sécurité, et cela va avoir des conséquences sur la façon dont plus tard, il va oser manifester sa détresse, demander de l’aide, et trouvera du soutien ; autrement dit, sur la façon dont il va créer des liens.
La psychologie positive : comprendre pourquoi ceux qui vont bien vont bien !
Un autre pilier de l’éducation bienveillante est la psychologie positive, que l'on confond souvent à tort avec la pensée positive. Non, pratiquer une éducation bienveillante, ce n’est pas voir la vie en rose 24h/24, avoir la pêche et l'envie de s’amuser même à 2h du matin. Ce n’est pas non plus être gentil et doux et prendre les choses du bon côté quand le petit B, 2 ans, exerce ses talents d’artiste sur le mur du salon avec des feutres non lavables. La psychologie positive, élaborée en 1998 par Martin E.P. Seligman, s’oppose à la psychologie clinique. Cette dernière s’intéresse à la pathologie, à la souffrance psychique, et émet des hypothèses sur ce qui amène le patient à souffrir, en analysant son vécu infantile ou la façon dont il interagit avec le monde, alors que la psychologie positive, elle, s’intéresse aux adultes bien dans leur peau, qui ont confiance en eux, réussissent professionnellement et affectivement. Elle répond à la même rigueur scientifique que la psychologie clinique mais n’étudie pas l’humain sous le même angle. La psychologie positive, donc, a pu tirer, à partir de l’étude sur des adultes épanouis, quels étaient les facteurs qui pourraient aider les enfants, à devenir confiants, responsables, empathiques, et résilients.
La Communication Non Violente (CNV) : le langage de l’empathie
La Communication Non Violente est un « langage », une façon de communiquer élaborée par Marshall B. Rosenberg dans les années 70, visant la connexion avec l’autre basée sur l’empathie. Elle découle de l’Approche Centrée sur la Personne de Carl Rogers, dont Marshall Rosenberg a été l’élève. La CNV invite chacun à se centrer sur ses propres besoins, à prendre la responsabilité de leur satisfaction, avec l’aide ou non des autres, auxquels il est alors fait une demande. Cette approche implique de prendre conscience de ses émotions, de savoir les nommer et les traduire en besoins à satisfaire pour ensuite passer à l’élaboration de stratégies visant à cet objectif. Elle invite à sortir du conditionnement induit par notre éducation et notre culture, qui nous amène souvent à poser des jugements moraux, des évaluations, des interprétations, sur ce qui ne sont en réalité que des faits observables par le prisme de notre propre perception.
Dans le courant de la Communication Non Violente, ont émergé des approches telles que celles développées par Haim Ginott, et mises en pratique par Adèle Faber et Elaine Mazlish, ou encore Thomas Gordon, qui ont adapté la communication Non Violente à des relations adultes/enfants. Aux travers d’ateliers à destination des parents et des éducateurs, tels que les ateliers « parler pour que les enfants écoutent », pour ne citer qu’eux.
Les neurosciences : une meilleure connaissance du cerveau de l’enfant et de ses possibilités.
Les neurosciences sont l’ensemble des découvertes sur le fonctionnement du cerveau. Grâce aux progrès de l’imagerie, celles-ci ont connu de grandes avancées ces 15 dernières années, venant ainsi infirmer certaines hypothèses ou en confirmer d’autres. On sait de mieux en mieux comment se développe le cerveau du jeune enfant, et ainsi appréhender avec plus de justesse ce que celui-ci peut faire, comprendre ou comment il se représente son environnement en fonction de son âge. On sait également que certaines compétences sont présentes dès la naissance (comme les capacités d’empathie ou le jugement moral), mais que celles-ci vont se développer de façon plus ou moins harmonieuse en fonction des interactions du bébé avec son environnement. Toutes ces découvertes nous indiquent comment il nous est possible d’accompagner les enfants dont nous avons la responsabilité, pour leur permettre d’avoir un développement le optimal possible.
Un accompagnement bienveillant qui s’appuie sur les compétences de l’enfant
En périphérie de tout ça, on retrouve tout un ensemble de pratiques issues du maternage proximal (comme le portage, l’allaitement,…) de l’éducation (comme la motricité libre ou la vision de Maria Montessori). Ces approches vont dans le sens d’un positionnement relationnel basé sur la confiance dans les ressources de l’enfant pour aller vers son propre développement, à partir de ses propres expériences sensorielles et motrices. Ce qui implique un soutien, un accompagnement bienveillant de la part de l’adulte, qui devient un tuteur qui accueille, enseigne et transmet à l’enfant par le biais de la relation qu’il construit avec lui, les compétences relationnelles et émotionnelles lui permettant progressivement d’appréhender les contours de sa propre identité et de son unicité.
On perçoit alors comment cette éducation bienveillante, invite à une perception de l’enfant comme un être de potentialités, que l’éducation et la relation vont lui permettre de développer. Il y est également question pour nous les adultes, de renoncer à agir dans l’intention d’éduquer à partir d’un projet pour l’enfant, mais de lui offrir des opportunités de découvertes de lui-même. Car, n’en doutons pas, une pleine connaissance et conscience de nous-mêmes, de nos limites, besoins et valeurs, favorisent la rencontre avec l’autre, la responsabilité et la pleine humanité.
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