Des couches lavables à la crèche
Le projet a été conçu bien avant l’ouverture de la crèche Artois.
Agnès Regani qui dirige la crèche Artois (42 berceaux et 14 personnes), présente dès l’origine du projet, explique : « la période expérimentale avant même l’ouverture de la crèche a été très importante et enrichissante. On a vraiment travaillé en amont pour décrire la couche que l’on souhaitait…et l’obtenir. »
Qui va laver les couches ? La future équipe travaillait alors sur deux sites différents, ce qui ne facilitait pas la tâche d’information et de formation de l’ASCOMADE. Son directeur, Vincent Gaillard, se souvient : « on a commencé par une réunion d’information pour expliquer que quelques crèches en France utilisaient déjà des couches lavables, que cela avait un intérêt environnemental, sanitaire et économique ». Il a fallu aussi lever un certain nombre de craintes : la perte de temps et le lavage. « Les auxiliaires de puériculture ont un rythme assez soutenu, elles avaient peur que les changes soient à la fois plus longs et plus fréquents. Qu’il y ait des fuites et que les bébés fassent plus d’érythèmes fessiers. Et surtout leur grande question était : qui va les laver ? Dès que l’on a eu l’accord de la Blanchisserie du Refuge, une association d’insertion par l’activité économique pour prendre en charge le lavage des couches, cela a été mieux. Avec elle, nous avons du mettre au point toute une logistique pour bien organiser le flux/sale-propre car il faut que la rotation soit rapide. »
Pour rassurer le futur personnel, la municipalité a même organisé un voyage d’étude en Bretagne pour visiter des établissements qui étaient déjà « passés aux couches lavables ».
Une couche lavable sur-mesureLa principale difficulté a ensuite été de trouver le bon modèle de couche. Et là, tout a failli être abandonné. Ce n’est que grâce à la coopération de la Blanchisserie du Refuge que la couche idéale a été inventée (c’est un brevet déposé désormais). Vincent Gaillard raconte : « nous avions choisi trois modèles du commerce. Les auxiliaires devaient les tester et noter sur une fiche le temps passé, les heures de change et leurs constats ou appréciations. Bilan négatif : aucun modèle n’était satisfaisant ». S’en est suivi un travail de co-création d’un modèle exclusif entre les puéricultrices et les pros de la Blanchisserie du Refuge. C’est ainsi que le modèle ANAKA est né. Le prototype créé en « tissu 100% bio mais résistant, avec des pressions et non des scratches a été accepté par les auxiliaires », dit fièrement Mme Patton, la responsable de la Blanchisserie du Refuge. « Aujourd’hui cette création et les services de lavage que nous offrons nous ont permis de créer 3 postes d’insertion ». La Blanchisserie du Refuge lave plus de 50 couches par jour avec une lessive industrielle, non agressive pour la peau, car les essais avec les lessives bio n’ont pas été pas concluants. Mais tout le protocole de lavage a été élaboré avec le laboratoire hygiène et santé de l’hôpital de Besançon et l’aide de l’ASCOMADE toujours.
Bilan plutôt positifEnfin puisque la crèche Artois allait ouvrir, les plans de change ont été créés sur mesure pour tenir compte des contraintes imposées par l’usage de ce type de couches : plans assez larges avec la place autour pour les poubelles spécifiques.
Il y a deux ans, la crèche Epoisses Chateaufarine s’est portée volontaire pour, elle aussi, adopter les couches lavables. Et son directeur Patrick Perron le confirme. Pour lui l’expérience est concluante « même si probablement il y a encore des petites améliorations à apporter au produit ».
Sans préjuger de l’évaluation en cours qui s’intéressera au ressenti des familles, au point de vue du personnel, au coût économique et aux retombées écologiques de l’utilisation des couches lavables, on peut penser que le bilan sera satisfaisant.
Un succès donc. Aucune réticence des familles. Bon accueil du personnel qui néanmoins repasse aux jetables en cas d’épidémies de gastro. Réduction des déchets et probables économies.
Pourtant la plupart des parents, eux, n’ont pas sauté le pas et restent des inconditionnels des couches jetables.
La crèche n’a pas fait école !
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