Jouer et apprendre avec les abaques
« Abaque » (d’abacus en latin), avant d’être le nom d’un jouet, est celui d’un support pour faire du calcul dont l’histoire remonte à l’Antiquité. Des disques troués sont déplacés un à un sur des tiges horizontales ou verticales en vue d’opérations simples ou complexes. Si les tiges sont fixées aux deux bouts, on parle plutôt de boulier numérique.
Pour jouer, un abaque est composé d’un socle en bois ou en plastique, de quelques tiges droites ou serpentées, d’une série de pièces percées, de formes et de couleurs différentes. Comme les autres jeux de manipulation, les abaques peuvent comporter des éléments géométriques abstraits (boules, cubes, cylindres, etc.) ou des éléments figuratifs (bateau, château, fleurs, etc.)
L’abaque est d’abord un jeu de motricité́ fine
Au début de la deuxième année, la maturation neurologique garantit une meilleure qualité́ des mouvements effectues par les muscles des doigts et des mains. Les premiers abaques ont trois tiges sur un socle unique et quelques boules faciles à̀ saisir à pleine main. Au cours de la troisième année, les enfants préfèrent des pièces plus minces, en plus grand nombre. Les abaques en plastique fournis avec des disques plats ronds ou en forme de fleurs à superposer sur des tiges de petit diamètre sont particulièrement apprécies par les enfants. Ils permettant différents niveaux de jeu sans les mettre en échec.
Comment joue l’enfant ? Il coordonne l’œil et la main, il utilise la pince inferieure (pouce et les autres doigts), il place et déplace, il empile et retire ... Au fil des expériences, il sélectionne la pièce qu’il veut prendre et la dépose sur une des tiges avec précision, il manifeste plus de persévérance et d’attention soutenue.
Quel est le rôle de l’adulte ? Pour les plus petits, poser le jeu sur un tapis de sol ; rajouter des
Contenants (bols ou boites) individuels pour rassembler les pièces percées. Veiller à̀ ce que les enfants ne les mettent pas à la bouche. Autour de la table, ne pas imposer la station assise. Toutefois, veiller à̀ ce que les enfants ne s’éloignent pas et éparpillent les pièces (en délimitant l’espace de jeu dédié aux abaques par exemple).
Tous les enfants (ou presque) aiment les jeux de tri
Dès 24 mois, les abaques font partie du matériel ludique qui directement ou indirectement aident l’enfant à organiser sa pensée : séparer ce qui est diffèrent et regrouper ce qui a la même propriété́ (couleur, taille, forme). Les abaques de quatre ou cinq tiges permettent à l’enfant de superposer des pièces de la même catégorie. Après 30 mois, les abaques qui intéressent les enfants sont les mêmes mais l’envie de jouer est renouvelé et renforcé par des fiches de modèles à reproduire. Sous forme de bandes à déposer sur le rebord vertical de l’abaque ou de fiches d’un autre format à poser à côté, les modèles sont conçus avec une progressivité dans les difficultés.
Comment joue l’enfant ? Il regarde, il sépare, il mélange, il repère, il choisit. Il alterne entre trier les éléments par catégorie en vue de les placer sur la tige correspondante et manipuler pour le plaisir de manipuler. Il choisit une fiche et cherche parmi toutes les pièces laquelle prendre. Il balaye son regard entre le dessin et l’abaque pour suivre pas à̀ pas le modèle sans se tromper.
Quel est le rôle de l’adulte ? Laisser chaque enfant libre de ses initiatives tout en créant un cadre propice à̀ un jeu calme. Ne pas freiner les interactions entre enfants lorsqu’ils s’échangent des pièces et se corrigent mutuellement. Sélectionner les fiches à mettre à̀ leur disposition entre le trop facile et le trop difficile. Accepter qu’un enfant choisisse de jouer avec les abaques sans se servir d’un modèle. Accueillir les idées fantaisistes des enfants, comme par exemple enfiler un disque percé à chaque doigt (comme un anneau) plutôt que sur les tiges.
L’abaque, un jeu d’assemblage et un puzzle vertical
Aux alentours de 30 mois, les enfants cherchent plus à donner du sens à leurs actions. Lorsqu’ils assemblent des éléments, ils aiment bien avoir un résultat en vue et sont sensibles à la dimension symbolique (représenter un objet ou un personnage). La plupart des abaques appartiennent à la catégorie « assemblage » de la classification ESAR, c’est-à-dire un jeu « qui consiste à réunir, à combiner, à agencer, à monter plusieurs éléments pour former un tout, en vue d’atteindre un but précis. » Ils peuvent se présenter comme un puzzle, le but étant de reconstituer une image verticalement au moyen de cubes alignés et superposés côté à côte, souvent sur une série de quatre tiges. Ces abaques à thèmes, tout en restant des jouets de motricité fine, de tri et de construction, ouvrent ainsi une porte sur l’imaginaire.
Comment joue l’enfant ? Il manipule, il fait des essais, il anticipe et déduit, il recommence, il vérifie. Il est motivé par le thème des illustrations.
Quel est le rôle de l’adulte ? Favoriser le tâtonnement et l’autocorrection sans refuser de l’aide aux enfants à leur demande au cas par cas. Encourager face aux difficultés et mettre des mots précis sur les actions effectuées.
L’abaque, un outil pédagogique
À l’âge de la crèche, les abaques sont source de progrès moteurs et cognitifs au même titre que la plupart des jouets. Leur manipulation amène les enfants à découvrir à leur rythme des notions abstraites. Avec les enfants de plus de 3 ans, les professeurs d’école utilisent les abaques pour aborder la notion de nombre et pour initier le raisonnement sur les collections d’objets. Présentés en atelier individuel sous forme de défis, ils gardent une forte composante ludique : l’enfant essaye de suivre la consigne représentée visuellement et signale sa réussite à l’aide d’une gommette ou d’une croix sur une fiche. Avec les enfants de plus de 6 ans, les abaques serviront à effectuer des opérations en visualisant les centaines, les dizaines et les unités. Les abaques sont un bel exemple de matériel qui permet une activité qui évolue du tout ludique au tout didactique.
Voir notre sélection d'abaques
Connectez-vous pour déposer un commentaire.