Petit billet d’humeur... virale. Par Miriam Rasse
A l’annonce des préconisations de l’Académie nationale de médecine pour faire face à l’épidémie, lors de la réouverture des structures d’accueil des jeunes enfants, il est intéressant de constater qu’un certain nombre de mesures sanitaires vont avoir une fonction de sécurisation psychique pour ces tout-petits : réduire la taille des groupes à dix enfants maximum par groupe et maintenir chaque enfant dans son groupe d’appartenance, limiter le nombre de professionnels intervenant auprès des enfants, accueillir un seul parent et son enfant à la fois.
De nombreuses crèches, notamment celles s’inspirant de l’approche piklérienne ont déjà mis en place, depuis longtemps, ces organisations. Pas dans des objectifs sanitaires, mais bien pour répondre aux besoins spécifiques de ces tout jeunes enfants et favoriser une individualisation de leur accueil.
Les professionnels savent depuis longtemps que la vie collective, pour un tout jeune enfant, est difficile même si la rencontre avec quelques pairs est enrichissante : trouver sa place dans un groupe et être assuré de sa place singulière, reconnaître et prendre en compte l’autre dans ses intérêts et envies différents des siens.
Les professionnels savent aussi depuis longtemps combien un petit enfant, même s’il a la capacité de nouer des attachements pluriels, a besoin de pouvoir construire des “relations stables, fiables et continues” (Winnicott) avec un nombre restreint d’adultes. Pour se sentir en sécurité affective suffisante pour pouvoir poursuivre son développement en l’absence de ses parents, pour pouvoir être actif, apprendre, créer, et interagir avec d’autres…
Un virus aux effets pédagogiques !
De nombreux professionnels aussi se sont déjà organisés pour accueillir, le matin et le soir chaque enfant et son parent afin d’individualiser ce temps de séparation et de retrouvailles si délicat pour l’enfant comme pour son parent, de favoriser un temps de transmission entre parent et professionnel dans une intimité d’échanges, et d’accueillir chaque enfant de façon personnelle, l’accompagner dans ce travail psychique que ces transitions lui demandent.
Alors, peut-être que ce virus sera plus efficace dans l’avancée de propositions pédagogiques que les luttes pourtant persévérantes des professionnels de la Petite Enfance et des collectifs qui les soutiennent (comme “Pas de bébé à la consigne”) qui se heurtent à des contraintes de rentabilité, d’efficacité et sécuritaires pour faire reconnaître la nécessité d’être à l’écoute et de prendre en compte la réalité des besoins et capacités des jeunes enfants !
Et, peut-être que ces mesures sanitaires qui visent à protéger la santé physique aura aussi des effets sur la protection de la santé psychique de ces tout petits. Car, le petit enfant n’est pas qu’un corps, c’est aussi une personne, un être d’émotion, de relation, de pensée : un être humain !
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