Les P’tits Bouchons : 4 jours sans horloges ni horaires
Rester à l’écoute du rythme des enfants
« Pourtant explique la directrice, EJE, je me suis aperçue via des observations de terrain que petit à petit, sans le vouloir, sans le savoir, nous perdions un peu cet esprit du respect du rythme de l’enfant dans le groupe ». Ainsi certaines pros avaient tendance à proposer le repas vers 11H30 avant même que les enfants ne manifestent quelque faim… Même tendance pour le goûter. Et particulièrement les lundi et mardi, journées très chargées où la crèche entre 9h et 17h est au grand complet : 24 à 25 enfants !
« J’ai observé et j'ai cherché à comprendre pourquoi… Pourquoi ce stress par rapport au temps. Cette crainte de ne pas être en phase avec la gestion de l'organisation pour la journée ou encore de ne pas être prêts pour l’arrivée des parents, etc. Et de fil en aiguille, explique Magali, « je me suis demandée si c’était sous l’influence de l’heure ? Et j’ai imaginé : que se passerait-il si on enlevait toutes les horloges pendant deux jours ? ».
Aucun repère temporel
L’équipe a bien accueilli l’idée de cette expérience insolite. Les parents aussi. Et tout le monde a joué le jeu pendant deux jours qui finalement se sont transformés en 4 jours tant les effets de cet « hors du temps » ont tout de suite été bénéfiques.
Plus d’horloges, plus de montres, les fuseaux horaires des téléphones portables que les professionnelles consultent lors de leur pause ont été changé. « On avait vraiment aucun repère temporel explique Magali. L’équipe s’est lancée dans ses journées juste guidée par les enfants. Et cela a été fabuleux !»
Décalage au niveau du goûter
Premier constat, les enfants quel que soit leur âge ont une horloge dans la tête … ou plutôt dans le ventre ! Au niveau des repas aucun décalage majeur n’a été constaté, même chez les grands. Et les « horaires habituels » des différents services de repas ont été maintenus. Aucun enfant n’a souhaité manger à des heures farfelues. En revanche les enfants mangeaient mieux car ils mangeaient quand ils avaient vraiment faim. Et pour la sieste aussi tout a été plus fluide car les petits n’avaient pas de temps mort après le repas, ils pouvaient aller se reposer dans la foulée et s’endormaient beaucoup plus facilement.
Le plus gros décalage enregistré fut celui du goûter. Les professionnels avaient tendance à le proposer trop tôt, sans doute en pensant aux parents qui venaient chercher leurs enfants assez tôt. Finalement, aucun enfant et aucun bébé même ne réclamait son gouter avant 16 h. Et quand les parents arrivaient avant la fin du gouter, cela ne leur posait pas de problème. Ils attendaient très sereinement. Il est vrai qu’ils avaient été informés en amont de l’organisation un peu particulière de cette semaine !
Une ambiance plus détendue
Le plus stupéfiant dans cette expérience fut sans doute le changement d’ambiance. Tout était plus fluide et serein, les professionnelles ont réussi à lâcher prise. Du coup les enfants aussi étaient très détendus… ! « C’était enchanteur ; nous nous sommes vraiment laissées guider par les enfants... le seul temps qui importait, était celui de l'enfant » dit Magali. A tel point qu’au bout de deux jours, l’équipe a souhaité prolonger l’expérience deux jours de plus jusqu’au vendredi qui correspondait à une journée pédagogique.
Au cours de cette journée de réflexion, chacun, très enthousiaste, s’est demandé comment garder les bénéfices de cette expérience y compris cette dynamique de cohésion renforcée constatée au sein de l’équipe. « On a cherché un compromis, explique Magali Delarche, on a décidé d’enlever les horloges des pièces de vie principales. On a gardé celles des dortoirs car cela permet de noter les horaires de sommeil de chaque enfant plus facilement. Et les téléphones sont présents dans les pièces de vie mais moins accessibles. »
Ces 4 jours sans horloges se sont déroulés en mars. L’avenir dira si les bénéfices constatés, et l’envie de garder ce rythme calqué au plus près de celui des enfants vont perdurer.
Grand Chalon : une culture commune entre les différentes structures d’accueil
L'EMA les p’tits bouchons fait partie des 21 structures d'accueil du Grand Chalon. La collectivité a engagé depuis 2016 une démarche qualité participative afin de créer une culture commune entre les différentes structures et de croiser les regards des agents, des familles, des élus et des partenaires sur le service rendu. Concernant la relation à l'enfant, l'engagement retenu est d'accompagner l'enfant en tant qu'individu en devenir. Cela passe notamment par les objectifs suivants : respecter le rythme de chaque enfant au sein de l'accueil collectif, donner une place à chaque enfant au sein du groupe et accompagner l'enfant dans l'expression de ses émotions. Cette démarche favorise également l'expérimentation d'organisation et de pratiques innovantes venant conforter ces objectifs, telles que celle proposée par l'EMA Ptits bouchons.
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