Sans surprise, les médias se sont emparés du « scandale » des crèches privées lucratives dénoncé par deux ouvrages parus cette semaine : Le prix du berceau, ce que la privatisation fait aux enfants (Ed. Seuil) de Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse et Babyzness, crèches privées : l'enquête inédite (Ed. Robert Laffont) de Bérangère Lepetit et Elsa Marnette (lire à ce titre notre actu : Les crèches privées au banc des accusés). Interviewée à ce sujet sur BFMTV-RMC, Aurore Bergé s’est montrée très ferme sur la question du contrôle et sur le fait que le secteur privé lucratif ne serait accompagné dans les revalorisations salariales qu’à condition qu’il se dote d’une convention collective digne de ce nom.
Les cas de maltraitances et le secteur privé lucratif
A la question de savoir si « le modèle (ndlr : privé lucratif) n’entraîne pas mécaniquement ces dérives (ndlr : maltraitances) » ? La ministre a indiqué : « la question n’est pas juste le modèle économique ». Et a rappelé que le rapport de l’IGAS est très clair à ce sujet : il peut y avoir des cas maltraitances, « quels que soient les modèles économiques des crèches, quels que soient les types gestionnaires et que la première des maltraitances, c’est la question de la pénurie de professionnelles. Et c’est ce que les professionnelles elles-mêmes nous disent. Elles ont peur de devenir maltraitantes parce qu’elles n’ont pas suffisamment de temps auprès de nos tout-petits, auprès de nos enfants et donc le premier enjeu qui est le mien, c’est comment on fait pour recruter des professionnelles qui soient qualifiées qui soient formées accompagnées et donc comment on fait pour les valoriser. Et les contrôles (…) ».
Des contrôles plus fréquents, sur place et inopinés
Concernant les contrôles, Aurore Bergé a indiqué qu’ils vont être « plus systématiques, directement dans les crèches, dans les établissements. » Des contrôles aussi « inopinés ». Elle a affirmé ensuite que le système d’alerte sera « beaucoup plus systématique pour que les parents puissent alerter, et les professionnels aussi. » Et également que la loi allait être modifiée : « On va changer la loi, si les parlementaires en décident, dès le mois de septembre (…) de manière à ce que l’on puisse envoyer toutes les inspections nécessaires directement au siège de ses grands groupes privés. (…) ». Son intention au final : établir une « culture du contrôle qui n’était pas la norme avant ».
Taux d’encadrement : aller vers le 1 adulte pour 5 enfants
Pour rappel, l’IGAS, dans son rapport sur les crèches, recommandait 1 pro présent dès le premier enfant et de tendre vers le 1 pour 5 enfants, quel que soit leur âge. C’est ce que souhaite la ministre. « Je veux que l’on passe à un taux d’encadrement de 1 pour 5. C’est ça notre objectif. (…) », a-t-elle déclaré. Et a précisé : « Les entreprises privées vont devoir s’adapter. Je suis consciente aussi que vous ne pourrez pas demander aux crèches privées dans les 48h de passer de 1 pour 6 à 1 pour 5. Mais ce que je dis aussi aux groupes privés, c’est que la première des mesures à prendre pour faire en sorte qu’il y ait un taux d’encadrement qui soit supérieur, qu’il y ait plus de professionnels, c’est que ces métiers doivent être plus attractifs. »
Crèches privées lucratives et revalorisation des salaires
Les groupes du secteur marchand sont prévenus ! Ils doivent revaloriser leur personnel et faire en sorte que leurs conventions collectives soient dignes de ce nom. « Au 1er janvier 2024, l’Etat, mon gouvernement met 200 000 millions d’euros sur la table, chaque année (…) pour revaloriser les personnels. Mais je ne mettrai pas et je ne donnerai pas un euro de cet argent aux groupes privés si dans le même temps ils n’ont pas de conventions collectives qui sont enfin au niveau vis-à-vis des personnels. Si dans le même temps, il n’y a pas des engagements très clairs sur la qualité d’accueil », a insisté Aurore Bergé.
Renationaliser le service de la petite enfance ?
La ministre y a réfléchi. Elle s’est demandé si « le modèle économique par lui-même définit ou pas la manière avec laquelle on travaille ». Sa conclusion : non ! « A la fin ce sont des professionnelles qui s’engagent (…) quel que soit le type de crèches. Et qui s’engagent avec la même dévotion, le même dévouement, avec la même vocation et qui n’ont qu’une envie, c’est de s’occuper de nos tout-petits enfants. Qu’elle le fasse encore une fois dans une crèche privée, dans une crèche publique, dans une crèche associative, on ne peut pas remettre en cause l’engagement qui est celui des professionnelles », a-t-elle indiqué. Et a continué : « Par contre, nous, (…) ce que l’on doit garantir, c’est la qualité d’accueil de nos enfants, leur épanouissement, leur sécurité affective quel que soit le mode de garde et c’est le bien-être au travail ce ces professionnelles, qui font un travail extraordinairement exigeant et difficile, quel que soit le mode de garde et quel que soit le modèle économique. » //php print $field_texte[0]["value"]; ?>
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