Gare à la chute sur les dents !
Un enfant qui tombe et se casse un morceau d'incisive, un accident dans le parc ou la cour de la crèche et un petit du groupe qui perd une dent... Quel(le) professionnel(le) de la petite enfance n'a pas été confronté(e) à ces « petits » bobos du quotidien ? Si l'on a parfois l'impression que les chutes sur les dents sont sans gravité car elles ne concernent pas, chez les enfants en bas âge, une dent définitive (une autre repoussera !), il est pourtant essentiel d'y accorder une grande attention. Et pour cause : une mauvaise chute et c'est parfois sa dentition future qui peut en pâtir. En effet, « chez les plus jeunes enfants, un choc peut mener à ce que l'on appelle une intrusion quand la dent de lait s'enfonce dans la gencive », explique le Dr. Charlotte Durand, orthodontiste, membre de la Fédération Française d'Orthodontie. « Un contact entre la racine de la dent de lait et le germe de la dent définitive déjà présent dans la mâchoire peut alors se produire et avoir des conséquences sur son évolution... Ainsi certaines dents définitives ne pousseront simplement pas (obligeant ainsi à une extraction de la dent de lait) ou ne sortiront pas dans leur axe, nécessitant à terme dans bien des cas des soins d'orthodontie, » précise-t-elle.
Sans compter les risques d'inflammation, d'infection, et les dents cassées qui doivent faire l'objet d'une prise en charge ciblée. « Quand la chute a occasionné une exposition de la pulpe de la dent, des soins chez le pédodontiste sont nécessaires. Si la dent de lait doit tomber dans le 6 mois qui suivent, elle sera extraite immédiatement. Si l'enfant doit encore attendre 2 ou 3 ans, elle sera réparée. Par contre, s'il n'y a pas de problème de sensibilité, on n'effectue pas de restauration à des fins esthétiques sur des dents de lait, » précise-t-elle. Un tout-petit qui se sera cassé une dent de manière superficielle gardera donc son sourire ébréché jusqu'à l'apparition de sa dent définitive !
Chute sur les dents : les pros de la petite enfance en première ligne
Souvent les premiers à intervenir après une chute sur les dents, les professionnels de la petite enfance doivent donc être particulièrement vigilants. La règle d'or : toute chute pouvant être à l'origine d'un traumatisme dentaire doit faire l'objet d'une consultation chez le dentiste ou le pédodontiste qui prescrit généralement une radio de contrôle (possible chez les tout-petits aussi) pour adapter la prise en charge. Aux professionnels donc de sensibiliser les parents à cette question mais aussi d'adapter leur comportement en fonction de la gravité de la chute.
- En cas de chute sans conséquence apparente sur les dents (pas de saignement, pas de dent qui bouge ou qui a été éjectée), un point avec les parents au moment des transmissions peut suffire à condition de rappeler les circonstances de la chute, les dents concernées et qu'une consultation dans la semaine est conseillée par les professionnels de la dentition.
- En cas de choc très important, si l'enfant s'est coupé la lèvre profondément et/ou saigne abondamment, une consultation aux urgences s'impose pour identifier des répercussions possibles en-dehors de la dentition, à l'instar d'une fracture des articulations de la mâchoire en cas de chute sur le menton.
- En cas de saignements légers ou si la dent est cassée et douloureuse, une consultation dentaire rapide est conseillée (dans la journée idéalement). À noter : les saignements dans la zone buccale peuvent être très abondants et leur source difficile à repérer. Il est donc toujours conseillé aux professionnels de nettoyer la plaie au sérum physiologique pour en identifier la provenance.
- Si la dent est expulsée, il n'y a malheureusement pas grand-chose à faire chez les tout-petits... « à part la garder pour la petite souris, » explique Charlotte Durand, tout en précisant que la visite de contrôle chez le pédodontiste reste nécessaire. En effet, « on ne préconise pas la remise en place des dents de lait, les risques d'infection étant plus importants que les bénéfices de l'intervention ». Par contre, si l'enfant a déjà des dents définitives (cas d'un grand accueilli chez une assistante maternelle en périscolaire, par exemple), « le réflexe de placer la dent tombée dans du lait ou du sérum physiologique permettra au dentiste de la remettre en place »... à condition que la consultation soit extrêmement rapide (dans l'heure). D'où l'importance, pour les professionnel(le)s de prévenir immédiatement les parents et d'avoir, dans leurs numéros d'urgences, les coordonnées d'un dentiste spécialisé dans la petite enfance .
Chute sur les dents : et après ?
Même si la chute a bien été prise en charge, ses suites se répercutent parfois pendant quelques jours, voire quelques mois, sur le quotidien de l'accueil et ceci à plusieurs titres. D'abord, il n'est pas rare que les professionnel(le)s soient amené(e)s à donner à l'enfant un traitement antalgique prescrit par le dentiste en cas de douleurs dans les suites immédiates de la chute. Ensuite, et c'est là le plus important, une vigilance accrue des parents comme des professionnel(le)s est indispensable dans les jours suivant l'accident. L'objectif : repérer d'éventuels signes d'infection. « Si la couleur de la dent change, qu'elle est plus grise que ses voisines, qu'on repère un gonflement au-dessus de la dent (comme un bouton sur la gencive), que la douleur persiste ou que la dent bouge, une consultation rapide du dentiste s'impose, » conclut l'orthodontiste. Enfin, en cas de traumatisme dentaire avéré, un suivi régulier chez le praticien peut être mis en place pendant plusieurs mois avec les déplacements et les horaires bouleversés qu'il impose.
(1) Source : Fédération Française d'Orthodontie, prise en charge des chutes sur la face, mai 2009
Il a les dents en avant : attention !
Les enfants ayant les dents très en avant sont plus exposés au risque de traumatisme dentaire suite à une chute. C'est pourquoi il est conseillé aux parents remarquant que la dentition de leur enfant évolue dans ce sens, de consulter un orthodontiste à titre préventif. Les parents des petits accueillis vous font part de leurs interrogations ? Encouragez-les à consulter... dès 6 ans, quand les premières dents définitives apparaissent.
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