Allergie aux protéines de lait de vache et intolérance au lactose : quelles différences ?
L’allergie, de manière générale, est une réaction du système immunitaire qui fait intervenir des anticorps ou des cellules immunitaires. Le corps se défend, à tort. Il « pense » que les protéines de lait de vache par exemple sont des intrus à éliminer.
L’intolérance quant à elle, n’est pas immunitaire. Elle est plutôt la conséquence d’un déficit d’enzymes, qui ne sont plus produites par les cellules de l’intestin pour aider à la digestion d’un aliment. Le lactose, qui est un sucre contenu dans le lait, doit être découpé par une enzyme appelée la lactase, pour être digéré et assimilé. Or, le corps n’en fabrique plus assez. Résultat : le lactose n’est pas digéré, et la personne présente des douleurs, des ballonnements et des gaz. Elle devient donc intolérante au lactose.
La sensibilisation aux protéines de lait de vache peut commencer très tôt, même in utero, et l’allergie concerne surtout les nourrissons et l’enfant. Elle est transitoire, et se guérit très bien. « Vers 2 ans, 80% de ces allergies au lait ont guéri. À 10 ans, 99 % ont disparu. Il en reste environ 1 % qui va persister jusqu’à l’âge adulte », détaille le docteur Habib Chabane, allergologue. « L’allergie survient pendant la première année de la vie, année pendant laquelle le système immunitaire est encore assez « souple » pour mettre en place un système de tolérance », explique le docteur. Une fois sensibilisé, un enfant peut donc redevenir tolérant. Il y a toute une phase d’éviction puis de réintroduction à faible dose.
L’intolérance au lactose quant à elle ne peut se déclarer qu’à partir de 4-5 ans. Vous avez donc peu de chance d’avoir un enfant intolérant étant donné l’âge des petits gardés en crèche ou chez l’assistante maternelle. L’intolérance ne « guérit » pas spontanément comme l’allergie aux protéines de lait de vache. A faible dose, ou fractionné dans la journée, certaines personnes peuvent cependant tolérer un peu de lait (de lactose), mais quoiqu’il en soit leur corps ne produit plus assez de lactase pour digérer une portion normale de lait.
Allergie aux protéines de lait de vache : réaction immédiate et retardée
Le lait contient plusieurs protéines qui sont les allergènes. « En général, les enfants vont se sensibiliser à 2 ou 3 protéines », détaille Habib Chabane. C’est la raison pour laquelle on parle d’allergie aux protéines de lait de vache et non pas à LA protéine de lait vache. Quand un bébé boit un biberon, il peut présenter des réactions de type urticaire, gonflements (angio-oedèmes), ou avoir du mal à respirer r apidement. « Nous sommes dans le cas d’une allergie à manifestation immédiate car c’est dans les minutes qui suivent l’introduction de lait que se manifestent les symptômes », explique le docteur. C’est ce que l’on appelle dans le jargon médical, une allergie IgE-dépendante.
Il existe un autre type de mécanisme : la réaction retardée, dite non IgE. Concrètement ? Un enfant boit du lait et a des manifestations digestives plusieurs heures après. Il peut vomir, avoir des plaques d’eczéma qui apparaissent, avoir une diarrhée ou être constipé. C’est l’allergie la plus difficile à reconnaître car elle survient plusieurs heures après l’ingestion de lait.
Allergies aux protéines de lait de vache chez le nourrisson : les symptômes qui peuvent vous alerter
Divers symptômes peuvent survenir en cas d’allergie aux protéines de lait de vache :
• La régurgitation : le nourrisson régurgite beaucoup, c’est à dire plus de 6 fois par jour.Attention : même s’il est nourri au sein, il peut être allergique aux protéines de lait de vache car la maman en consomme et ces dernières passent dans son lait.
• Les vomissements : l’enfant vomit entre 1h et 4h après avoir pris un laitage.
• L’absence de prise de poids (stagnation pondérale) : un petit qui ne prend plus de poids est un symptôme qui doit vous alerter. On parle alors de cassure de la courbe pondérale.
• Du sang dans la couche : « c’est rare », précise le docteur, mais parfois une allergie aux protéines de lait de vache peut donner lieu à ce que l’on appelle une proctocolite hémorragique.
• La diarrhée : l’enfant n’a pas de fièvre, pas de virus mais a une diarrhée.
• La constipation chronique : le bébé a 1 selle tous les 3 ou 4 jours. Cela peut vous alerter quant à une allergie de type retardé. « Parfois, tous les tests sont négatifs. On retire le lait de l’alimentation, et l’enfant n’est plus constipé », explique Habib Chabane. On proscrit alors tous les laitages.
• L’eczéma : il s’agit d’un eczéma étendu, qui dure malgré les crèmes et la consultation d’un dermatologue. « Il ne faut pas dire : ça va guérir tout seul, précise l’allergologue, il faut chercher une allergie aux protéines de lait de vache ».
Si un enfant que vous accueillez présente certains de ces symptômes, conseillez aux parents de prendre rendez-vous chez le pédiatre. Celui-ci fera un test sanguin et dirigera l’enfant vers un allergologue. Il pourra ainsi guider les mesures d’éviction et de réintroduction des laitages.
Et dans le corps, que se passe-t-il ?
Qu’est-ce qui se joue exactement dans le corps lorsque l’on est allergique ou intolérant ?
On ne nait pas allergique. Il faut un premier contact dit de sensibilisation pour le devenir. Au fur et à mesure des contacts, l’organisme va fabriquer des anticorps de l’allergie. C’est « une mauvaise orientation » du système immunitaire. Il se trompe et considère d’un seul coup les protéines de lait de vache comme des substances dangereuses pour l’organisme. Il met alors en place des réactions violentes : c’est l’allergie.
L’enfant sensibilisé qui boit du lait considère désormais ces protéines comme des intrus et fabrique des anticorps appelés IgE pour les éliminer. Dans l’organisme, il y a des cellules qui agissent un peu comme des vigiles qui surveillent tout ce qu’il se passe. Les IgE viennent se fixer sur ces cellules-vigiles et dès qu’ils entrent en contact avec les protéines de lait de vache, c’est l’explosion qui déclenche l’inflammation allergique. Pour mieux comprendre, imaginez la chose suivante : les cellules sont des comme barils de poudre, les anticorps sont la mèche fixée sur ces barils, et les protéines de lait de vache sont l’étincelle qui va venir tout allumer. Résultat : quand ils se rencontrent, les barils de poudre explosent ! Et c’est la réaction allergique caractérisée par les signes d’inflammation (urticaire, gonflements, difficulté à respirer, etc.).
Chez les intolérants, il se passe tout autre chose : la lactase, l’enzyme chargée de découper le lactose, est programmée pour être fabriquée toute la vie ou pour s’arrêter. C’est comme ça et c’est différent selon chaque personne.
Des cellules contenues dans l’intestin fabriquent la lactase. Si elles n’en fabriquent plus, on devient sensible. Le sucre (lactose) s’accumule dans l’intestin et n’est pas « digéré ». Les bactéries contenues dans le colon vont alors « manger » le lactose mais leur métabolisme va produire des gaz qui font mal au ventre. C’est leur fermentation qui provoque ces maux de ventre et les ballonnements.
Le lactose est un sucre qui retient l’eau. Il peut alors aussi stagner dans l’intestin et retenir l’eau des selles au point de donner une diarrhée.
Deux affections à ne pas confondre
Allergie aux protéines de lait de vache et intolérance au lactose sont donc deux affections bien distinctes. La première concerne plutôt les nourrissons et les petits enfants, la seconde affecte davantag e les enfants plus grands et les adultes.Restez attentifs aux différents symptômes liés à l’allergie aux protéines de lait de vache car vous pourriez être d’une grande aide pour les parents qui cherchent à comprendre ce qui affecte leur enfant.
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