Allaitement et alimentation des tout-petits : les résultats encourageants de l’étude Epifane

Santé Publique France vient de publier les résultats de la seconde édition de l’étude Epifane menée en 2021, sur l’alimentation des tout-petits et son évolution ces dix dernières années. Les voyants sont au vert : l’allaitement progresse à la maternité, sa durée tend à s’allonger et 9 enfants sur 10 débutent la diversification alimentaire dans les temps ! La France a cependant encore quelques progrès à faire… 

Après une première étude menée en 2012, Santé Publique France publie les résultats de la deuxième étude Epifane menée en 2021, afin d’évaluer l’alimentation et l’état nutritionnel des nourrissons et jeunes enfants pendant leur première année de vie et son évolution depuis 10 ans. Ces données - plutôt rares en France comme dans les autres pays européens - contribueront à l’élaboration politiques de santé publique adaptées pour promouvoir l’allaitement et formuler de justes recommandations pour l’alimentation des jeunes enfants. 

77% des bébés ont été allaités à la maternité
Et les résultats sont « encourageants », souligne le communiqué de Santé Publique France. Certains objectifs, fixés par le 4e PNNS 2019-2023, ont même été atteints : en 2021, 77% des enfants ont été allaités à la maternité (vs.74% en 2012), et la durée médiane de l’allaitement (exclusif et mixte) a progressé de 15 à 20 semaines, entre 2012 et 2021. Dans la majorité des cas, les jeunes mères arrêtent d’allaiter pour l’aspect pratique du biberon, pour faire participer davantage le père et pallier l’insuffisance ressentie (mais pas toujours objective) de la production de lait maternel. Elles avancent également des difficultés liées à la mise au sein, à l’organisation et au manque de temps pour allaiter.

La diversification alimentaire rentre dans le cadre 
L’étude montre également que les recommandations concernant le calendrier d’introduction des aliments pour la diversification alimentaire du tout petit sont de mieux en mieux comprises et suivies. « Ces recommandations ont néanmoins évolué entre les deux éditions d’Épifane, précise le rapport. D’une part, la fenêtre entre 4 et 6 mois a été réaffirmée comme étant le moment privilégié pour débuter la diversification alimentaire. D’autre part, la nécessité d’introduire dans cette période tous les aliments, y compris les aliments potentiellement allergisants, fait aujourd’hui consensus ». L’étude révèle qu’en 2021, pour 91% des enfants, la diversification débute bien entre 4 et 6 mois (vs. 80% en 2012). 4% des enfants commencent encore trop tôt (vs. 13% en 2012), et 5% trop tard.

Cependant, quelques aliments restent introduits plus tardivement que recommandé par une partie importante des mères interrogées, notamment les matières grasses, les légumes secs et les œufs. La proportion d’enfants ayant déjà commencé à en consommer avant 12 mois a cependant bien progressé de 2012 à 2021. (+15% pour les œufs, + 14% pour les matières grasses, +16% pour les légumes secs)

Lait de vache et produits sucrés : encore des progrès à faire 
S’il n’est toujours pas recommandé de consommer du lait de vache avant un an, certains enfants en consomment dès leur première année de vie. Cela reste cependant peu fréquent avant 6 mois (moins de 4% en 2021), mais tout de même 18% des enfants de moins de 12 mois, toujours en 2021. Là également, la préconisation d’opter pour un lait entier est peu suivie. Enfin, notons que 10% des enfants de 6 mois et trois quarts des enfants de 12 mois consomment déjà des produits sucrés (chocolat, confiseries, gâteaux, crèmes desserts) qu’il est recommandé d’introduire le plus tard possible et de limiter.

La France, à la traine, peut encore progresser 
Malgré une belle progression globale, la France reste encore en retrait derrière de nombreux pays européens, pour la plupart au-delà de 80% d’allaitement à la naissance. En cause, l’insuffisance de la durée du congé maternité, de la formation des professionnels de santé et des employeurs mais également le manque de valorisation de l’image de la femme qui allaite et une information contradictoire sur l’allaitement et l’alimentation du jeune enfant. 

Les résultats de cette enquête encouragent donc les pouvoirs publics à :
-    Accroitre la formation des professionnels de santé susceptibles d’apporter soutien et conseils aux familles, et informer et former les employeurs. 
-    Rendre toujours plus lisible et cohérente l’information auprès des parents en matière d’allaitement et d’alimentation du jeune enfant. 
-    Poursuivre les actions de soutien et d’accompagnement à l’allaitement, autant pour l’initiation de l’allaitement que pour sa poursuite. 

Afin de continuer à faire évoluer les pratiques et connaissances sur ces sujets, le Dr Caroline Semaille, Directrice générale de Santé Publique France confirme qu’une 3e édition d’Epifane est d’ores et déjà planifiée pour 2027. 

Lire le communiqué 

Consulter les résultats de l’étude Epifane 2021
Article rédigé par : Laurence Yème
Publié le 25 juillet 2024
Mis à jour le 25 juillet 2024